En haut de l’affiche lors de la 11e journée de Ligue 1, Abdoul Ba (RC Lens) et Yrondu Musavu-King (SM Caen) ont un point commun : le Mauritanien et le Gabonais sont tous deux fils d’opposants politiques dans leur pays respectifs.
La 11e journée de Ligue 1 a permis de mettre en évidence deux novices du championnat de France. Deux rocs défensifs aussi prometteurs que leur parcours est atypique. Yrondu Musavu-King avec Caen et Abdoul Ba avec le RC Lens, respectivement tombeurs de Lorient (2-1) et Toulouse (2-0), ont crevé l’écran. A tel point qu’ils forment la charnière centrale du onze type de la journée établie par certains médias spécialisés comme Maxifoot.fr ! Deux garçons qui possèdent une même particularité : ils sont fils d’opposants politiques dans leur pays respectif.
Dans ce duo, Abdoul Ba, fait presque figure de miraculé. Né en 1994 à Dakar au Sénégal, où sa famille était en exil, le colosse de 2 mètres et 96kg a failli ne jamais voir le jour. Opposant politique mauritanien, Mamadou Bocar Ba, son père, a été emprisonné et condamné à mort en 1989 avant de bénéficier d’une remise de peine alors qu’il était promis à l’exécution.
Une vingtaine d’années plus tard, avec un père désormais député et un fils titulaire en Ligue 1, la famille Ba prend une belle revanche sur le destin. Capitaine de toutes les catégories d’âges au RC Lens qu’il a rejoint à 14 ans après avoir grandi à Sarcelles, Abdoul a hérité du charisme de son père.
International mauritanien depuis septembre 2013, il a vu sa carrière s’accélérer en juin avec la signature de son premier contrat professionnel, puis un premier match avec l’équipe Une contre le PSG la semaine dernière et enfin une titularisation contre Toulouse, vendredi (2-0).
L’art du dégagement
Lancé dans le grand bain après une cascade de blessures dans l’effectif sang et or, le gaucher n’a pas déçu. Toujours bien placé, restant debout et doté d’un très bon sens de l’anticipation, il possède également une qualité de relance "magnifique" dixit son ancien sélectionneur Patrice Neveu qui voit en lui un "futur joueur de Premier League". Une corde de son arc qu’il a laissé de côté face aux Violets, privilégiant les dégagements. Dix-huit très exactement, soit le 3e meilleur total sur un match en Ligue 1 cette saison !
Avec le Mourabitoune en charnière centrale, Lens est sorti de la zone rouge ce week-end. En même temps que Caen avec le Gabonais Yrondu Musavu-King, impérial dans l’axe de la défense pour sa troisième titularisation consécutive. Né à Libreville, la Panthère de 22 ans possède également un père engagé en politique. Président du Parti Socialiste Gabonais (PSG) Augustin Musavu-King s’est présenté contre le défunt Omar Bongo lors de l’élection présidentielle de 2005, récoltant moins d’1% des voix. Il est encore aujourd’hui le chef de l’opposition.
"Une bonne éducation"
"C’est une référence qui m’incite à toujours donner le meilleur", explique Yrondu au sujet de son paternel. "Avoir le rôle qu’il a en Afrique, ce n’est pas évident pour lui et notre famille. Quand je suis revenu au pays pour jouer avec les U20 gabonais en 2010, il a fallu faire face aux critiques. Mais j’ai fait la part des choses : lui est politicien, moi footballeur".
En tant qu’hommes, Abdoul comme Yrondu ont beaucoup appris de l’exemple de leur paternel. "J’ai été élevé dans les valeurs de respect, travail et humilité", explique le Caennais. Coéquipier d’Abdoul Ba en équipe réserve la saison passée, Yohan Démont, 242 matches de Ligue 1 au compteur, ne dit pas autre chose au sujet du Mauritanien : "Il est respectueux et à l’écoute, il a une bonne éducation et envie d’apprendre." Des qualités qui ont un revers : "Il doit avoir plus de ruse, de vice, être plus méchant". Pas d’inquiétude, cela viendra au fil du temps, et des matches disputés !
Romain Lantheaume
Source : Afrik.Foot (Le 28 octobre 2014)
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