L'éducation des jeunes a été au cœur du récent Festival du court métrage de Nouakchott.
C'est par une projection du film "Tombouctou" d'Abderrahmane Sissako que s'est ouvert cet évènement. Cette œuvre dramatique primée décrit la vie sous l'occupation en 2012 de cette ville malienne par le groupe islamiste armé Ansar al-Din.
Quelque quarante-cinq films maghrébins étaient en compétition pour les prix décernés lors de ce festival mauritanien organisé par la Maison des cinéastes à Nouakchott.
Primé pour son film "Sled", le réalisateur marocain Yassin Idrissi est rentré chez lui avec les honneurs. "Désirs" du Tunisien Samir Harbawi, "I see you" du cinéaste libyen Moataz Ben Hamida et le film algérien "Options" se sont également distingués.
La caractéristique principale de l'édition de cette année de ce festival, du 23 au 27 octobre, a été l'attention portée à la jeunesse. Plus d'une centaine de jeunes Mauritaniens ont ainsi pu se former aux techniques de réalisation, d'écriture de scénario, de montage, de photographie et de jeu d'acteur.
L'objectif de cet évènement annuel est d'aider les jeunes à s'ouvrir à de nouvelles idées, selon le directeur du festival Mohamed Ould Idoumou.
"Nous sommes pleinement conscients de l'importance du fait d'ouvrir de nouvelles perspectives pour les jeunes, et de les impliquer dans toute œuvre culturelle susceptible d'aider à lutter contre l'extrémisme, ce qui fait partie intégrante de nos objectifs généraux", explique à Magharebia Salem Dondo, directeur de la Maison des cinéastes.
"L'importance du cinéma réside aussi dans sa capacité à attirer la jeunesse et à retenir son attention plutôt que de l'engager dans des domaines qui vont à l'encontre des intérêts des jeunes eux-mêmes", ajoute-t-il.
Pour Dondo, qui a produit, réalisé et joué dans plusieurs film internationaux, "le cinéma a longtemps constitué l'unique recours, porteur d'un message à valeur de guide et d'évaluation en direction des individus".
Cette année, le festival a été marqué par la première participation de la Libye. "C'est, parmi tant d'autres raisons, ce qui nous a incités à célébrer le cinéma libyen, afin de montrer que certains Libyens sont différents", relève Dondo.
La projection du film "I See You" du réalisateur libyen Moataz Ben Hamida a renforcé le capital de sympathie envers la communauté libyenne, qui est actuellement la proie de conflits civils et subit la domination des fondamentalistes religieux, indique-t-il.
D'autres films se sont également penchés sur la question de l'extrémisme.
"Un des nôtres" de Shafee Bab parle de l'angoisse vécue par certains jeunes Mauritaniens, en tant que produit de leur éducation sociale, et qui les conduit à adopter des idées extrémistes.
"J'ai décidé d'attirer l'attention sur cette question en filmant des scènes qui décrivent l'état psychologique dans lequel se trouvent certains jeunes, un état qui nous invite à la réflexion", précise le jeune cinéaste à Magharebia.
Quant au rôle de guide pour la jeunesse joué par le cinéma, il poursuit : "Le cinéma en tant que moyen d'expression est l'arme la plus puissante dont nous disposons pour lutter contre les maux de la société. Les peuples sans cinéma sont comme dépourvus d'une boussole capable de les guider vers des rôles constructifs et vers le développement."
Jemal Oumar à Nouakchott pour Magharebia
Source : Magharebia.com (Le 11 novembre 2014)