Messieurs les dialoguistes « un peu de sérieux à l’égard du peuple» !

Les négociateurs du dialogue intermauritanien du pouvoir et du forum ont livré à l’opinion publique ces dernières 48 heures leur sale note des pourparlers, se renvoyant mutuellement les responsabilités de l’échec des concertations et du blocage politique.

 

L’opinion qui n’était guère optimiste de l’arrivée des différents protagonistes à une issue salutaire à la crise politique qui sévit dans le pays depuis quelques jours, est restée quelques jours accrochée à un suspens de concertations qui l’a finalement laissée sur sa faim.

Après les accusations faites par le forum lundi passée sur le manque de sincérité du pouvoir dans les discussions, le gouvernement est revenu très tôt le lendemain à l’assaut pour battre le fer pendant qu’il chaud, déplorant le manque de sérieux du camp de l’opposition dans les négociations.

Dans sa récente conférence de presse , le chef de la délégation du Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU) pour le dialogue avec le pouvoir, l’ancien Premier ministre Yahya Ould Ahmed Waghf, président du parti Adil, a clairement attribué la responsabilité de l’échec des discussions entre les différents protagonistes au pouvoir.

Les négociateurs du gouvernement ont refusé de mettre de côté leurs omniprésentes lignes rouges, a-t-il précisé, obstruant toutes les options pour dégager un agenda électoral consensuel.

Cette dernière doléance très chère aux opposants s’est vérifiée non négociable pour les dirigeants qui ont convoqué officiellement le collège électoral pour la tenue de la présidentielle au 21 juin prochain.

Une convocation qui a suscité une grande stupéfaction chez les négociateurs du forum, lesquels se sont étonnés de l’annonce d’une telle décision au moment où les différents protagonistes s’efforçaient manifestement et aux yeux de l’opinion d’aplanir leurs conditions et de surmonter les obstacles pour dégager un terrain d’entente et clore définitivement l’omniprésente impasse politique qui perdure depuis plus de 5 ans.

Selon le délégué du forum, les deux parties se sont opposées sur l’usage de l’expression « agenda électoral consensuel» proposée par le forum mais catégoriquement rejetée par le gouvernement selon lequel elle doit découler des résultats des pourparlers et non être avancée comme une condition au dialogue.

« le gouvernement ne nous a pas informé qu’il allait convoquer le collège électoral, ce que nous dénonçons vivement et qui ne dénote pas d’une volonté d’aller vers un dialogue » dit l’air prosterné Ould Waghef.

Réplique instantanée du gouvernement

Contrairement à ses habitudes de tergiversations et d’attentisme par rapport aux critiques des opposants, le gouvernement est sorti le lendemain pour apporter des précisions sur les charges portées contre lui la veille par le forum.

Dans sa rencontre avec les médias organisée hier mardi, le ministre de la communication et des relations avec le parlement Me Sidi Mohamed Ould Maham, président du groupe du gouvernement et de la majorité renforcée a présenté à l’opinion ce qu’il a appelé « les détails du dialogue ».

Rappelant la disponibilité du gouvernement pour tout dialogue sincère engageant des partenaires sérieux, le ministre a affirmé que le Forum n'a présenté aucune concession de nature à faire réussir les négociations, contrairement à son vis-à-vis qui, précisera-t-il, a fait plusieurs concessions depuis les phases préparatoires à ces concertations.

Evoquant l'agenda électoral consensuel proposé par le Forum, le ministre a estimé qu’il dépend des résultats du dialogue et qu'il convient d'attendre qu'un accord intervienne sur cette question.

A propos de la convocation du collège électoral, – pour laquelle le Forum s'est dit non concerné, – le ministre a indiqué qu’elle relève de délais constitutionnels portant sur l'élection présidentielle.

Face à cette situation de blocage politique dont aucune des différentes parties ne veut assumer la responsabilité, la crise politique momentanément refroidie ramènera-t-elle le pays au pré-carré de l’impasse délétère d’antan ?

Ou au contraire, suscitera-t-elle de nouveau des « césariennes » venues du sommet de la pyramide Etat pour donner naissance à un consensus même malformé mais acceptable, permettant à la mère-patrie de se débarrasser enfin de ses longues peines.

Le Président de la République, préoccupé par la préparation de sa réélection usera-t-il de son pouvoir pour sauver le dialogue ?

Le Premier ministre qui a régulièrement trouvé des terrains d’entente entre les dialoguistes, peut-il rétablir encore le contact entre les négociateurs ou s’excusera-t-il après avoir épuisé toutes les cartes en sa possession pour réconcilier les frères ennemis ? Beaucoup de question qui attendent des réponses de protagonistes politiques indexés d’un manque de sérieux persistant pour s’entendre.

 

Md O Md Lemine

 

Source :  Le Rénovateur Quotidien

 

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