Situé entre le carrefour « Nancy » et les Abattoirs de Kebbe Marbatt, le quartier périphérique de Leghreigue est parmi ces quartiers de Nouakchott où les populations vivent sous le rouleau compresseur de la précarité. Des familles abandonnées à leur triste sort qui se battent tant bien que mal pour terrasser cette misère qui les suit quotidiennement. Une nouvelle bombe sociale en gestation. Leghreigue dévoile le vrai visage de Nouakchott voire la Mauritanie. Reportage.
Il 17 heures précises. Sahara media fait une descente dans le bidonville perdu de Leghreigue. Une vaste étendue de bidonville. Des enfants courent entre les innombrables baraques aux toitures de tôle, marchent sur des amas de détritus souvent avec des torses et pieds nus et pataugent dans les eaux boueuses stagnantes de la pluie récente à Nouakchott. Précarité, forte densité, pauvreté, insalubrité illustrent Legrheïgue. Des ânes et des charretiers devant des concessions où trônent des baraques carabinées qui couinent au moindre souffle du vent. Loin des dizaines de villas luxueuses, des berlines et 4×4 rutilants du quartier chic de Tevragh Zeina. Laissés-pour-compte, ces oubliés des politiques de développement que chaque régime emplit de fausses espérances, sont une véritable bombe sociale en veilleuse, que la moindre étincelle peut faire exploser. Un peu plus loin, des fils électriques trainent sur le sol dans les rues et ruelles entre les baraques en bois éparses. Un danger qui guette ces habitants pendant la période de l’hivernage. Des centaines de familles tannées par la précarité, vivant souvent à dix, avec moins de 1000 UM par jour. Les habitants qui y vivent, balancent de jour en jour entre précarité extrême, misères et petites joies qu’ils arrachent à la débrouillardise. La précarité s’allie à la débrouillardise. Il faudra se débrouiller pour arracher la pitance du jour. Pour avoir l’électricité, les maisons doivent faire un branchement en contrepartie de verser 2000um mensuellement. Les barils d’eau des charretiers se vendent à 200 voire 500um.
Devant l’alignement des baraques, un petit lot de terrain qui abrite une baraque en éparse entouré par une grille attire l’attention de l’équipe de Sahara media. A l’intérieur de la concession, des enfants jouent à coté des détritus, des assiettes par des terres couvertes de mouches et de sables. Allaitant son bébé de deux mois, Maïmouna Samba Sow est entourée par ces enfants. Tandis Djibril Sada, père de famille, égrène tranquillement son chapelet en direction de la Mecque. Leur fille ainée âgée de 9ans, fait la vaisselle sous le bourdonnement d’une horde de mouches. « Je garde ce lot de terrain avec ma femme et mes enfants » informe le père de famille en boubou en haillons mesurant le degré de sa pauvreté. Djibril et Maïmouna ont neufs enfants qu’ils s’élèvent ensemble depuis plusieurs années de mariage. Parmi leurs progénitures, seule la fille âgée de 7 ans étudie à l’école. Les autres ne peuvent pas faute de papiers. « Il ya qu’une de mes filles qui part à l’école. Les autres ne peuvent pas y aller parce qu’ils n’ont pas de papiers. J’ai des papiers mais ce n’est pas le cas de leur mère. Du coup ils ne peuvent pas étudient, ni aller se recenser »regrette le père de famille aveugle.
Pour nourrir leurs enfants, Djibril et Maïmouna sont obligés de mendier chacun de leur coté pour trouver de quoi mettre sous le nez sans l’aide de quiconque. « Chaque matin je pars mendier en ville et mon épouse met les petits enfants dans un pousse-pousse pour faire la même chose devant les carrefours » dira Djibril.
La vie que mènent quotidiennement Djibril et Maïmouna est presque identique à tous ces habitants vivant dans ce quartier de Leghreïgue.
Peu avant l’appel du muezzin pour la rupture du jeûne en ce mois béni de ramadan, le quartier périphérique replonge dans le noir malgré l’électricité à faible intensité qui existe.
NCO
Source : Saharamedias.net
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