Marina Silva, l’« autre » femme qui pourrait devenir Présidente du Brésil

Et si au Brésil, une femme succédait à une autre femme à la présidence de la République ?

Elle s’appelle Marina Silva, écologiste et socialiste, la seule personnalité de couleur à se trouver en situation éligible lors du scrutin présidentiel d’octobre dans ce géant d’Amérique du Sud, face à la Présidente sortante, Dilma Rousseff.

A 56 ans, Marina Silva se trouve propulsée au premier plan par une tragédie : l’accident d’avion qui a coûté la vie la semaine dernière à Eduardo Campos, le candidat du Parti socialiste brésilien (PSB). La disparition de cet homme de 49 ans, appartenant à une grande famille politique brésilienne, a suscité un choc profond, bien que les sondages faisaient de lui un outsider face à la Présidente

Marina Silva faisait un « ticket » avec lui, et devient de facto la candidate du PSB. Un paradoxe puisque Marina Silva n’appartient pas formellement au PSB, et ne s’est ralliée que récemment à Eduardo Campos, après avoir vainement tenté de fonder son propre parti.

Alphabétisée à 16 ans

Cette fille de paysans pauvres, qui n’a été alphabétisée qu’à l’âge de 16 ans, a un parcours accidenté.

Ancienne ministre de l’Environnement de l’époque Lula, entre 2003 et 2008, elle a démissionné du gouvernement et du Parti du travail, s’estimant isolée dans ses grands combats, notamment pour sauver la forêt amazonienne. Elle a ensuite été la candidate écologiste lors du scrutin de 2010, terminant troisième avec plus de 19% des voix, un vrai succès vu les faibles moyens du parti, qui avait contraint Dilma Roussef à un deuxième tour.

Depuis, Marina Silva a lancé un Réseau de la durabilité, un courant écologiste qu’elle espérait transformer en véritable parti. Faute d’avoir réuni les conditions nécessaires, elle a dû y renoncer, et s’est ralliée à la candidature d’Eduardo Campos, qu’elle jugeait le plus proche de sa sensibilité.

Elle pourrait représenter un plus grand danger pour la Présidente sortante, Dilma Rousseff, que Eduardo Campos, en raison de son capital de sympathie personnel, doublé d’une appartenance à une église évangéliste, un facteur non négligeable au Brésil. Ce dernier point suscite d’ailleurs des réserves au sein même du PSB, mal à l’aise avec certains aspects liés à son engagement religieux, notamment sur la question de l’IVG.

Un troisième candidat, Aécio Neves, sera sur les rangs, au nom du Parti social-démocrate brésilien, une formation de centre-droit.

L’effet Coupe du monde

Dilma Rousseff affronte cette réélection affaiblie par les grandes manifestations de protestation qui ont secoué le pays avant l’ouverture du Mondial de football.

Ces protestations contre les dépenses somptuaires de la coupe du monde et les diktats de la Fifa se sont certes calmées lorsque la compétition a commencé – -avec la tragique conclusion que l’on sait pour l’équipe du Brésil –, mais elles ont laissé des traces difficiles à quantifier.

Dans la revue brésilienne Epoca, citée par Courrier international, le directeur d’un institut de sondage brésilien déclare, après l’accident d’avion :

« Si elle assume la candidature à la présidence pour le PSB, Marina Silva n’aura besoin que de dix jours pour dépasser les intentions de vote d’Eduardo Campos. »

La campagne électorale débute ce mardi au Brésil. Elle promet donc d’être rude.

Pierre HASKI

Source: Rue89

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