Le raz de marée attendu en faveur du président mauritanien s’est confirmé dans les urnes. Mohamed Ould Abdel Aziz a été réélu pour un second mandat dès le premier tour de la présidentielle avec près de 82% des voix. Le militant anti-esclavagiste Biram Dah Abeid termine en deuxième position avec 8,67%. Son porte-parole dénonce des fraudes massives.
Les résultats officiels provisoires ont été proclamés dimanche soir 22 juin par la Commission électorale nationale indépendante (Céni). Le principal enjeu de cette élection résidait dans le taux de participation. Il s’est élevé à 56,46%, a annoncé la Céni, soit pratiquement 10% de moins que lors de la première élection de Mohamed Ould Abdel Aziz en 2009 (64,58%), près d’une année après le putsch qui lui avait permis d’arriver au pouvoir.
«Ce résultat prouve que les Mauritaniens ont rejeté les appels au boycott et à la démission de l’Etat. Ils ont dit non à l’inconnu et nous ne pouvons que nous en réjouir», estime Nouredine Mohamedou, membre de la campagne nationale des jeunes pour la candidature de Mohamed Ould Abdel Aziz.
2019, l'objectif de Biram Abeid?
En deuxième position, le candidat anti-esclavagiste Biram Ould Dah Abeid a obtenu 8,67% des voix. Un résultat certainement moins bon qu’espéré par son camp. Au cours d’une conférence de presse dans l’après-midi du dimanche 22 juin à laquelle a pu assister un journaliste du Courrier du Sahara, son directeur de campagne, Balla Touré, a dénoncé des fraudes avec «des bourrages massifs d’urnes dans 863 bureaux de vote situés essentiellement dans l’est et le nord du pays». A ce stade, le staff du candidat Biram ne précise pas s’il va faire recours devant le Conseil Constitutionnel.
Malgré la grogne apparente, ce résultat offre à Biram Ould Dah Abeid une place de choix sur l’échiquier politique mauritanien. A la tête d’une ONG, l’IRA, non reconnue par l’Etat, tout comme le parti qu’il a tenté de créer peu avant l’élection, le militant anti-esclavagiste s’est offert une légitimité politique incontestable. Il se positionne comme un leader de l'opposition et, à ce tire, un sérieux prétendant pour la prochaine échéance présidentielle, dans cinq ans, au terme du second quinquennat de l’actuel président.
Les autres candidats loin derrière
L’ancien ministre des finances du président Maawya Ould Sid ‘Ahmed Taya, Boidiel Ould Houmeid, candidat du parti El-Wiam, une formation de l'opposition modérée, se classe troisième avec 4,50% des voix. Il est suivi de Ibrahima Moctar Sarr (4,44% des voix), de l’AJD-MR, qui se présentait pour la troisième fois à une élection présidentielle. Fondateur des Forces de libération africaines de Mauritanie (Flam), l’homme est connu pour son engagement sans relâche pour la défense des droits des Négro-Mauritaniens.
Seule femme parmi les cinq candidats, Lalla Mariem Mint Moulaye Idriss, était peu connue du grand public même si elle fut la directrice-adjointe de cabinet de l’ancien président Taya. Elle termine en dernière position avec 0,49% des voix.
Quel avenir pour les partisans du boycott?
La présidentielle a été surveillée par plusieurs centaines d’observateurs nationaux et étrangers, comprenant notamment une délégation de l’Union africaine et une autre de la Ligue arabe. Mais il n’y avait pas de mission officielle d’observation de l’Union européenne (UE), contrairement à la présidentielle de 2009. L’UE n’a pas donné d’explication. Dans une interview accordée à la presse mauritanienne, l’ambassadeur de France en Mauritanie a évoqué des contraintes de calendrier.
Dans un point presse dimanche après-midi, les observateurs de l’Union africaine ont salué un scrutin qui s’est «globalement tenu dans un climat de paix» malgré les tensions postélectorales liées au boycott observé par les partis de l’opposition membres du Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU).
Que vont faire désormais ces opposants aux objectifs parfois divergents? «L’avenir du FNDU est plus qu’incertain. Il n’y a pas d’enjeu à court terme, pas d’élections en vue. La plupart de ces partis sont absents du parlement et des conseils municipaux étant donné qu’ils ont aussi boycottés les municipales et législatives de décembre dernier. Que vont-ils faire maintenant? Des conférences, des meetings et des déclarations? Mais cela va servir à quoi?», s’interroge Khalilou Diagana, le rédacteur en chef du journal Le Quotidien de Nouakchott.
Source : Le Courrier du Sahara
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