Mauritanie: les défis 2014 pour Ould Aziz

Les sujets d'autosatisfaction sont suffisamment nombreux( des élections en passant par la croissance économique, le dialogue politique) pour le président mauritanien à quelques mois des présidentielles de 2014.

 

Ould Aziz se retrouve à une fin de quinquennat avec gloire pour un homme qui occupe depuis quatre ans la scène médiatique mauritanienne voire internationale mais dont le populisme a fini par exaspérer l'opposition .Pour rester dans cette dynamique, le locataire du palais de Nouakchott doit faire face à l'islamisme émergent du parti TAWASSOUL, à la fracture sociale grandissante et à la difficile cohabitation entre les communautés du pays.

Le 23 novembre 2013 la Mauritanie a connu ses premières élections législatives et municipales sous le régime de Ould Aziz depuis juillet 2009. Elections qui ont permis au parti de la majorité l'UPR de remporter plus de la majorité des sièges à l'assemblée nationale .La géographie du vote a été marquée aussi par l'avancée du parti islamiste de Ould Mansour TAWASSOUL avec 16 députés et qui devient ainsi la première force politique de l'opposition.

A l'aune de ces résultats le président mauritanien devra faire face à un nouvel islamisme mauritanien qui n'a pas dit son dernier mot malgré un visage plus modéré que les autres partis islamistes du Maghreb. Les derniers évènements qui secouent le pays sont très significatifs avec le soulèvement populaire à Nouakchott pour protester contre l'article blasphématoire du jeune Ould Mkheidin emprisonné actuellement à Nouadhibou. C'est le premier test 2014 auquel est confronté Ould Aziz qui a reçu cette semaine les manifestants pour réitérer l'engagement du gouvernement à prendre des mesures pour la défense de l'islam .Le réalité d'une Mauritanie islamique est bien présente.

Dans ce nouveau bras de fer entre le pouvoir et les citoyens Tawassoul semble en grande vitesse dans un processus d'un nouveau rééquilibrage des forces politiques en sa faveur. Hormis cette poussée des barbus le vainqueur des dernières élections se prépare dans son propre camp en consultant le président de l'UPR, le premier ministre et les notables du pays. Les observateurs s'attendent à un remaniement ministériel mais sans trop y croire compte tenu du fait que les présidentielles approchent .Prolonger le mandat de Ould Laghdaf serait synonyme plutôt de stabilité politique. C'est possible si le président « des pauvres » réduit la fracture sociale au moment où le pays enregistre une croissance économique constante depuis quelques années avec 6,7 pour cent en 2013, un record de la production du minerai de fer de 20 millions de tonnes et des réserves de devises estimées à 900 millions de dollars soit l'équivalent de plus de 7 mois d'importation. Cette embellie ne permet pas aujourd'hui d'enrayer le chômage massif des jeunes et des médecins pour un pays en développement et surtout la pauvreté grandissante des populations qui vivent en deça du minimum vital. Les sinistrés du quartier du Wharf de Nouakchott et des inondations passées, les déguerpis des « gazras » ou bidonvilles s'impatientent et rêvent de relogement et de partage des richesses du pays. La construction de logements sociaux est un impératif pour le gouvernement de Ould Laghdaf. Mais si le président mauritanien veut construire un avenir démocratique il devra s'atteler également à résoudre la difficile équation des communautés du pays et du dialogue inclusif inachevé entre le pouvoir et la COD.

La réconciliation entre tous les mauritaniens passe par le règlement du passif humanitaire dans le cadre d'une commission de justice et vérité pour lutter contre l'impunité des criminels des évènements de 89 à 92 sous le régime de Ould Taya. Après avoir gagné les élections de 2013 Ould Aziz lorgne 2014 pour un doublé gagnant. Ce n’est pas impossible un second quinquennat.

Bakala Kane{jcomments on}

(Reçu à Kassataya le 14/01/2014)

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