Mauritanie : le spectre des déportations plane sur la campagne de Ould Aziz à Kaédi

La question de la cohabitation n'a pas progressé depuis les prières de Kaédi initiées par le président mauritanien en 2008 pour demander pardon à la commuauté négro mauritanienne pour les crimes commis par l'Etat mauritanien sous le régime de Ould Taya durant la période 86 à 92. Six après ce geste Ould Aziz revient sur les terres du Gorgol cette fois-ci pour lancer sa campagne des présidentielles le 6 juin prochain.

 

Une continuité du chef de l'Etat qui relance ainsi un défi à ceux qui avaient concouru à son élection en juillet 2009. Aux yeux de la classe politique noire le choix de Kaédi est purement électoraliste et constitue un affront .Sa réélection au contraire creuserait la fracture ethnique en Mauritanie.

 

Tous les regards seront tournés le 6 juin prochain vers la capitale du Gorgol. A Kaédi le candidat de l'UPR pour le scrutin du 21 juin prochain lancera sa campagne dans un contexte trouble au niveau de la cohabitation.Le spectre d'un retour vers le passé. En effet Kaédi comme la plupart des capitales du Sud du pays ont été presque vidées de leurs populations lors des évènements de 89 entre le Sénégal et la Mauritanie.Depuis 2008 ce sont 24000 rapatriés du Sénégal qui sont installés dans des camps de fortune répartis dans leur fief d'origine. Ces ex-déportés continuent de vivre des conditions difficiles de réinsertion dans leur propre pays.Le tournant de cette souffrance la longue marche de Boghé à Nouakchott qui s'est soldée par une répression violente des forces de l'ordre.Finalement au lieu d'être reçus au palais de Nouakchott les représentants des marcheurs ont attendu la tournée du chef de l'Etat dans le Brakna pour exposer leurs revendications sur le mal logement,la scolarisation des enfants, la santé maternelle et infantile, l'expropriation de leurs terres et leurs droits à la nationalité mauritanienne.

Contexte difficile pour Ould Aziz qui sera accueilli par les populations dont la plupart les victimes du régime de Ould Taya ne souhaiteraient certainement pas lui offrir ce blanc-seing pour un second quinquennat. Il tentera de faire des yeux doux aux populations pour jouer la carte de la réconciliation nationale.Un positionnement vraisemblablement opportuniste chez cet ancien putschiste décrit par la presse comme un dur d'oreille.Rien n'a changé depuis 2008. La question de la cohabitation n'a pas progressé.Les prières de Kaédi initiées par le chef de l'Etat mauritanien pour demander pardon à la communauté négro mauritanienne pour les crimes commis par le régime de Ould Taya durant la période 86 à 92 restent des paroles en l'air.La journée nationale de la réconciliation nationale est considérée par les observateurs comme un prétexte pour ralentir le processus du règlement du passif humanitaire et mieux pour dédouaner les supposés responsables de ces évènements.Le choix de Kaédi est donc un dernier défi du candidat de l'UPR à sa propre succession à ceux qui avaient lancé sa carrière à la faveur de la présidentielle de 2009.Une campagne de l'UPR qui se traduira certainement par un festival de distribution de billets d'ouguiya pour acheter les consciences.Aux yeux de la classe politique négro mauritanienne l'étape de Kaédi est purement électoraliste voire un affront après tout ce qui s'est passé sans résultats.Un second quinquennat du locataire de la Maison brune creuserait la fracture ethnique en Mauritanie.

 

Bakala Kane

(Reçu à Kassataya le 04 juin 2014)

 

Les opinions exprimées dans la rubrique Tribune n'engagent que leurs auteurs. Elles ne reflètent en aucune manière la position de www.kassataya.com

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source : www.kassataya.com

 

 

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page