Lettre à un ami lointain Feu Dia Ousmane samba : « Paix à son âme »

Ce 20 Mars 2010 à 08h10 la nouvelle a circulé comme une fumée en l’air, tu quittais ce monde si bas, ce monde cruel, ce monde éphémère, ce monde dans lequel nous avons partagé, bonheur, échec, victoire mais surtout de luttes éternelles et sans merci contre les injustices et les arbitraires dans notre cher pays, la Mauritanie.

 

Te voilà, m’abandonner si promptement, pour regagner le boulevard de la paix, du calme absolu et celui des récompenses et du mérite sans que l’on ne soit discriminé ou diminué, Allah en soit loué.

Oh quel bonheur, quelles grandes satisfactions de te voir heureux avec les fruits de ta générosité, de ton humanité et de tes sacrifices consentis pour que vivent paisiblement dans notre monde si bas d’autres hommes de ta communauté dont les droits sont spoliés par la haine de l’autre et de la bêtise Humaine.

Mon ami Ousmane Dia, tu m’as quitté dans un moment difficile et cela n’est pas sans conséquence dans ma vie, ton départ pour le boulevard de la paix a été un coup de tonnerre, un tsunami, un séisme mais je rends grâce à Allah, le détenteur de la vérité.Je me soumets au verdict du maitre absolu.

Ousmane, tu m’as quitté certes, physiquement mais tu es toujours à côté de moi dans l’esprit et dans les pensées. Notre lutte commune, l’emprunt des rues, bureaux, transports et autres par le passé en commun, à la rencontre de nos amis en commun, de nos familles, de nos enfants etc…. ton visage, tes mots, ton calme, ta gentillesse, ta force tranquille apparaissent et envahissent mon esprit littéralement et au quotidien.

Oui tu m’as quitté dans des moments difficiles, j’en ai souffert, je continue à en souffrir mais le verdict d’Allah est à respecter, tu es parti en toute tranquillité, d’avoir accompli ton devoir d’un militant des droits de l’homme sincère, celui qui n’a jamais rechigné, sans fléchir, ni faiblir et sans jamais penser à un quelconque confort matériel malgré les grandes tentations de notre monde ci bas.

Ousmane, je pourrai témoigner devant Allah, que même sur ton lit d’hôpital à Ris Orangis, avant ton départ pour ce boulevard incontournable de la paix éternel tu n’avais qu’un seul mot d’ordre "continuez la lutte pour arracher vos droits en Mauritanie"

Ousmane, je t'assure que l’histoire te donne aujourd’hui raison puis-qu’avant ton départ, il s’agissait pour toi et moi de la lutte contre l’impunité, de l’esclavage, du racisme, des déportations des populations Noires de Mauritanie vers les pays limitrophes, de tortures, d’arrestations arbitraires, d’exclusion dans l’administration, l’armée, de la police, la garde, la gendarmerie , de la gestion catastrophique de notre pays etc….

Aujourd’hui un autre palier a été franchi dans l’escalade de la purification et de la domination en Mauritanie.

Ousmane, on refuse de nous recenser sous le vocable d’un prétendu recensement biométrique excluant de facto un pan entier de Mauritaniens de l’extérieur et de l'intérieur avec des conditions pensées , imposées et méthodiquement appliquées sur nous, niant ainsi notre citoyenneté qui pourtant n’est pas négociable et ne le sera jamais.

Ousmane, mon ami, je sais que tu partages ton boulevard avec nos amis et frères, Murtudo Samba Diop, Habib Ould Mahfoud, Diagana Yacouba, Ibrahima Diabira, Saidou Kane, Ousmane Moussa Diagana,Sarr Amadou, Sy Saidou, Ba Seydi et d’autres fils de la Mauritanie d'antan.

Dites-leur que nos autorités nous exigent leurs papiers,d’ états civils, certificats de décès…. Pour la reconnaissance de notre citoyenneté. J'imagine leurs souci et leurs préoccupations pour leurs proches

Ousmane, dites-le à nos aïeux, ceux, du wagadu, du Fuuta, du Tooro, du walo , de Chinguetti, de Oualata, de Ouadane, de Timbedra, de Koumbi Salah de Némé etc……d’envoyer rapidement leurs états civils à leurs progénitures qui souffrent dans notre monde ci bas.

Ousmane pourrai je continuer à égrener le chapelet de tracasseries, de problèmes et de bêtises humaines que nous vivons ici dans ce monde éphémère que tu nous laissé ?

Non, je pense qu’une lettre ne pourra suffire votre haute assemblée d’hommes intègres du prestigieux boulevard de la paix, lieu ou ne comptent que vos œuvres de pieuté d’amour, de fraternité, un lieu pur, contrairement au notre où nous nous battons pour exister tout simplement.

Cher ami, je sais que tu m’entends, je sais que tu me liras, saches que le combat que nous avons mené ensemble a eu naturellement le mérite d’être mené.

Peux-tu imaginer que l’on soupçonne l’origine de nos enfants de Léxeiba , de Kaédi, de Boghé , de Sélibaby , de Rosso , de Tekane, d’Atar, de Zouérate et d’ailleurs sous le fallacieux prétexte de vos papiers, vous qui n’êtes plus de notre monde, pourquoi autant de mépris et de tracasserie pour l’autre ? Ousmane, je n’en sais rien mais c'est affreux et personne n 'y comprend grand chose.

 

Oumane, ou cher Kabo,le petit mot intime que tu aimes et affectionnes , je ne peux te faire un compte rendu complet de la situation mais le problème de la citoyenneté vous suffira comme illustration, dites-le à nos aïeux, à nos amis à votre assemblée d’hommes musulmans et purs.

Que veux-tu savoir encore ?, je sais, je te vois sourire, je te vois avec ta voix basse, avec tes gestes lents, je te vois avec ton écoute et ton respect pour l’interlocuteur, oui Ousmane, je te vois mais je ne dirai pas tout dans cette lettre. Tu me comprendras, oui je ne peux pas tout dire, c'est trop….

Saches seulement que la graine de l’exemplarité, de l’honnêteté et de l’éducation que tu as incarnée à ta famille et à tes proches a apporté ses fruits, cette graine a poussé, ses arbres et ses ramifications sont partout, ses fruits sont aussi mûrs et ta famille, Lexeiba et beaucoup de gens de la communauté Mauritanienne te disent merci pour cette contribution grandiose.

Ousmane Dia, tu étais un grand baobab, un grand et sincère militant des causes justes, un grand officier communément appelé par tous, la force tranquille.

Par ton calme, par ton style, par tes méthodes modestes et non violentes mais rassurantes, tu arrivais à avoir la cohésion et l’adhésion de tous les groupes sans coup férir.

Ousmane, je serai certes un jour , hôte de ton boulevard, celui de la paix et du calme absolu, en attendant ce jour proche ou lointain Allah seul le sait , je poursuivrai inchallah sans relâche de combattre ces injustices et je resterai fidèle à nos idéaux de paix, de cohabitation saine entre Mauritaniens, de justice, d’équité et d’épanouissement pour tous les Mauritaniens sans distinction de race dans les règles de notre sainte religion Islam et celles de l’humanité entière.

Digne fils de Lexeiba Gorgol, repose en paix Inna li laahi wa inna ileyhi rajioune.

Oumane Dia, c’est moi ton ami de toujours, je ne t’entendrai pas certes , je ne pourrai lire tes réponses mais tu resteras à jamais dans mes pensées. Je t’envoie de suite ce colis : 1 seule fois Alfatiha ,11 fois sourate Al iKhlass et 11 fois La illaha Illalah à toi et toute votre assemblée musulmane du boulevard de la paix de l'éternité, wa salam

Paix à ton âme, Al hamdoulilahi

NB : prière mes lecteurs faire cette prière à l’attention de cet ami et à tous nos morts.

 

Mr Diagana Mamadou Youssouf dit Ibnou

 

Ce 15 Mars 2014 en hommage à un ami lointain

 

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(Reçu à kassataya le 15 mars 2014)

 

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