La longue marche des réfugiés du Sénégal qui se poursuit actuellement vers Nouakchott et le premier anniversaire du Manifeste des Hratins cette semaine dans la capitale mauritanienne défraient les chroniques.Ces deux principaux sujets sont à la une de la presse nationale et de la presse électronique et les réseaux sociaux. Il a fallu que les marcheurs secouent le cocotier pour que le message soit même relayé par la classe politique y compris l'UPR , le parti de la majorité qui a joué sa partition dans l'organisation de la marche historique pour les droits des Hratins.
Ces réactions positives suscitent de l'espoir pour un débat national sur la difficile cohabitation entre les différentes composantes de la population mauritanienne.
L'histoire de la cohabitation en Mauritanie est entrain de s'accèlérer depuis quelques semaines au point que les observateurs doivent l'écrire instantanément pour en saisir le sens et la portée. Deux évènements cette semaine à Nouakchott ont secoué la classe politique et pourraient modifié la donne.Il s'agit de la longue marche des réfugiés du Sénégal partis de Boghé et en route pour la capitale pour protester contre les dures conditions de vie dans les camps au Sud du pays depuis leur retour en 2008 et la marche pour les droits des Hratins qui a ressemblé des milliers de mauritaniens toute communauté confondue et qui ont convergé vers Nouakchott pour commémorer le premier Manifeste du 29 avril 83.
Le dénominateur commun ce sont tous des oubliés de la République. Cette difficile cohabitation entre les différentes communautés en Mauritanie est une menace pour la cohésion sociale et l'unité nationale. Il a fallu attendre que les marcheurs des deux bords secouent le cocotier pour que le message soit entendu et relayé par la classe politique.
Même l'UPR, le parti de la majorité a joué le jeu en sa faveur bien sûr dans l'organisation du premier anniversaire du Manifeste des Hratins.Les partis et mouvements politiques les plus actifs en première ligne les FLAM, l'AJDMR,l'UFP sont allés à la rencontre des réfugiés sur le terrain pour leur apporter leur soutien .Le président du MPR étant en déplacement à l'intérieur du pays et les autres comme l'APP ou le RFD se contentant d'un communiqué.
En tout cas ces réactions positives suscitent de l'espoir pour la réconciliation nationale longtemps un tabou dans un pays où les locataires successifs du palais de Nouakchott ont usé de la République islamique pour justifier leurs positions. Au final un pays divisé en noirs et blancs qui se regardent comme des chiens de faïence.Quelque chose est entrain de bouger non seulement dans les partis politiques et peut être moins dans les instances religieuses mais également dans la société civile.Tous décident d'unir leurs efforts pour relancer au moins le débat sur la réconciliation nationale que l'ancien fonctionnaire international Ould Abdallah appelle de ses voeux lors de son passage à Nouakchott cette semaine.
Cette effervescence politique est un premier pas pour que tout le monde se regarde devant le miroir. Les autorités politiques en particulier doivent s'armer de courage pour panser demain les plaies de plus de 200 000 négro mauritaniens déportés en 89 au Sénégal et au Mali dont plus de 20000 seulement sont rentrés et éradiquer définitivement l'esclavage la pauvreté et l'ignorance de plus d'un million de Hratins.La réconciliation nationale n'a pas de prix et elle est synonyme de vérité et de justice.Quelles que soient les réponses à apporter il s'agira de créer une république pour tous les mauritaniens.Un beau rêve pour une autre Mauritanie.Il va falloir se mettre en route pour y parvenir.
Bakala Kane
(Reçu à Kassataya le 1 mai 2014)
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