Les sinistrés du Wharf : Perdus dans un océan de sable

De loin les nouveaux sites des sinistrés du Wharf sont reconnaissables par la couleur des toiles blanches qui flottent aux quatre vents.

Tels des campements saisonniers des nomades en pleine période de soudure, ces arrivants endurent chaque jour les pressions naturelles, tout en priant Allah des les délivrer de ce calvaire qui ne fait que durer.Reportage.

Le 7 janvier 2014 restera une date triste pour les 157 familles sinistrées du Wharf. Les habitants de ce vieux squat des années 70 furent réveillés par un violent incendie qui consuma impitoyablement les habitations précaires emportant tout sur leur passage sans faire heureusement des victimes humaines.

Dès les premières heures de la matinée, le Président Mohamed Ould Abdel Aziz accompagné d’une forte délégation ministérielle se rendit sur les lieux pour s’enquérir de la situation.

L’émotion était vive face à un drame d’une aussi grande célérité. Dans l’impératif d’une urgence humanitaire et sociale il fallait parer au plus pressé pour soulager les souffrances de ces infortunés d’un incendie terrible avant de procéder à leur" recasement".

Des sites ont été improvisés pour accueillir ce monde qui a tout perdu en quelques secondes. La boussole se dirigea vers le quartier Tarhil dans une vaste zone sablonneuse de la capitale.

Sur instruction du Président de la République, des parcelles ont été morcelées pour servir de lieu de relogement à ces familles démunies.

En attendant de finaliser le plan d’habitation, le CSA a offert à chaque ménage une tente où s’abriter et une ration alimentaire dérisoire non renouvelable jusque-là.

Le Président de l’assemblée nationale d’alors, Messaoud Ould Boulkheir apporta à son tour une enveloppe de 5 millions d’ouguiyas en plus d’une assistance en habits et matériel culinaire octroyés par son épouse.

Les nouveaux arrivants ont été scindés en deux groupes dont 61 familles à « Chaara Moktar » secteur 18 et 96 au secteur 16.

Mais tous partagent un destin commun : celui de vivre à la merci de la faim, des vents, du soleil et de la solitude ; un calvaire qui dure.

Ce vendredi 21 février 2014, notre équipe de reportage s’est rendue sur les lieux pour voir directement la réalité. Le constat est sans appel et tous les témoignages se résument en une seule et même litanie emprunte de désolation et de sentiment d’abandon.

Depuis leur arrivée dans ces lieux, les sinistrés déclarent n’avoir obtenu par famille que 50 Kgs de riz, dix litres d’huiles, 02 nattes et 03 matelas.

Cette aide n’a jamais été renouvelée par l’Etat. Sur le plan sécuritaire la présence de brigades de la garde permet de surveiller les lieux contre d’éventuelles agressions.

De temps en temps disent en substance ces damnés, des missions viennent et repartent sans suite satisfaisante sur leur situation.

Pourtant, le gouvernement avait pris la décision solennelle de dédommager ces victimes en attribuant à chaque ménage une parcelle et un fonds pour la construction de logements décents.

Le Ministère de l’urbanisme avait même dévoilé le plan de ce relogement. Sans suite. Et le calvaire des ces laissés-pour-compte de se prolonger.

Pris en otage dans cette zone perdue exposée aux coups de vents qui balaient les tentes et drainent toutes sortes de débris préjudiciables à la santé, ces pauvres hères ne savent plus où donner de la tête.

La nuit venue, la précarité est davantage étouffante. Interdits d’user de bougie aux fins de proscrire les incendies, les résidents, pour s’éclairer, doivent se suffire de la lumière dégagée par les rares poteaux électriques placés çà et là.

L’eau est certes disponible grâce à la dizaine de containers installés de part et d’autre du site, mais le système d’approvisionnement de ces derniers fait souvent défaut entraînant des pénuries.

L’état de désolation du site est encore plus rude avec l’absence de latrines, mais aussi de dispensaire et d’école. Pour ces hommes et femmes « réfugiés dans leur propre pays », se retrouver du jour au lendemain sans logis, démunis et laissés-pour-compte, seule l’attente de se voir secourus donne espoir et préserve la vie.

Reportage de CTD et OEM

Source  :  Le Rénovateur le 22/02/2014{jcomments on}

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