Chez nos hommes politiques, il existe un immense écart entre l'idéologie et la pratique : la perte de l'éthique de la responsabilité et des convictions. C'est le cas lorsqu'un homme politique demeure incapable de concevoir une alternative à un système politique inique qui maintient globalement le peuple dans l’injustice sociale.
Sortir des sentiers battus et construire des nouveaux modèles de société, c'est là le défi. L’instauration de la démocratie est un exercice qui requiert de véritables sacrifices.Ceux qui sont engagés dans ce combat doivent constamment faire preuve d’une grande habilité intellectuelle et morale pour réussir leur pari. En bons démocrates, les hommes politiques et les acteurs de la société civile sont contraints de se prémunir de certaines qualités sans lesquelles tout effort n’est que perte de temps.
Entre autres : l’ouverture d’esprit et la prédisposition pour le compromis. Se dire, de prime abord, que nul ne peut se prévaloir d’imposer unilatéralement ses idées aux citoyens, fut-il président de la république.De même, intégrer dans les consciences que la dictature des positionnements n’a jamais entériné une institution. Que dire alors de la construction d’un Etat ? Au contraire, elle provoque, à juste titre, la révolte des muselés et des laissés-pour-compte.
Depuis que Mohamed Ould Aziz est devenu locataire du palais brun, l’on prétend dialoguer, mais sans y parvenir. Tout le monde se rebiffe puis s’ignore. Finalement, ce qui devrait être un dialogue au sortir duquel on consolide les acquis démocratiques devient une cacophonie. Un enchainement de comportements irresponsables de la part de nos hommes politiques. C’est indigne de se jouer de l’avenir de tout un peuple.
Le cadre démocratique du dialogue exige des acteurs un langage commun : œuvrer pour l’intérêt général, loin de toute démagogie. Certes, le combat politique est un laboratoire dans lequel l’intransigeance et la constance dans les positions sont essentielles, mais dans un contexte comme le notre, la réhabilitation de la dignité humaine de nos compatriotes est prioritaire. Pour ainsi manifester concrètement l’attachement à notre peuple, l’on doit s’unir autour d’un pacte social afin d’améliorer les conditions sociales et économiques. Autrement dit, ranger la hache de guerre pour travailler à l’humanisation de l’existence des citoyens pauvres et démunis par des aides sociales et des actions de proximité.
D’aucuns me diront : tout le monde œuvre pour cet idéal, à commencer par l’Etat. Réitérons que bien évidemment en théorie, c’est ce que tout le monde veut tandis qu’en pratique chacun s’active pour sa paroisse, sa poche ou son bol de riz. Et lorsque l’élite jeune s’adonne à ce comportement désastreux, il y a lieu de s’inquiéter pour la Mauritanie.
Alors attendons-nous à une classe politique corrompue, laxiste et désarmée dans les décennies à venir. Car pour affronter le spectre dans lequel le pays est maintenu, nous ne disposons que des laudateurs à l’image de cette jeunesse qui fait des courbettes au Président.
Nos hommes politiques doivent retenir cette réalité: dialogue ou pas, consensus ou désaccord. En tous cas, le Haut Conseil d'Etat (HCE), baptisé Haut Conseil pour la Sécurité, instauré au petit matin du 6 Août 2009, demeure toujours là avec ses tentacules propagandistes. Il suffit d’observer la redistribution des promotions au sein de l’armée pour se rendre compte de notre infantilisation collective. Avec les généraux, Mohamed Ould Abdel Aziz mène la danse comme dans un cabaret. Les « civils » ne sont que des marionnettes.
On peut duper le petit peuple, les laudateurs et des jeunes naïfs mais jamais les avertis. Tout le monde peut se ruer vers le Palais des Congrès pour faire semblant de discuter de la démocratie électorale, et seulement de celle-ci, afin de se donner bonne conscience, en revanche les problèmes du moment restent là: que le citoyen mange à sa faim. Qu'il puisse assurer quotidiennement les trois repas. L’urgence est de s’entendre sur la baisse les prix des denrées de première nécessité. Notre peuple trinque et son malheur crève les yeux.
Déconstruire systématiquement les arguments que le Président brandit fallacieusement sur la crise mondiale. Par ces mensonges, il contribue à la hausse vertigineuse des prix. Ce discours doit être déconstruit par l’action directe et des campagnes populaires, puisque le maigre panier de la ménagère subit l’intoxication. Le mauritanien du Trarza a besoin de blé, celui du Tagant de riz, le berger d'Inchiri de sucre, l'agriculteur du Gorgol de l'huile, et le déshérité du Kebba de pain. Le paysan du Waalo doit être aidé et non être dépouillé de sa terre. Le citoyen doit se nourrir dignement, autrement que pendant l'opulence des périodes électorales.
Il veut simplement manger à sa faim avant d'élire un président qui s’occupe plutôt de remplir les poches. Et même s’il fallait élire quelqu’un, soyons convaincus d’une chose : les prévaricateurs gagneront les élections.
Bâ Sileye
Sileye87@gmail.com
(Reçu à Kassataya le 22 avril 2014)
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