Obama lucide sur la trace qu’il laissera dans l’Histoire

Il était le président du changement. Dans une interview en profondeur publiée dimanche 19 janvier par l'hebdomadaire New Yorker, Barack Obama reconnaît que la théorie des grands hommes qui font l'Histoire n'est pas tout à fait celle qu'il a expérimentée en cinq ans à la Maison Blanche.

 

" Le président des Etats-Unis ne peut pas refaire notre société, dit-il. Et c'est assurément une bonne chose. " Barack Obama indique qu'il a appris à apprécier la continuité de l'institution. " Le président est essentiellement un nageur de relais dans une rivière pleine de rapides, et cette rivière est l'Histoire. On ne commence pas avec une ardoise vide, et il y a des chances que l'on ne voie pas les fruits de ce que l'on entame. "

Un an exactement après le début de son deuxième mandat, Barack Obama est déjà presque nostalgique. Comme s'il se préparait à ne prendre qu'un modeste rang dans la lignée des 44 présidents américains. " Au bout du compte, nous faisons partie d'une histoire qui s'écrit depuis longtemps. Nous devons juste essayer de réussir notre paragraphe. "

David Remnick, le directeur du New Yorker, auteur d'une biographie fouillée en 2009, a accompagné le président dans une tournée de collecte de fonds en Californie puis l'a interrogé plusieurs fois, la dernière juste avant son discours du 17 janvier sur la NSA. M. Obama évoque ses relations avec Israël, son pari de négocier avec l'Iran, ses hésitations sur la Syrie (sur chacun de ces dossiers, il estime à " 50-50 " ses chances d'aboutir avant la fin de son mandat, indique le journaliste). Il est moins en quête de grande stratégie, dit-il, que de vrais partenaires.

Surtout, Barack Obama se confie (tout en continuant à mâcher des Nicorette). " L'une de mes forces est le tempérament. Je suis à l'aise avec la complexité, et je crois que je suis assez bon pour ce qui est de garder mon sens moral tout en admettant que je suis un produit du péché originel, explique-t-il. Tous les matins et tous les soirs, je prends la mesure de mes actions confrontées aux options et possibilités disponibles, (…) sachant qu'il y aura des limites au bien que nous pouvons faire et au mal que nous pouvons prévenir, qu'il y aura des tragédies, et que, du fait d'occuper ce bureau, je fais occasionnellement partie de cette tragédie. "

" Je suis un oiseau de nuit "

Maintenant que leurs filles ont grandi (Malia, apprend-on, développerait une vocation de cinéaste), les Obama reçoivent davantage pour des dîners privés. Les invités sont des amis démocrates, des chroniqueurs, des hommes d'affaires, un historien ou deux. Barack Obama boit " un Martini ou deux ", raconte le journaliste. Et il retient les convives. " Ne partez pas. Je suis un oiseau de nuit ! "

A trois ans de son départ de la Maison Blanche, le 20 janvier 2017, il est déjà presque projeté dans l'après. Les éditeurs pensent déjà que ses Mémoires atteindront un record historique (une avance de quelque 20 millions de dollars – 14,7 millions d'euros – et 12 millions pour celles de Michelle, qui y travaille déjà). Son ambition est réduite, même s'il a prévenu son équipe : " Nous sommes chargés de la plus grande organisation au monde et notre capacité à faire un peu de bien, sur le plan domestique ou autour du monde, est inégalée, même si personne n'y fait attention. "

Corine Lesnes (Washington, correspondante)

 

Source : Le Monde

 

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