Des dirigeants Africains et des économistes plaident pour un « marché commun » en Afrique

Jeudi 11 juin se tenait à Sciences Po Paris une conférence organisée par l’association des anciens élèves marocains de l’Institut d’Etudes Politiques sur le thème “Le Maroc, moteur possible de la convergence financière en Afrique?”. L’occasion d’aborder la question de l’ouverture des frontières en Afrique.

 

L’Afrique en plein essor économique

C’est en partant d’un constat positif que Said Brahimi, président du fond d’investissement Casablanca Finance City fait le bilan économique en Afrique: “il y a dix ans, le magazine The Economist titrait “Afrique : le continent sans espoir”, maintenant il parle “du continent qui monte”. Preuve, selon lui qu’en une décennie tout le continent a engendré une dynamique de croissance économique. Même constat pour Mo Ibrahim milliardaire philanthrope créateur d’un “indice de gouvernance africaine”: “Aujourd’hui il y a des pays d’Afrique où les conditions de vie sont meilleures qu’en Chine ou en Inde.”.

“Il y a des miracles économiques, des zones de croissance intéressantes, c’est prometteur” ajoute Jean-Thomas Lesueur, Délégué général à l’Institut Thomas More, citant l’exemple du Maroc, de la Tanzanie, mais aussi du Sénégal.

Malgré ce bilan économique positif et les perspectives encourageantes pour la décennie à venir, l’ensemble du continent Africain reste en dessous des pays en voie de développement.

Un manque de structures au niveau continental

Chacun des intervenants de la conférence l’a évoqué à sa manière, le principal frein de l’Afrique en ce qui concerne son développement économique est son manque de structures communes. “Le continent souffre de la fragmentation de ses marchés ce qui empêche son développement économique” explique Said Brahimi.

Natacha Valla, directrice adjointe du CEPII (principal centre de recherches en économie internationale en France), rappelle que la construction de l’Union Européenne a commencé par un échange de ressources économiques, la CECA (Communauté européenne du charbon et de l'acier). “il faut une coordination explicite, mais aussi des instances financières, pourquoi pas à l’image de ce que l’Europe a fait” martèle-t-elle. Mo Ibrahim lui, prend la Chine pour exemple “ Si chaque province chinoise avait des règles commerciales différentes, la Chine aurait le même retard que l’Afrique aujourd’hui!”.

M. Ibrahim va même jusqu’à proposer “Il ne faut pas seulement un marché commun, il faut laisser les africains circuler! Oui à la libre circulation des personnes”. Des propos largement applaudis par l’auditoire.

L’enthousiasme est là, certes, mais l’Afrique à un retard énorme à combler rappelle toutefois
Philippe Martin, Professeur du département économique de Sciences Po et médiateur de la conférence: “Rendez-vous compte: les coûts de transactions financières les plus élevés au monde sont entre les pays africains”.

Le Maroc peut-il être le moteur de la finance Africaine?

Le Maroc pourrait-être à bien des égards la solution pour plus d’intégration économique en Afrique. Le pays est d’abord tourné économiquement et financièrement vers son continent: 42% de ses exportations sont destinées à l’Afrique, surtout dans le domaine des banques et des assurances.

Jean Thomas Lesueur rappelle que le Maroc est aussi leader dans les domaines de l’éducation et la formation. "Il représente un pôle de stabilité à la fois économique et politique, offre un cadre juridique clair et stable: de quoi rassurer les investisseurs". Mieux encore, le pays est très ouvert à l’international: des échanges renforcés avec les Etats-Unis depuis la signature d’un traité de libre échange en 2006, mais aussi avec l’Europe depuis 2008. Bref “une place financière à vocation panafricaine” conclut Said Brahimi.

Le ministre de l’industrie du Royaume du Maroc, Moulay Hafid Elalamy conclut cette conférence: “je pense que le contient a besoin d’une multitude de moteurs pour décoller, le Maroc doit être l’un d’entre eux mais ne suffira pas”. Un appel à mobiliser conjointement toutes les énergies existantes en Afrique, pour que le continent trouve enfin son modèle de développement économique propre… Et commun.

 

 Chloé Baïze

 

Source :  HuffPost Maghreb (Le 18 juin 2014)

 

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