L’Union Pour la République, géant au pied d’argile, passé au toilettage

Mohamed Ould Abdel Aziz, président de la république et chef de l’Etat, vraisemblablement candidat à sa propre succession aux élections présidentielles qui pointent à l’horizon, n’en finit pas de dérouler ses intentions. En ligne de mire, le parti présidentiel.

 

En effet, ce parti né sous les cendres du PRDS de Maaouya Ould Sid’Ahmed Taya, n’a pas su répondre aux attentes du tombeur de Sidi Ould Cheikh Abdellahi, président de la république démocratiquement élu en 2007. 18 mois après le début de son mandat, le président Abdallahi a été renversé par des hauts responsables militaires, dont le chef d’état-major particulier du président, le Général Abdel Aziz, et le chef d’état-major des armées, le Général Ghazouani, tous deux déjà à l’origine du coup d’Etat qui avait renversé Maaouya Ould Taya en 2005. Après plusieurs mois de crise politique, la junte au pouvoir et l’opposition, en partie regroupée dans un Front national de défense de la démocratie (FNDD), ont accepté d’engager des négociations sous l’égide du Sénégal. Ces discussions ont abouti à la signature le 4 juin 2009 à Nouakchott d’un accord inter mauritanien (dit « accord de Dakar ») prévoyant notamment l’organisation d’élections présidentielles pluralistes. Ce scrutin, observé par la communauté internationale (OIF et UA notamment) a consacré la victoire du candidat Mohamed Ould Abdel Aziz, élu dès le premier tour avec 52,47 % des voix, devançant Messaoud Ould Boulkheir (ex président de l’Assemblée nationale, principal candidat du FNDD), Ahmed Ould Daddah (président du Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD), chef de l’opposition), et le Colonel Vall, qui avait dirigé la transition de 2005. Comment en est-on arrivé à cette situation ?

Les premiers couacs

Pour mieux comprendre, il faut remonter à la création de l’UPR. Rappelons-nous, qu’au lendemain du coup de force le 6 août 2008 contre Sidioca, sans effusion de sang, Ould Abdel Aziz a voulu mettre en place un parti présidentiel, disons une machine électorale, capable de réunir en son sein tous ses soutiens politiques, économiques et financiers. C’est alors qu’il se tourne vers le député Mohamed Ali Chérif (ancien SG de la Présidence de la République de Mokhtar Ould Daddah). Il le charge de la mission de constituer une direction provisoire crédible pour préparer l’Assemblée Générale constitutive et le 1er congrès de l’UPR. Quand le Député Mohamed Ali Chérif voulut rendre sa copie au Président Mohamed Ould Abdel Aziz, ce dernier lui déclara qu’il voulait découvrir la proposition en même temps que tout le monde lors de l’AG constitutive. Un lobby d’aventuriers politiques, actifs depuis l’ex PRDS, assiégea Mohamed Ali Chérif pour prendre connaissance de sa proposition en vain.

Ayant échoué dans sa tentative de le manipuler, le lobby déclencha une opération de sabotage de sa mission. Se présentant comme impliqués dans l’initiative confiée à Mohamed Ali Chérif, le lobby le doubla en contactant les membres les plus influents de l’ex HCE pour solliciter leurs propositions et recommandations. Ces derniers ne se sont pas privés pour avancer les noms de leurs proches. Ainsi, le lobby dressa une liste une liste comprenant les protégés des hauts chefs militaires et, où ses membres figuraient en bonne place. Le jour J, dès que le Président Mohamed Ould Abdel Aziz fut installé sur le podium de la grande salle du palais des congrès, et avant que ce dernier n’invite Mohamed Ali Chérif à présenter sa proposition, le lobby fit déposer devant lui une chemise contenant sa liste par un membre de la commission d’organisation. Découvrant le piège qui lui était tendu à savoir que la proposition qui lui était faite était essentiellement composée de protégés des hauts chefs militaires et d’aventuriers politiques connus, le Président Mohamed Ould Abdel Aziz se trouva dans le dilemme suivant : entériner la liste contre la désapprobation des acteurs politiques qui ont soutenu sa candidature ; demander à Mohamed Ali Chérif de présenter sa proposition et courir le risque de mécontenter les puissants et principaux membres de l’ex HCE. Il se décida à annoncer la liste scélérate.

Pour limiter les dégâts qui installaient Mohamed Mahmoud Ould Mohamed Lemine, homme lige de Ghazouani, à la Présidence et son équipe aux commandes, il lui apporta les amendements suivants en imposant : un important nombre de Négro-Africains qui avaient été complètement écartés, Mohamed Yahya Ould Horma, son obligé qui fut son dernier représentant lors des accords de Dakar, au poste de 1er Vice-Président, BA Coumba (Négro-Africaine) au poste de 2ème Vice-Présidente, Oumar Ould Matalla (Harratine) au poste de Secrétaire Général. Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts jusqu’aux élections municipales et législatives dernières que l’upr a gagné en l’absence de concurrents sérieux à l’exception de Tawassoul, un parti membre de la COD qui a décidé d’y prendre part et a gagné plusieurs mairies et 16 sièges de députés. L’UPR ayant montré son incapacité à rassembler les mauritaniens, Ould Abdel Aziz ne pouvait laisser faire le général Ghazouani, chef d’Etat Major de l’armée nationale. Pour autant est-ce la décente aux enfers de ce dernier. Pas si sûr qu’on le laisse penser.

Le mandat de Mohamed Ould Abdel Aziz (depuis 2010)

La priorité du gouvernement, dirigé par Moulaye Ould Mohamed Laghdaf, est de relancer le développement économique et social. La menace terroriste que fait peser AQMI sur la Mauritanie mettent au même rang de préoccupation les questions de sécurité que le président Abdel Aziz regarde, de même que la réforme de la justice, comme des conditions du développement. Le président Abdel Aziz s’est également engagé à régler la question du « passif humanitaire » (violences interethniques de 1989 et séquelles de l’esclavage). Accélérant, sous l’égide du Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR), le processus de rapatriement des négro-mauritaniens réfugiés au Sénégal, le gouvernement a également commencé à réintégrer dans l’administration des fonctionnaires négro-mauritaniens expulsés en 1989. Malgré les avancées, la question du « passif humanitaire », n’est pas encore réglée.

Le gouvernement est par ailleurs confronté à l’opposition de la Coordination de l’opposition démocratique (COD), regroupant une dizaine de partis politiques. La COD s’est lancée dans un bras de fer avec le pouvoir, organisant des manifestations, principalement dans la capitale Nouakchott. Réunissant 12 000 personnes le 12 mars 2012, ce mouvement a, depuis, diminué d’intensité. Victime d’un incident de tir impliquant sa propre armée, le 13 octobre 2012, le Président Ould Abdel Aziz a été évacué en France pour des soins complémentaires. Il était de retour à Nouakchott quelques jours avant la fête nationale de la Mauritanie, le 28 novembre 2012. Les élections législatives et municipales, reportées à plusieurs reprises, ont été tenues en novembre et décembre 2013. Elles ont permis au Président Aziz de consolider sa majorité à l’Assemblée nationale, avec 74,8% des sièges. 158 communes (sur 218 au total), dont la communauté urbaine de Nouakchatt, ont été remportées par le parti présidentiel (Union pour la République). La COD a boycotté le scrutin, à l’exception notable du parti Tawassoul, arrivé en seconde position des élections avec 16 sièges à l’Assemblée nationale.
 

Situation sécuritaire

Le rattachement en 2007 du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) à la mouvance Al Qaida avec la création d’Al Qaida au Maghreb Islamique (AQMI) a sensiblement renforcé la menace terroriste dans la région sahélo-saharienne. Les modes d’action de ce groupe se caractérisent par des attaques contre les forces armées, des enlèvements et assassinats de ressortissants occidentaux, voire des attentat-suicides. La Mauritanie constitue une cible des groupes terroristes : assassinat de 4 touristes français à Aleg le 24 décembre 2007, attaque de Tourine en septembre 2008 faisant 12 morts parmi les militaires mauritaniens, assassinat d’un ressortissant américain le 23 juin 2009 à Nouakchott, attentat suicide contre l’ambassade de France à Nouakchott le 8 août 2009, enlèvement de 3 Espagnols le 29 novembre sur la route Nouakchott-Nouadhibou et de 2 touristes italiens le 19 décembre près de la frontière malienne, attentat déjoué contre une caserne militaire à Nema le 25 août 2010, attentats déjoués dans la nuit du 1er au 2 février 2011 à proximité de Nouakchott contre l’ambassade de France, une caserne militaire et la présidence de la République islamique de Mauritanie. Dans ce contexte aggravé par la crise au Mali et dans la mesure où les intérêts et les ressortissants français constituent des cibles identifiées par AQMI et par le MUJAO (mouvement terroriste apparu en 2012 au Mali), il est fortement recommandé de suivre les consignes de vigilance et de prudence du site Conseils aux voyageurs du ministère des affaires étrangères et européennes.
 

Diop Moussa

 

Source :  Le Quotidien de Nouakchott

 

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