Sur les campus américains, au lit, il faut dire  » oui « 

Tu veux ou tu veux pas ? Les manœuvres d'approche risquent de se compliquer sur les campus américains. En vertu d'une loi entrée en vigueur le 28 septembre en Californie, les relations sexuelles dans les universités devront être précédées d'un consentement " explicite " sur le déroulement des opérations. Le texte, surnommé " Oui c'est oui ", vise à répondre à l'" épidémie " de viols sur les campus. Il a été salué comme une avancée historique par les associations féministes, même s'il ne concerne pour l'instant que la Californie.

 

Comment une législation peut-elle interférer dans les dortoirs étudiants ? Par le biais du financement. Le texte impose aux universités d'adhérer au critère – quelque peu redondant – de " consentement affirmatif " dans le traitement des plaintes pour agression sexuelle, sous peine de perdre les fonds publics dont elles bénéficient. Jusqu'à présent, elles se contentaient d'enregistrer les dénonciations et les classaient sans suite si elles constataient que les victimes connaissaient ou fréquentaient déjà leur " agresseur " – lequel avait beau jeu de protester qu'elles étaient consentantes puisqu'elles s'étaient trouvées dans un lit en son agréable compagnie.

La loi californienne renverse la charge de la preuve. Lorsqu'ils feront l'amour, les étudiants devront s'assurer qu'ils ont l'accord " affirmatif, conscient et volontaire " de leur partenaire. Le consentement devra être verbal, mais, à défaut, un " signe de tête " fera l'affaire. Si aucun mot n'est échangé, il ne faudra pas pour autant en déduire que l'affaire est dans le sac. " L'absence de protestation ou de résistance ne signifie pas consentement, poursuit la loi. Pas plus que le silence. "

Saisie d'une plainte, l'université devra donc reconnaître qu'une étudiante qui ne s'est pas débattue, ni n'a vociféré son opposition, a toute prétention à affirmer qu'elle a été agressée. " C'est formidable, a réagi Savannah Badalich, l'instigatrice d'une campagne de solidarité avec les victimes de viols à l'université de Californie – Los Angeles (UCLA). Cela va enseigner à toute une nouvelle génération que l'absence de non ne veut pas dire oui. "

Lutte contre les viols

Quelques voix ont souligné la difficulté de mise en œuvre de la loi. Celle-ci prévoit, par exemple, que le consentement est à durée variable et qu'il " peut être révoqué à tout moment " de l'acte sexuel. Et qu'il est sans valeur dans le cas où les partenaires sont " endormis, inconscients ou sous l'influence de drogues ou de médicaments "

Mais le phénomène des viols sur les campus a pris une telle ampleur que même la Maison Blanche s'en est saisie. Au printemps, la présidence a publié un dossier indiquant qu'une étudiante sur cinq est victime d'une agression sexuelle en quatre ans de scolarité. Les universités sont accusées d'essayer d'étouffer les protestations : 67 d'entre elles, parmi les plus prestigieuses, font l'objet de plaintes d'étudiantes qui continuent parfois à croiser leur agresseur dans les salles de cours.

Les fraternités (clubs) sont particulièrement en cause, symboles de la culture " macho " des campus. En 2010, à Yale, le bizutage de la fraternité Delta Kappa Epsilon avait un mot d'ordre des plus explicites : " Non, c'est pour oui. Oui, c'est pour anal "

 

Corine Lesnes (San Francisco, correspondante)

 

 

Source : Le Monde

 

 

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