Malaise au sein de la Coalition pour une Alternance Pacifique (CAP)

Sans aucun doute, les géniteurs de la CAP se rendent à l’évidence qu’ils ont servie de faire-part à Ould Abdel Aziz dans ses dessins électoraux, en acceptant sciemment d’aller à des élections dont les résultats sont sujets à caution.

Pourtant dans les deux camps qui s’étripent pour des élections propres et incontestées, l’espoir était permis dès lors que le dialogue avait repris après 4 ans de rupture. L’ouverture de ce dialogue avait d’ailleurs porté sur « l’organisation matérielle et la supervision des élections, la neutralité des institutions de l’Etat (administration, forces armées et de sécurité….) », disait Mohamed Yahya Ould Horma, porte-parole du gouvernement et principal négociateur pour la majorité. Quant à Mohamed Ould Maouloud, délégué de l’opposition, il rappelait les exigences de transparence de la COD et son souhait unanime de participer aux élections dans le cadre d’une démarche collective. Mais une fois encore, ce dialogue aura montré l’inconséquence du pouvoir qui ne voulait pas d’un dialogue sincère. La suite nous le savons.
Maintenant, à l’orée des élections présidentielles de juillet, le pouvoir a décidé de reprendre langue avec l’opposition radicale pour une nouvelle cuisine électorale. Cette nouvelle donne ne semble pas du goût de la CAP qui multiplie des sorties malencontreuses contre la COD. En fait, Messaoud Ould Boulkheir et ses amis de la CAP ne savent plus où donner de la tête après ces élections municipales et législatives passées. Mais tout porte à croire qu’ils sont très déçus par Ould Abdel Aziz et par l’opposition radicale. Raison pour laquelle, Messaoud joue des pieds et des mains pour gêner au mieux la reprise du dialogue entre le pouvoir et l’opposition radicale.
Face à un Mohamed Ould Abdel Aziz passif, qui bute aux nombreuses manifestations hostiles à son pouvoir ces dernières années, la Coordination de l’opposition Démocratique (COD), par la voie de son délégué, Mohamed Ould Mouloud, avait accepté de rencontrer le Premier ministre, Moulaye Ould Mohamed Laghdaf. Les deux parties ont convenu d’une reprise officielle du dialogue national, avec six représentants pour chacune d’entre elle. Au programme des échanges : la présidentielle de 2014 ainsi que les élections législatives et municipales du 23 novembre. « Le but est d’aboutir à des élections apaisées, inclusives et donc incontestables », expliquait-on à la primature, qui soulignait que « la tenue de ce dialogue est positive pour le pays et toutes les échéances électorales à venir », rapportait RFI. Le président de l’UFP estimait que le pays n’est pas encore prêt à organiser des élections. Il plaidait pour un report du scrutin. « Nous voulons des élections libres, transparentes et qui permettent à tous les Mauritaniens de voter. Actuellement, les conditions techniques et matérielles ne sont pas remplies. D’autres points, comme la neutralité de l’Etat, nous tiennent aussi à cœur », soulignait Mohamed Ould Maouloud. Les élections législatives, initialement prévues le 12 octobre, avaient été boycottées par la COD, cet été. Le président de la république, Mohamed Ould Abdel Aziz, s’était alors dit prêt à quelques concessions, dont le report des élections au 23 novembre, afin que l’opposition y participe. Mais de cela, rien n’a été et le dialogue sera rompu à la veille des élections municipales et législatives de décembre passé.

Qui trompe qui ?
A cette occasion, la CAP s’est fendue d’une déclaration pour dire : « Les élections municipales et législatives, qui viennent de se dérouler, ont suscité de grandes attentes au sein la classe politique, du fait de la situation du pays et les conditions d’organisation tout à fait préoccupantes des élections présidentielles, prévues Juillet prochain.

Nous espérons, dans la Coalition pour l’Alternance Pacifique (CAP), que la préparation de ces élections, dans ses aspects matériels et logistiques, puisse garantir la participation de tous les protagonistes politiques à travers l’élaboration de voies et moyens de l’organisation d’un scrutin qui assure l’éloignement des organes de l’Etat de l’ensemble des opérations d’une manière qui requiert la transparence et l ’unanimité.

Peut-être que tout le monde se souvient encore des résultats issus du dialogue et qui pouvaient servir de gages de neutralité de l’Etat dans l’organisation d’élections irrépréhensible, avec des mécanismes viables et efficaces lesquels assurent de dépasser tous les obstacles se dressant devant la préparation d’échéances électorales inclusives, justes et transparentes dépourvues de l’implication du pouvoir, de ses ministres et les directeurs des établissements publiques.

Aujourd’hui, face au défilement du pouvoir par rapport à l’exécution des résultats du dialogue, et après l’échec de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) à réaliser correctement sa mission dévolue, notre déception est double :

– d’une part, à cause de l’échec consistant dans le choix d’une CENI qui n’a pas pu être à la hauteur faute de compétence, d’intégrité et de patriotisme.

– d’autre part, notre désillusion suscitée par la précipitation, tout le long du dialogue, par le pouvoir qui n’était motivé d’autres mobiles que de les laisser lettre morte.

Nous n’avions eu en revanche comme soulagement à notre déception que l’affluence massive des populations aux élections, convaincues que la participation est un devoir et que toute autre option était totalement exclue. Eu égard à la nature de la CENI, ses pratiques et la vision du régime, il est impératif, avant les élections, de provoquer une rupture avec les méthodes qui utilisent les moyens les hauts responsables de l’Etat ainsi que les chefs d’établissements publiques dans les campagnes.

On peut citer dans ce cadre l’implication pendant les dernières élections du directeur de la SNIM, du Commissaire à la sécurité alimentaire et la majorité des ministres ; sans oublier les pressions exercées sur les structures sociales traditionnelles à l’échelle du territoire national ; les règlements de compte et les provocations subies par des tribus dont certains membres ont refusé de se soumettre aux orientations du pouvoir.

Ces méthodes et la politique du « bâton et de la carotte » constituent des obstacles à abattre étant préjudiciables à la crédibilité des élections et nuisibles au processus démocratique tout entier. Etant directement responsable des graves dysfonctionnements et tout ce qui la caractérisée les dernières élections en matière de défaillance et de manœuvres de manipulation, étant donné aussi la vision du pouvoir et son attitude à son égard, la CENI ne peut, en aucun cas, organiser les prochaines élections présidentielles.

Elle doit être remplacée par une nouvelle autre, avec des membres consensuellement choisis par les parties prenantes. Toute dépense de l’Etat sur cette structure doit immédiatement cesser. De même, des garanties réelles doivent assurer que le pouvoir renoncera totalement à l’exercice des pressions, à l’usage des moyens de l’Etat pour influencer et contrôler les électeurs, et à la pratique de la politique opportuniste « de la carotte et du bâton ».

Tout en notant avec satisfaction les efforts consentis par en faveur de la concertation entre les camps politiques pour garantir la garantir la participation de tous aux prochaines élections présidentielles, nous tenons au sein de la CAP, à saluer les efforts des uns et des autres qui vont de pair avec nos visées et nos positions constantes.

C’est pourquoi nous ne voyons pas la nécessité d’être parmi les dispositifs pouvant en résulter. En revanche, nous invitons tous les protagonistes à accepter immédiatement tout ce qui est de nature à permettre le travail conformément à ces modalités et d’être à la hauteur de la responsabilité et du patriotisme pour aplanir les difficultés et dépasser les barrières qui se dressent face à cet objectif suprême. Nous appelons également tout le monde à réfléchir pour amorcer une phase où participe tout le monde de manière à en être satisfait.

Et les Imam s’en mêlent

Dans un communiqué diffusé pour la circonstance, les imams mettent en garde contre la crise politique qui couve dans le pays au moment où dans le monde entier et plus spécifiquement dans sa région africaine et arabe, les troubles politiques et sécuritaires menacent la stabilité de plusieurs pays. Les Imams qui regrettent, par ailleurs, les autodafés et les blasphèmes enregistrés récemment dans le pays indiquent encore que les dernières élections législatives et municipales ont été marquées par l’absence d’un consensus politique entre les différents acteurs. Les imams inscrivant leur appel dans le cadre de leur souci de la stabilité et de la sécurité du pays exhortent tous les acteurs politiques (Pouvoir et Opposition) à engager à la veille de l’élection présidentielle prochaine, un dialogue politique consensuel et serein pour préserver la stabilité et la paix sociale dans le pays. Les imams proposent, dans ce cadre, que des mesures de transparence de la future élection soient prises pour rassurer tous les prétendants à la magistrature suprême. Cette initiative des imams regroupe, rappelle-t-on, plusieurs érudits mauritaniens.

Toutes ces agitations indiquent que l’organisation des élections présidentielles impose des règles de jeu strict qu’opposition et pouvoir respectent. En sera-t-il ainsi, en tout cas c’est le souhait des mauritaniens.

Diop Moussa
mdiop789@gmail.com

Source: Le Quotidien de Nouakchott

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