Le président Ibrahim Boubakar Keïta était en visite d’Etat en Mauritanie, le vendredi 10 janvier 2014. Une visite que nombre d’observateurs politiques situent dans le cadre du renforcement de la lutte contre le terrorisme dans le Nord-Mali et d’une manière générale dans la bande sahélo-saharienne. Cette hypothèse est d’autan plus probable, que le déplacement d’IBK en Mauritanie s’effectue au moment même où à Bamako, autorités militaires maliennes et françaises font le bilan de l’opération Serval, déclenchée le 11 janvier 2O13 et qui a permis la libération du Nord du Mali, occupé par le MNLA et des groupes islamistes armés.
On peut objectivement donc penser que la mise en commun des efforts dans la lutte contre les djihadistes sera au menu des échanges qu’IBK aura avec son homologue mauritanien. Le maintien et le renforcement des acquis de l’opération Serval seront sans doute évoqués par IBK qui souhaite voir la Mauritanie apporter son expertise et son expérience dans la lutte contre les islamistes.
Une guerre contre les terroristes se gagne rarement à 100%
Parlant justement de cette opération Serval, nombre d’observateurs considèrent que les objectifs militaires comme politiques de cette opération ont été atteints. On sait en effet que sans Serval, une bonne partie, non seulement du Mali, mais aussi de tout le Sahel, serait aujourd’hui sous le contrôle des Djihadistes. Non seulement leur descente sur Bamako a été stoppée, mais aussi les soldats français ont réussi à les poursuivre jusque dans leurs derniers retranchements, détruisant une grande partie de leur stock d’armement et surtout, démantelant totalement leur réseau. Les habitants des villes de Gao et Tombouctou ont été sauvées des pratiques inhumaines, cruelles et barbares qu’elles subissaient de la part de ces illuminés d’Al-Qaïda et l’Administration commence à se redéployer dans les villes naguère occupées.
Il s’agit maintenant de consolider les acquis de cette opération Serval et dans ce sens, l’armée française continue de garder un œil sur le Nord du Mali où des islamistes indécrottables sont régulièrement neutralisés et des stocks d’armes détruits. Certes, quelques poches de résistance existent encore, même si elles sont, pour des raisons stratégiques, en hibernation. Mais au regard de la spécificité du conflit et de la nature de l’ennemi, on ne pouvait pas raisonnablement s’attendre à plus de résultat. Du reste, afin d’empêcher que ces groupes se reconstituent ou se réorganisent dans le Nord du Mali, le président français François Hollande a décidé du maintien d’un détachement de 1000 soldats français qui resteront sur le sol malien. Une guerre contre les terroristes se gagne rarement à 100%.
En attendant, si IBK réussit à obtenir de Nouakchott l’envoi de troupes au Mali, il aura fait un pas de plus dans le sens de la victoire contre ce fléau
Cela dit, la lutte contre le terrorisme dans le sahel africain est une lutte de longue haleine, et elle se gagne en se serrant les coudes entre dirigeants de toute la zone sahélienne. Pour bouter les djihadistes hors de cette partie du continent, il ne faut pas laisser le moindre espace où ils puissent se replier et, ou se réorganiser. De ce point de vue, IBK est bien inspiré de vouloir amener la Mauritanie à faire partie de cette coalition internationale pour combattre le terrorisme islamiste. Il faut, dans la même logique, qu’IBK rende visite au président algérien Bouteflika ainsi qu’aux autorités de Tripoli qui ne semblent pas encore accorder à la lutte contre le terrorisme, toute la dimension qu’elle requiert. En attendant, si IBK réussit à obtenir de Nouakchott l’envoi de troupes au Mali, il aura fait un pas de plus dans le sens de la victoire contre ce fléau.
Dieudonné MAKIENI
Source : Le Pays
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