Mauritanie: les scandales fonciers de la Vallée du Fleuve Sénégal

Le sit-in du parti négro-mauritanien« Arc-en-ciel » le 26 février prochain devant le palais de Nouakchott à la place des lamentations pour soutenir des villageois de Donnaye , une localité au bord du Fleuve Sénégal au bord du chaos. Ces damnés de la terre sont victimes de l'expropriation de leurs terres depuis les évènements de 89 et semblent aujourd'hui à genou pour survivre. Une manifestation qui intervient après la confiscation des terres toujours dans cette région par le gouvernement de Ould Laghdaf pour un consortium saoudien. Deux exemples qui illustrent le bradage des terres agricoles de la vallée dont l'objectif avoué est d'augmenter la production en riz du pays plus de 200 000 tonnes par an.

 

 

L'heure n'est vraiment pas à l'apaisement à Donnaye, une localité naguère paisible au bord du fleuve Sénégal dans le département de Boghé. Les habitants sont excédés depuis les évènements de 89 d'être victimes de l'expropriation de leurs terres par des exploitants véreux mauritaniens avec la complicité des autorités locales. Face à cette situation le président du parti « Arc-en-ciel »avait fait le voyage récemment pour voir de visu les tristes réalités de désolation sur le terrain. Un village abandonné aujourd'hui à lui-même .La rive sénégalaise étant la seule alternative pour les villageois d'acquérir un minimum vital. Le cimetière est profané par les machines agricoles. Constat amer pour Bâ Alassane Somma qui n'a pas tardé dès son retour d'alerter les autorités politiques et religieuses de Nouakchott, les partis politiques, la société civile, les mouvements citoyens et leaders d'opinion. Mais en vain. Le sit-in du 26 février devant le palais de Nouakchott est de nature à mettre le régime de Ould Aziz devant ses responsabilités en présence du chef du village pour hausser le ton et demander justice et réparations. Les « Damnés de Donnaye » en ont marre d'être traités comme des exilés ou des apatrides. Comme pour des populations de Boghé et environnants il s'agit bel bien d'un hold-up des terres via l'ordonnance 83 révisée en 2000 stipulant que « les terres appartiennent à l’Etat et font partie du domaine des personnes privées et protégées en tant que telles les terres mises en valeur par ces dernières ». Rien donc n’a changé. Autrement dit la terre appartient toujours à celui qui la travaille et non à celui qui la possède.

Rappelons que depuis les évènements de 89, les ONG internationales et autres associations nationales de défense des droits de l’homme avaient constaté sur place que les collectivités traditionnelles étaient régulièrement expropriées de leurs terres par des spéculateurs en complicité avec l’administration territoriale. C'est maintenant nettement plus visible. Officiellement le gouvernement de Ould Laghdaf ne cache plus ses ambitions. Le projet agricole mauritano-saoudien avance à grand pas. Son objectif est de satisfaire les 60 pour cent des besoins de la Mauritanie en riz. Soit une production annuelle de plus de 200 000 tonnes escomptées. La mise en valeur des terres agricoles notamment du Sud permettra prochainement une construction d'une usine laitière à Boghé et d'une unité d'emballage des dattes en Adrar. Villageois de Donnaye de Dar El Barka , Aleg font face aujourd'hui aux lobbies de l’agro-business sans concertation préalable avec les populations concernées et en dépit de leurs protestations. Un hold-up des concessions rurales qui est en contradiction avec une politique de développement agricole qui devrait privilégier la réinstallation des réfugiés rentrés au bercail depuis des années et la restitution de leurs terres seuls moyens d’existence et d’autosuffisance alimentaire.

 

Bakala KANE

 

(Reçu à kassataya le 25 février)

 

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