Mauritanie : TPMN relance la cohabitation au plus haut sommet de l’Etat

Le coordinateur du mouvement citoyen« Touche pas à Ma Nationalité (TPMN) a été reçu cette fin de semaine en audience par le chef de l'Etat mauritanien au cours de laquelle Birane Wane a mis en avant l'affaire Magane, le jeune négro mauritanien tué en 2011 à Maghama au Sud du pays pour l'ouverture d'une enquête et également l'enrôlement discriminatoire qui continue de diviser les mauritaniens tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays.

Le porte-parole du mouvement n'a pas raté l'occasion pour soulever le règlement du passif humanitaire dans l'impasse depuis des années avec en toile de fond des milliers de réfugiés qui sont toujours bloqués au Sénégal et au Mali et la progression inquiétante de l'expropriation des terres de la vallée. Tous ces dossiers de la cohabitation ont été passés au peigne fin avec une réponse laconique de Ould Aziz de les résoudre.

Trois ans après l'assassinat du jeune Magane à Maghama lors des manifestations contre l'enrôlement discriminatoire, quelque chose est peut-être entrain de changer au niveau du sommet de l'Etat avec certainement la possibilité d'un dialogue avec l'entretien que vient d'avoir cette fin de semaine le coordinateur de TPMN avec le président mauritanien. Birane Wane n'a pas mâché ses mots pour demander à Ould Aziz une enquête enfin pour juger les présumés coupables de ce crime. Le jeune porte-parole du mouvement citoyen ne s'est pas laissé intimider pour relancer les difficultés de recensement des négro mauritaniens tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays et préconisé même la double nationalité pour ces milliers de migrants dans le monde. Le trublion de la société civile n'a pas hésité d'aborder d'autres questions qui fâchent sur le règlement du passif humanitaire dans l'impasse depuis des années notamment le blocage des milliers de déportés mauritaniens au Sénégal et au Mali dont les conditions de vie deviennent de plus en plus insupportables. Ce qui l'est moins encore c'est aujourd'hui la progression rapide de l'expropriation des terres de la vallée par des exploitants nationaux et les lobbies étrangers de l'agro business au détriment des rapatriés depuis 2009 qui font face à une réintégration sociale difficile.

Autant de questions sur la cohabitation entre les différentes communautés du pays passées au peigne fin et auxquelles le président Ould Aziz n'est pas indifférent. Mais sa réponse laconique d'y voir plus clair dans les jours à venir à l'issue de l'audience ne suffit pas à restaurer la confiance. La balle est remise dans le camp du candidat déclaré de l'UPR aux présidentielles de juin prochain .Dans cette perspective cette audience du chef de l'Etat relève du populisme. Les observateurs ne sont pas dupes qu'il faut beaucoup de courage pour le premier magistrat du pays pour couper le lien entre l'exécutif et la justice. Le dénominateur commun de tous ces problèmes soulevés par le jeune Birane Wane est l'impunité des criminels des évènements de 89 à 91.Et Ould Aziz sait que c'est la ligne rouge à ne pas franchir. C'est un autre chantier qui s'ouvre pour le TPMN pour l'appropriation de la question nationale. Le climat électoral semble s'y prêter.

 

Bakala Kane

 

(Reçu à Kassataya le 10 avril 2014)

 

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