MEGD’ ALORS : Heureusement qu’il nous reste la Guigui!

Megd’! Tout le monde attend la fin de la période de chaleur pour retrouver le sourire. Plus rien ne va. Dans le maquis le plus proche de chez moi, la Guigui se rafraîchit un jour sur deux. Lorsque des enfoirés ont gagné des sous bêtes et passent avant moi, il ne reste plus qu’à se faire servir le breuvage à la température cageot.

 

Sans eau et sans jus, la vie ressemble à un purgatoire. Cela fait déjà trois mois que ça dure. C’est trop difficile à supporter. Surtout dans ce foutu pays où la vie ressemblait déjà à l’enfer sur terre. En tout cas, on n’y est pas trop loin.

Megd’! En cette période, les rats sont encore mieux que nous. Quand il fait trop chaud, ils peuvent au moins aller se réfugier dans un trou à la température bien conditionnée. Dans le clapier qui me sert de chambre, il faut être vraiment courageux pour y passer deux heures d’affilée. Je n’ose même pas vous révéler combien de degrés il fait là-dedans entre midi et 17 heures. Il y fait tellement chaud qu’on se croirait dans un four à porc. Megd’!

La nuit tombée, il faut fermer la porte et se trouver une place dans la cour pour espérer dormir quelques heures. Depuis plusieurs semaines, mes voisins et moi avons abandonné nos maisons pour vivre dehors, comme des clochards et des SDF dans notre cour. Enfin, dans la cour que nous louons avec notre propre argent. Mais cela n’empêche pas le bailleur de venir nous encaisser à chaque fin de mois. Que nous dormions à l’intérieur ou à l’extérieur, il s’en fout rondement. Tout ce qui l’intéresse, c’est qu’on paie jusqu’au dernier centime. Megd’!

Quand je regarde la megd dans laquelle je me trouve tout en payant pour rien, je me demande si finalement un rat n’est pas plus heureux que moi. Lui au moins, il ne paie pas de loyer et son trou est toujours réfrigéré. En plus, il n’a pas un enfoiré de bailleur sur le dos. Il ne paie ni de facture d’électricité qu’il n’a nullement consommée, encore moins celle de l’eau qui est aussi rare dans le robinet que le pipi d’un poulet.

 

(N°1179 du 24 au 30 avril 2014)

 

Source : Journal du Jeudi (Burkina Faso)

 

 

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