Les Nations unies ont publié, mardi 9 septembre, une étude où sont livrées des recommandations novatrices concernant les politiques mondiales qui criminalisent l’usage et la vente des drogues.
La Commission globale des Nations unies sur la vente des drogues a rassemblé plusieurs personnalités dont des ex-présidents de pays d’Amérique latine comme le Mexique, la Colombie, le Chili et le Brésil, où le trafic de drogue s’est particulièrement développé. Le célèbre écrivain péruvien Mario Vargas Llosa fait également partie de cette commission.
Des mesures cruelles et inefficaces
L’une des constatations préliminaire du rapport est que, malgré la mise en œuvre de politiques anti-drogue, le chiffre des consommateurs augmente au fil des années, passant de 203 millions en 2008 à 243 millions en 2012. Le chiffre d’affaire du commerce de drogue dans le monde est, lui aussi, en hausse exponentielle. D’après des données de 2005, "la production aurait atteint une valeur de 13 milliards de dollars, le commerce de gros, 94 milliards, et la vente au détail, 322 milliards. La taille du marché mondial de gros des drogues dépasserait l’estimation équivalente pour les céréales, le vin, la bière, le café et le tabac combinés". En contrepartie, les Etats dépensent des milliards dans le cadre de lois anti-drogue, préférant les mesures ultra-sécuritaires à des stratégies moins répressives et plus fines. 33 pays appliquent la peine de mort pour punir la consommation ou la vente de drogue, exécutant 1000 personnes par année.
"Les mesures cruelles dérivant d’idéologies punitives doivent être remplacées par des politiques humaines et efficaces basées sur les preuves scientifiques, les principes de santé publique et les droits de l’homme", indique le rapport en ajoutant qu’il s’agit là de "la seule manière de réduire à la fois la mortalité, la morbidité et les souffrances liées à la drogue et la violence, ainsi que la criminalité, la corruption et les profits illicites favorisés par les politiques prohibitionnistes inopérantes."
Pour un marché réglementé
Les politiques qui criminalisent la drogue sont, selon le rapport, contre-productives parce que, entre autres, elles remplissent largement les prisons de mineurs non violents. Une réforme mondiale des politiques en matière de drogues doit s'opérer en se basant sur la réglementation du marché.
Un marché réglementé par l’Etat peut "atténuer les dommages sociaux et sanitaires causés par les drogues et ôter du pouvoir au crime organisé. »
Le rapport souligne que les marchés légaux des drogues peuvent donner les meilleurs résultats sociaux et sanitaires, parmi tous les modèles de politiques disponibles. Les modèles les plus pertinents de réglementation des stupéfiants sont la prescription médicale, le pharmacien spécialiste et la vente au détail avec licence. En suivant ces recommandations, l’Etat pourra, prendre réellement le contrôle sur les cartels et les gros trafiquants, tout en adoptant des politiques sociales et sanitaires sensées.
En 2016 une session extraordinaire de l’Assemblée générale des Nations unies se penchera sur le problème. Les États seront invités à réfléchir et à débattre sur les constats et les recommandations de cette étude.
(Crédit : AFP)
Source : HuffPost Maghreb
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