L’ancien président du Comité militaire pour la justice et la démocratie (CMJD), Ely Ould Mohamed Vall, qui aurait utilisé la transition démocratique de 2007 en Mauritanie selon ses détracteurs, pour se parer d’une aura internationale, semble de plus en plus s’acharner contre l’actuel président de la République, et plus est, son cousin germain, Mohamed Ould Abdel Aziz.
Ely Ould Mohamed Vall connu pourtant pour son caractère taciturne, son goût du silence et du secret (il n’a jamais proféré le moindre mot ni publié une phrase en une vingtaine d’années comme chef de la police) se révèle aujourd’hui aussi volubile qu’un Ara du Brésil, pour ceux qui le connaissent. L’ascension fulgurante de celui qui fut son protégé, semble le sortir de ses gongs, lui qui est connu pour sa réserve maladive, attestent les policiers qui l’ont longtemps côtoyé.
Ely Ould Mohamed Vall avait pourtant longuement gardé le silence après le coup d’état de 2008 sur Sidi Ould Cheikh Abdallahi. Il était resté aussi silencieux tout au long de la crise politique qui avait émaillé l’année 2009 jusqu’à la présidentielle, celle qui avait permis à Mohamed Ould Abdel Aziz de blanchir son renversement anticonstitutionnel. Pendant que le pays vivait ses tensions politiques, celui qui s’était forgé une aura internationale, grâce au geste symbolique d’une transmission du pouvoir à un président élu, jouissait des retombées de sa nouvelle dimension d’homme d’état, volant d’une conférence internationale sur la « démocratie » à une invitation mondaine aux quatre coins du monde, là où son avis sur la « transition démocratique » ou sur « l’alternance pacifique au pouvoir » valait son pesant d’or.
Ely Ould Mohamed Vall connu pour ne pas être trop bavard, ne sera jamais ainsi un grand tribun. Ses discours, ses harangues, tout au long de ses dix-neuf mois de règne à la tête de l’Etat ne furent pas des modèles du genre. Aussi, sa première tentative de revenir sur la scène politique, en 2012, fut un véritable désastre, à l’image de la polémique que ses déclarations sur les évènements de 1989 avaient suscités. Depuis, Ely Ould Mohamed Vall a multiplié ses sorties pour critiquer celui qui fut son bras-droit dans le putsch de 2005, mais aussi son ombre et même son censeur, lorsqu’il tenta de faire la promotion du bulletin blanc, lors du référendum constitutionnel pour prolonger la transition.
Plus les années passent, plus l’inimitié d’Ely Ould Ahmed Vall à l’encontre de Mohamed Ould Abdel Aziz augmente, sans que le commun des mortels ne puisse en déceler les raisons profondes, mais que les deux hommes semblent seuls connaître.
A ceux qui se demandent comment deux cousins proches, qui ont vécu ensemble pendant de très longues années, peuvent-ils en arriver à une telle haine viscérale. Certains trouvent qu’Ely, qui s’était engagé avec l’ensemble des membres du CMJD à ne plus s’immiscer dans le jeu politique, considère qu’Aziz a trahi sa parole d’officier et qu’il a asséné à ses frères d’armes un coup au dos, à commencer par lui son aîné, en prenant d’abord Sidi Ould Cheikh Abdallahi en otage avant de le déposer.
C’est pourquoi, dans sa sortie virulente d’hier, il qualifie Mohamed Ould Abdel Aziz de « putschiste rebelle qui a pris en otage tout un pays ». Cette attaque personnelle qui vient couronner un constat catastrophique sur la situation du pays, intervient paradoxalement au moment où plusieurs hauts responsables de pays étrangers et d’organisations internationales se trouvent déjà à Nouakchott pour préparer l’arrivée incessantes des chefs d’Etat et de gouvernement, mais aussi des hauts responsables attendus pour assister dans quelques jours à l’investiture du président Mohamed Ould Abdel Aziz.
« Pour le moment, Ould Abdel Aziz fait semblant d’ignorer les provocations répétitives d’Ely Ould Mohamed Vall », confie un cadre proche de l’UPR. Pourtant, au début de son immixtion dans le jeu politique national en 2012, après des années de réserve, observe-t-il en substance, Ely Ould Mohamed Vall avait suscité l’ire de Mohamed Ould Abdel Aziz. Et de rappeler le fameux meeting de Nouadhibou en 2012, celui durant lequel l’idée du renouvellement de la classe politique fut pour la première fois évoqué. Selon lui, Aziz avait en effet évoqué les milliards d’UM détournés lors de la transition de 2007. Les relations s’envenimeront davantage lorsque des rumeurs sur une éventuelle arrestation d’Ely Ould Mohamed Vall commencèrent à circuler.
Entre Ely et Aziz, personne ne sait en définitive combien de fois la tribu s’est réuni pour aplanir le différend qui les oppose. Sans succès. La rivalité entre les deux hommes autour du pouvoir et de ses prestiges semble avoir gommé les liens de sang et transcendé leur appartenance sociale. En définitive, le clash Ely-Aziz pouvait à la limite relever de la querelle personnelle n’eût été l’envergure politique des deux hommes.
JOB
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