Vérité des prix : Cruel destin des populations

Les observateurs avertis ou non de la scène économique nationale font quelques constats : « il n’y a pas beaucoup d’argent et les prix, au lieu de baisser, montent inexorablement ». Quel paradoxe, quelles explications et quelles solutions ?

 

Il faut d’abord relativiser la portée réelle de ces affirmations, amplifiées par une certaine opinion qui s’est habituée pendant des décennies à la vie facile (l’argent détourné a aussi servi à entretenir des parasites sociaux, des intermédiaires et autres oisifs).

La situation que nous vivions pendant les années 2000 ne pouvait se perpétuer indéfiniment sans de nouvelles ressources et encore ! Le mode de fonctionnement de l’économie avait atteint ses limites. Faut-il d’ailleurs rappeler, qu’à la fin de l’année 2004, on pouvait déjà remarquer un « freinage » des dépenses publiques et un léger redressement de la valeur de la monnaie ? Une prise de conscience tardive mais qui ne pouvait se poursuivre quand on sait que la mauvaise gestion et ses « retombées » faisaient partie intégrante des équilibres sociaux et politiques du régime. En effet, c’est avec cela que les élites sont « tenues » en respect, et que le « partage » des gâteaux se fait à l’exclusion de toute opinion discordante (opposition politique). C’est à se demander si la faiblesse des salaires publics, n’entre pas dans cette « stratégie ». L’application des règles élémentaires de la compétition économique ne pouvait donc s’exercer que dans lesdites limites étroites. L’avènement de Ould Abdel Aziz 3 août a permis de lever certaines hypothèques : moins de « clients » à entretenir, peur des lendemains de plus en plus incertains et sans doute, plus de rigueur dans la disponibilité des crédits budgétaires et dans leur utilisation, ne serait-ce qu’à cause des langues qui se délient subitement et des inspections désormais généralisées.

Mais cela est-il suffisant ?

Certes les politiques budgétaires et monétaires restrictives, visiblement adoptées par les pouvoirs publics ces dernières années ont démontré que même sans ressources d’origine extérieure, il est possible de rétablir les équilibres fondamentaux de l’économie : les arriérés de paiement ont été généreusement réglés ; des hausses salariales substantielles ont été consenties et la valeur de la monnaie a été améliorée ou maintenue. C’est dire combien le gâchis était énorme !

Pourtant, le citoyen moyen ne semble pas très « reconnaissant » et pour cause : après de sporadiques et « artificielles » baisses de prix de certaines denrées de première nécessité, il a vu une flambée dont il ne s’explique pas les soubassements. Les fonctionnaires estiment, non sans raison, que l’inflation a tempéré les euphoriques augmentations de salaires. Les employés du secteur privé et les « débrouillards » voient leurs recettes diminuer (les mauvais gérants sont de bons clients) et leur pouvoir d’achat baisser. Quant aux « oisifs » et autres chômeurs, pour eux, rien n’a changé, au contraire : on avait besoin d’eux et ils deviennent moins utiles et… moins nuisibles !

Comme quoi, en politique, il ne suffit pas de bien faire, encore faut-il qu’on le sache ! Héritiers d’une tradition qui fait du silence une vertu, les décideurs publics ont essayé, à un moment, de communiquer (trop ?) mais le relais n’a pas été repris de manière simple, accessible au plus grand nombre et par des personnes compétentes, crédibles et douées d’éloquence.

Les pouvoirs publics ont fait beaucoup d’efforts pour maintenir le niveau des prix, voire opérer des baisses. D’ailleurs, comparés aux prix des pays voisins, ceux qui sont pratiqués chez nous sont parfois plus bas. Ce qui est davantage en cause, ce sont les salaires (trop faibles) et le sous emploi quasi généralisé pour diverses causes : De nombreux métiers, pour des raisons essentiellement socioculturelles, sont « boycottés » par la plupart de nos concitoyens dont la majorité vit de la sphère non directement productive de l’économie (commerce, spéculations, intermédiaires et autres services). Or, de telles activités sont connues pour être éminemment inflationnistes (chacun « prélève sa part » et alourdit, au passage, les charges et donc les prix).

Mais les méthodes utilisées pour combattre l’inflation ont davantage recherché le consensus, les voies « douces » alors que les solutions, si elles existent, sont à rechercher ailleurs.

Perspectives de solutions

Il faut d’abord se dire que, nonobstant les hausses des carburants et leurs répercussions, l’inflation, dans le contexte particulier de notre pays, est structurelle : elle est générée automatiquement par le mode de fonctionnement de notre économie. Pourquoi ? La réponse est simple : on n’applique pas les règles de la concurrence pour diverses raisons dont certaines sont historiques, d’autres liées à l’étroitesse du marché, à la faiblesse (complaisance, incompétence ou corruption ?) des administrations, à la concentration excessive des richesses et à la précarité de la société civile.

La neutralité réelle des administrations est essentielle, notamment des services financiers et commerciaux. Elle passe par un assainissement général et une transparence effective : publication des données, à l’instar des travaux de la Commission Centrale des marchés ; institution de voies de recours suivies de sanctions, le cas échéant ; démantèlement des réglementations protectrices d’intérêts privés ou inutiles ; simplification des procédures mais aussi et surtout paiement de vrais salaires à de vrais fonctionnaires !

Le démantèlement des monopoles et des oligopoles de fait, passe, en partie, par les mesures ci-dessus énumérées. Mais il existe des facteurs exogènes de hausse : fluctuations des marchés internationaux (carburant, riz, sucre). Toutefois, des administrations outillées doivent être capables de retracer avec précision l’évolution des structures des prix des principales denrées importées ou non et favoriser par les moyens légaux l’élargissement de la concurrence. Mieux, le recouvrement effectif des impôts et la réduction des charges budgétaires non essentielles, peuvent permettre, non pas de subventionner les prix mais de réduire la fiscalité sur les produits de première nécessité.

Certes, l’existence de frontières poreuses limite la portée réelle de telles mesures mais il reste possible de « compenser » avec des baisses sur d’autres denrées (eau, électricité par exemple) ou services (transport, logement) non « exportables » ou sur les salaires pour améliorer concrètement les conditions de vie de nos concitoyens.

A.H

 

Source : L'Autentic.info

 

 

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source : www.kassataya.com

 

 

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page