Le rapprochement cette semaine du RFD avec le parti islamiste Tawassoul a provoqué de vives inquiétudes au sein de l'opposition et in fine de la classe politique qui s'interroge sur ce come back d'un des principaux partis de la COD au moment où la société civile attend avec impatience son congrés de la clarification pour les présidentielles de 2014.
Pour les observateurs c'est le leader Jemil Mansour qui y trouve son compte devenu le chef de file de la nouvelle opposition parlementaire et pourrait même profiter de la mauvaise santé de l'UFP qui fait face à une « Alternative démocratique » qui le gêne considérablement. Ces nuages qui assombrissent le ciel de l'opposition pourraient avoir des conséquences politiques à quelques mois des grandes échéances électorales en Mauritanie.
La visite cette semaine de Ould Daddah le président du RFD dans le fief du parti islamiste Tawassoul est une mauvaise nouvelle surtout pour la Coordination de l'Opposition démocratique en quête d'un nouveau souffle pour les présidentielles de 2014. Des interrogations de la classe politique toutes tendances confondues qui voit d'un mauvais oeil ce rapprochement entre deux poids lourds de l'opposition que les élections avaient séparé. En s'ouvrant au dialogue ou à la concertation Jemil Mansour revient aux sources et sans doute pour faire son mea culpa pourquoi pas former un nouveau front pour combattre l'ennemi héréditaire le président mauritanien .Cette idée d'union est perçue comme un début de signal vers une redistribution des cartes au sein de l'opposition.
Une stratégie du RFD qui consacre encore une fois l'ambition de Ould Daddah de jouer sa dernière carte présidentielle. Mais seulement le bon sens veut que la COD tire les leçons de son boycott aux dernières législatives et municipales. C'est le sens du congrès prévu ce mois-ci pour l'avenir des 11 partis dont le seul souci est le rassemblement et l'unité de ses membres. Le président de Tawassoul qui avait quitté le navire devra convaincre aussi bien dans les discours que dans les faits au moment il vient de relancer le débat sur la cohabitation entre l'islam et les libertés fondamentales. Rien pour l'instant oppose le droit musulman au droit moderne dans la constitution actuelle mauritanienne. Mais avec l'influence grandissante du parti islamiste dans la sphère religieuse tout laisse à penser qu'il faudra un jour régler cette ambivalence. Bien que considéré comme modéré Jemil Mansour est loin d'être dans un pays de Bisounours. Une alliance avec l'opposition historique pourrait lui donner ce dont il a toujours rêvé, le premier parti de la Mauritanie. Dans un contexte troublé de l'autre parti principal de la Coordination démocratique l'UFP qui fait face à une « Alternative démocratique », le leader islamiste y trouve son compte pour recoudre le cordon ombilical avant qu'il ne soit trop tard.
C'est un flirt qui vient au bon moment mais pourrait encore fissurer la COD si les chefs ne mettent pas les cartes sur la table. Si non les contradictions ne tarderont pas à surgir. Et bonjour les nouveaux dégâts. Ould Daddah a bâti toute sa carrière politique sur le refus du régime en place. Pour sa dernière participation aux grandes élections il voudra faire faire mieux que les autres années c'est à dire ne pas s'arrêter seulement au second tour. Une chose est sure. Le virus Tawassoul pourrait entraîner une épidémie de mécontents d'un mariage avec le RFD ou la COD. Leur colère sera à la hauteur de leur surprise. La société civile ne croit pas à cette hypothèse et serait peut-être tentée de voir ailleurs par exemple les candidatures indépendantes comme celle déclarée du président de l'IRA Ould Abeid.
Bakala Kane
(Reçu à Kassataya le 13 février 2014)
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