La fin des élections législatives et municipales de novembre et de décembre derniers, laisse la porte grande ouverte sur la présidentielle de 2014, qui se tiendra fort probablement au premier semestre du Nouvel An, avec la fin du premier mandat quinquennal de l’homme fort de Nouakchott Mohamed Ould Abdel Aziz, présentement candidat à sa propre succession.
Jusqu’à hier favori pour cette élection décisive, en raison de la prédominance préélectorale de son parti politique l’Union Pour la République (UPR),…
le Chef de l’Etat, est appelé à ménager sa monture dés à présent – pour qui vient de loin, surtout après les contreperformances électorales de l’UPR.
Force est de reconnaitre, que bien que disposant à la dernière échéance électorale d’une majorité confortable de 51%, Ould Abdel Aziz a nécessairement besoin de faire des prévisions plus réalistes pour cette future présidentielle cruciale, pour ne pas se retrouver avec les mêmes illusions électoralistes qui ont crédité l’UPR à de scores en deçà des pronostics.
Avec des candidats mécontents de leur non investiture par l’UPR, des rebelles au parti pouvoir et des perspectives incessantes de réajustement du conglomérat politique en fonction des résultats des dernières élections législatives et municipales ainsi qu’avec le risque élevé de grossir le cercle des insatisfaits, le baromètre de la prochaine présidentielle se trouve fortement secoué.
A ce va-et-vient des prévisions présidentielles, s’ajoutent des décisions prises par l’actuel pouvoir contre certains dissidents de l’UPR, qui présentent la menace de saignées hémorragiques difficiles à coaguler, à l’instar des remerciements faits récemment à des personnalités politiques influentes de Guerou dont l’ex conseiller du Président de la République Yahya Ould Mohamed Moustaph et son parent Ambassadeur à Rome, tous les deux limogés pour avoir favorisé la débâcle du parti au pouvoir dans cette citadelle arrachée par les islamistes.
Ce n’est là qu’un cas des nombreux mécontentements politiques et socioéconomiques qui pullulent dans le pays, car partout des cercles politiques se sentent frustrés malgré des années de fidélité et de soutien.
Mais, ces milieux rodés aux rouages politiques préfèrent agir dans la discrétion totale pour éviter le coup de patte du Président de la République, souvent invalidant, espérant prendre leur revanche le moment venu, à l’occasion de la tenue des scrutins présidentiels de 2014, pour freiner la réélection de Ould Abdel Aziz à un moment où ses humeurs n’auront plus d’effet.
A ces facteurs s’ajoutent d’autres non moins importants. Il s’agit en premier de l’action à court et à moyen terme de la COD, qui se trouvant actuellement hors jeu de la scène législative et municipale, pourrait retrousser ses manches pour mobiliser et sensibiliser ses troupes pour appuyer massivement le challenger le plus favori pour battre Ould Abdel Aziz à la future présidentielle et obliger du coup le pays à la réorganisation de nouvelles élections législatives et municipales consensuelles inaugurant le désaveu de l’UPR, tout en lui ouvrant la porte pour prouver de nouveau sa popularité.
Sur un autre plan, l’APP et El Wiam, les grands mécontents de l’actuelle élection législative et municipale ainsi que les autres partis de la majorité, difficilement récupérables en raison de leur impopularité humiliante, qui ne peut même pas leur servir pour aspirer à un quelconque strapontin, sont des facteurs qui peuvent militer dans le sens d’un contre d’une nouvelle réélection de Ould Abdel Aziz aux commandes du pays pour un nouveau quinquennat.
Le tableau n’est guère clos, puisque le parti islamiste, sorti plus engagé que jamais pour réaliser d’autres prouesses électorales, définissant la présidence du pays comme l’un de ses objectifs principaux , ainsi que de gros lobbys économiques et sociaux hostiles à l’actuel pouvoir, s’estimant victime de la marginalisation au cours des 5 dernières années peuvent servir d’obstacles sérieux à ce second mandat présidentiel.
Comme la présidentielle mauritanienne de 2014 sera forcément bien intégrée à la diplomatie régionale et sous-régionale, et partant du constat que le pouvoir de Ould Abdel Aziz ne sait pas toujours fait des amitiés solides et sincères, particulièrement avec le Maroc et le Mali, malgré des simulacres d’un courant qui passe bien, c’est là aussi un élan extérieur qui peut susciter des actions menées par main interposée à l’intérieur du pays pour rendre la réélection de Ould Abdel Aziz plus complexe.
Toutefois, comme dit l’adage, il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué, Ould Abdel Aziz est un fin stratège que les observateurs politiques les plus avertis ont souvent échoué à discerner le génie politique.
En atteste, les jugements qu’il donne régulièrement de sa personne et qui mettent en question tous les procès attentés à sa personne, notamment à la mésaventure de Touiela où il était donné KO pour présider aux destinées de la Mauritanie.
Jouissant actuellement d’un satisfecit quasi généralisé de la communauté internationale, des USA, de l’Espagne, de la France et de l’Union Européenne dans une moindre mesure, ainsi que des observateurs africains, l’homme fort de Nouakchott, qui avait battu ses farouches opposants un certain juillet 2009, pourrait bien rééditer l’exploit, en réactivant son système électoral D, face à des challengers qui peuvent difficilement créer l’unanimité des mauritaniens autour d’eux, voire des leaders politiques autour de leur candidature.
Md O Md Lemine
Source : Le Rénovateur le 28/12/2013{jcomments on}
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