ALAKHBAR (Nouakchott) – 10 jours de marche, 310 kilomètres à parcourir entre la ville de Boghé (Sud) et la capitale Nouakchott, les ex-déportés mauritaniens veulent, cette fois-ci, faire entendre leur voix: "Nous avons énormément de difficultés ! ", gémit Ibrahima Ndiaye, parmi les coordinateurs de la marche de ces ex-déportés au Mali et au Sénégal suite aux événements de 1989.
Après une manifestation commémorant le 25ème anniversaire de la déportation interdite au Sénégal et une autre violemment réprimée en Mauritanie, les ex-déportés restent déterminés. "Nous voulons attirer l’attention de l’opinion internationale et sensibiliser la population mauritanienne sur notre situation très difficile", a expliqué Ndiaye qui est le président de l’Union Nationale des Rapatriés Mauritaniens (UNRM), initiatrice de la marche. Alakhbar l'a ’interviewé jeudi 1 avril au téléphone.
ALAKHBAR: Pourquoi les rapatriés marchent vers la capitale, Nouakchott ?
Ibrahima Ndiaye: Parce que nous ne sommes pas satisfaits de nos conditions de vie. Nous avons beaucoup de problèmes: des problèmes d’état civil, de logement, d’indemnisation, de réintégration, de reclassement, etc. Nous avons énormément de difficultés !
ALAKHBAR: N’aviez-vous pas d’autres méthodes de faire entendre votre voix ?
Ibrahima Ndiaye: Nous avons choisi la marche, parce que nous n’avons plus d’espoir à une solution pacifique aux problèmes des rapatriés. Beaucoup de correspondances ont été adressées à la Présidence de la République. Nous avons également saisi les départements concernés, comme l’état civil et les établissements chargés de notre réintégration et reclassement. Nos efforts ont été déployés en vain. Nous marchons alors vers la capitale pour attirer l’attention de l’opinion internationale et pour sensibiliser la population mauritanienne sur notre situation très difficile.
ALAKHBAR: Quand comptez-vous arriver à la capitale ?
Ibrahima Ndiaye: Nous sommes à 60 kilomètres de l’entrée de Nouakchott. Nous comptons y arriver le dimanche 4 mai à 10 heures, inchallah.
ALAKHBAR: Qu’allez-vous faire une fois arrivés à Nouakchott?
Ibrahima Ndiaye: Nous irons tout droit à l’hôtel Marhaba. Nous allons ensuite prendre la direction de la Banque Centrale (de Mauritanie- BCM) avant de se rassembler devant la Présidence de la République, notre point de chute.
ALAKHBAR: Quel a été le point de départ ?
Ibrahima Ndiaye: Nous avons quitté la ville de Boghé depuis vendredi 25 avril. Cette date correspond au 25ème anniversaire de la déportation de milliers de Noirs mauritaniens au Mali et au Sénégal. Nous sommes passés par le carrefour de la ville puis par le quartier Houdalaye pour faire une déclaration avant d’emprunter le chemin de Nouakchott.
ALAKHBAR: Combien de personnes participent à la marche ? Y a-t-il des femmes et des enfants parmi vous ?
Ibrahima Ndiaye: Nous comptons actuellement cent-quatre (104) marcheurs. Ils viennent des camps des rapatriés au niveau des cinq wilayas du Sud (Assaba, Brakna, Gorgol, Guidimaka et Trarza). Il n’y a pas d’enfants parmi nous. Mais nous sommes accompagnés d’une vingtaine de braves femmes !
ALAKHBAR: Qui vous ravitaille en nourriture ?
Ibrahima Ndiaye: Des gens de bonne volonté nous ravitaillent tout au long du parcours. Certains nous envoient de la ration depuis Nouakchott et d’autres à partir des sites des rapatriés. Il y a aussi les populations des villes et des villages sur le chemin qui nous apportent de l’aide.
ALAKHBAR: Y a-t-il des difficultés dues à la fatigue ou à la chaleur ?
Ibrahima Ndiaye: Il y a eu des difficultés au début. Le temps faisait chaud jusqu’à Boutilimit. Mais, nous n’avons plus de difficultés depuis la sortie de cette ville. Sauf qu’il y a un marcheur, Mamoudou Yoro Sall de Hamdallay, qui a été percuté par une voiture avant-hier. Il a été admis à l’hôpital de Boutilimit avant d’être évacué à Nouakchott. Sa blessure a été légère, heureusement ! Il est même sorti de l’hôpital et devra rejoindre la marche samedi prochain.
(Crédit photo : M.S.)
Source : Alakhbar.info
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