MALADIES CARDIO-VASCULAIRES : La marmite mise en cause

Une nouvelle fois, un appel à une alimentation moins salée, moins sucrée, moins grasse et moins colorée a été lancé par la société sénégalaise de cardiologie mobilisée, hier, à l’occasion de la Journée mondiale du coeur sur le thème : «s’occuper du cœur dès l’enfance».

 

Moins de sel, moins de sucre, moins d’huile… Voilà les habitudes culinaires que doivent adopter les femmes sénégalaises pour aider à la lutte contre les maladies cardio-vasculaires. Pr Serigne Abdoul Bâ, président de la société sénégalaise de cardiologie, s’est saisi de la Journée mondiale du Coeur célébrée, hier au Sénégal, pour lancer un appel à l’endroit des femmes, considérées comme étant responsables du régime alimentaire dans les familles. Un appel pour que les mauvaises habitudes alimentaires ne soient plus listées parmi les facteurs de risque des maladies cardio-vasculaires et accidents vasculaires cérébraux. Chose qui ne sera possible que si les femmes limitent l'accès aux aliments non recommandés qui peuvent précipiter la survenance de ces maladies.

 

«Aujourd’hui, aucune femme sénégalaise n’ose faire la cuisine sans mettre les bouillons culinaires. Elles mettent du sel, en rajoutent du cube, du sucre, du colorant, et même du café. Auparavant, elles auront versé de l’huile à flot, et choisi les parties de la viande comportant le plus de graisse», constate pour le déplorer Pr Serigne Abdoul Bâ.  Le chef du service cardiologie de l’Hôpital Aristide Le Dantec (Hald) dénonce également la publicité mensongère de l’industrie agroalimentaire et du tabac qui, dit-il, sont malheureusement très puissantes. Pr Serigne Abdoul Bâ invite l’Etat à taxer au plus fort les produits alimentaires malsains. Il en appelle aussi à la vigilance des pouvoirs publics afin de veiller à ce que la législation puisse protéger davantage les consommateurs sénégalais. Même si, s’empresse-t-il d’ajouter, «au-delà, il faut un engagement individuel».  

Le diabète, l’hypertension artérielle, la maladie rénale chronique… ont comme dénominateur commun : La mal bouffe. Des maladies qui sont citées, à côté du tabagisme, de la sédentarité, parmi les principaux facteurs de risque cardio-vasculaire. «Ce sont des maladies du mode de vie», avertit Dr Marie Kâ Cissé, chef de la Division des maladies non transmissibles (Mnt) à la Direction de la lutte contre la maladie du ministère de la Santé et de l’Action sociale. «Nous mangeons beaucoup de sel, beaucoup de sucre, beaucoup de graisse, parce que nous avons laissé l’industrie agroalimentaire pervertir nos goûts.». Le goût n’étant pas inné, elle conseille aux parents d’habituer dès maintenant les enfants à manger sans trop de sel, de sucre, de gras.

Dans son adresse à la communauté internationale, Dr Sania Nishtar, présidente du Comité consultatif des Fondations pour la fédération mondiale du Cœur, soutient que «les enfants et les adolescents qui suivent des régimes alimentaires équilibrés et nutritifs, font régulièrement de l’exercice physique et résistent à la pression qui les incite à commencer à fumer, devraient devenir des adultes en pleine forme et en bonne santé».

Dr Marie Kâ Cissé qui s’offusque de «l’attitude des Sénégalais qui acceptent tout ce qu’on leur montre à la télévision contre les conseils préventifs des médecins», avertit que le ministère de la Santé ne peut pas être dans le bol de chaque citoyen. «On l’a dit et redit, il y a trop de sel dans les plats, malgré tout, il y en a qui vont jusqu’à prévoir du sel sur la table à manger»,se plaint-elle. Avant de renchérir : «Parce que l’huile végétale ne contient pas de cholestérol, nous sommes l’une des rares nations à ouvrir une bouteille d’huile et à le verser à fond dans la marmite sans mesurer. On s’en donne à cœur joie et après on rejette la faute au ministère de la Santé. Non», objecte-t-elle.    

Plus loin, Dr Marie Kâ Cissé insiste sur l’importance du sport dans la lutte contre la survenance de ces maladies dont le Sénégal projette de réduire la mortalité de 25 v% à l’horizon 2025. Elles représentent la première cause de décès au Sénégal, selon Pr Serigne Abdoul Bâ. «Sous ce rapport, ajoute-t-il, un effort dans l’urbanisation est attendu de l’Etat pour l’aménagement dans toutes les citées d’aires de jeux et de pratique du sport.»

 

 Abdoulaye SIDY

 

Source : Groupe Wal Fadjri (Sénégal)

 

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