La présidentielle de juin 2014 intervient dans un contexte marqué par une dispersion des forces politiques notamment les partis issus de la coalition de l'opposition démocratique.
Une COD qui n'arrive pas à concocter une stratégie offensive durable face à un homme qui a appris à divertir ses adversaires et à occuper le peuple par des visites et autres programmes électoraux.
C'est toujours un Mohamed Ould Abdel Aziz sûr de lui qui a apprivoisé des leaders politiques autrefois irréductibles et qui a découvert aussi le talon d'Achille de certains grands hommes de l'opposition qui avance inexorablement pour briguer un second mandat.
Seul contre tous ou contre son propre ombre Ould Abdel Aziz est sur tous les fronts pour la reconquête de son fauteuil. Rien ne semble le contrarier dans cette course pour laquelle il a le soutien d'une majorité confortable .
Il profite ainsi des hésitations de ses opposants et du mécontentement de ceux qui étaient à ses côtés pour isoler une bonne partie de la classe politique visiblement affectée par les déceptions et autres mauvaises postures politiques dont ils n'arrivent pas à se relever.
Fort de ce climat politique crispé et des espoirs qu'il ne cesse de miroiter à la population, Aziz multiplie les initiatives de tous genres pour séduire ceux qui ne trouvent pas d'autres raisons d'espérer que dans le discours officiel qui reste le seul maître à bord.
Alors que l'opposition souffle le chaud et le froid autour d'une éventuelle candidature unique elle n'arrive pas à fédérer ses positions pour faire un bloc solide contre la candidature de Mohamed Ould Abdel Aziz.
Alors qu'on s'achemine vers une campagne politique dans deux mois et que la Ceni , objet de toutes les critiques se prépare à dérouler son plan d'action, les points de discussion entamés entre la COD et le pouvoir sont loin de converger vers des conclusions consensuelles.
Le PM jouant au maitre de cérémonie continue à mener des consultations avec les leaders des partis de l'opposition pour leur dire que tout est possible sauf la formation d'un gouvernement d'union nationale.
La dissolution de la Ceni à quelques mois d'une élection devient de plus en plus hypothétique. Que restera-t-il à l'opposition sinon d'accepter d'aller aux élections ou boycotter un scrutin sans disposer de la force de frappe nécessaire pour provoquer l'échec du calendrier électoral ou un report à une date reculée de la présidentielle prochaine.
En boycottant la présidentielle la COD servira les intérêts de certains partis de "l'opposition dans la majorité" qui se mettront sur la ligne de la compétition en vue de crédibiliser la victoire du candidat favori.
Déjà les signes de cette éventualité sont visibles à travers des compromis entrainant des compromissions. Tout compte fait , la présidentielle de juin prochain ne s'annonce pas sous de bons auspices du moins en termes de consensus entre le candidat à sa propre succession et l'opposition radicale , puisque c'est toujours l'interlocuteur "muet" et autiste à l'égard de tout dialogue direct avec ses opposants.
On est loin du scénario au cours duquel le Président sortant croisera le fer de manière très offensive avec un grand adversaire fortement soutenu par des coalitions solides y compris celles qui étaient hier avec la majorité.
Ahmed Ould Daddah, le vieil et historique opposant aura-t-il tous les atouts pour faire face à un Aziz revigoré par le calme du printemps arabe et l'éloignement de l’hydre terroriste. A défaut, Jemil Mohamed Mansour pourrait-il devenir l'homme sur lequel l'opposition va compter pour défier le pouvoir en place? Le peuple lui attend et prie que le ciel lui ouvre sa clémence …
Cheikh Tidiane Dia
Source : Le Rénovateur Quotidien
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