Megd’! Que mon week-end va être triste! Alors vraiment triste. Déjà que depuis deux semaines, j’ai été momentanément abandonné par mes potes musulmans pour des raisons de jeûne, c’est maintenant mon ventre qui me lâche. Il me faisait si mal que j’ai été obligé d’aller en consultation. Comme je m’y attendais, le toubib m’a dressé une très longue liste de médicaments à acheter avant d’ajouter des analyses médicales à faire.
Megd’! C’est à croire que dans ce foutu pays où tout ou presque fonctionne à l’envers, la médecine ne fait pas exception. On vous prescrit un tas de médicaments à acheter avant même de savoir de quoi vous souffrez. Comme je n’ai pas d’argent à aller jeter par-dessus la caisse d’une pharmacie, j’ai choisi la solution la plus raisonnable. Je suis tranquillement allé prendre une Guigui renforcée avec deux boules de pastis pour calmer mes douleurs d’estomac, le temps de faire les analyses pour être mieux situé sur la source de mon mal. Mais quelle ne fut pas ma surprise!
Megd’! Le verdict du laboratoire a été on ne peut plus clair: j’abrite des vers dans mon ventre. Quel horreur! Rien que la lecture des résultats d’analyses m’a donné des vertiges et surtout l’envie de vomir tout ce que contient mon abdomen. Mais impossible! Ma préoccupation était de savoir où j’ai pu choper cette bande de vers intestinaux qui me pourrissent sérieusement la vie. Et puis, je n’ai pas mis longtemps à trouver la clé de l’énigme.
Megd’! Pas besoin de chercher midi à quatorze heures. C’est cet enfoiré de vendeur de brochettes du maquis qui m’a filé les vers. Il n’y a aucun doute là-dessus. Il y a une semaine, j’avais une faim de loup, et comme il n’y avait rien d’autre à côté, j’ai été contraint de me laisser tenter par son dégueulasse pain-brochette. Megd’! Le sandwich sentait si mauvais que j’aurais dû me douter de quelque chose.
C’est seulement lorsque j’ai parlé de ma maladie à un pote qu’il m’a appris que ce boucher-là ne sert que de la viande pourrie qu’il va dépecer et arranger lui-même dans l’obscurité du non-loti le plus proche. Même les charognards les plus costauds ne résistent pas aux déchets des animaux qu’ils laissent sur place. C’est alors que j’ai compris pourquoi les médecins vont continuer à enrichir les pharmacies qui poussent comme des champignons dans les rues de ce foutu pays arides de règles d’hygiène et de bonne bouffe.
Megd’alors!
Journal du Jeudi N°1190 du 10 au 16 juillet 2014
Source : Journal du Jeudi (Burkina Faso)
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