La politique est-elle une nécessité sans laquelle rien ne marche ou au contraire un vice qui détruit les rapports entre les hommes en entretenant la haine et la division ?Dès lors se pose l’autre question de savoir s’il y a plus d’avantages dans l’exercice de la politique que d’inconvénients ?Les mauritaniens se font une certaine idée de la politique qui très souvent se limite à des considérations rétrogrades la réduisant à des rivalités entre clans , chapelles politiques et plus graves…
à des animosités familiales où des oppositions féroces engendrent des ruptures brutales qui pourraient durer des décennies sans jamais aboutir à des réconciliations.
Ainsi une famille peut se disloquer à cause des positionnements politiques alignées derrière des leaders à la cherche d’une notoriété. Des exemples sont encore là pour rappeler des guerres fratricides qui continuent de nourrir des adversités politiques dans la société.
Comme si le temps n’est pas en mesure de faire oublier des événements rentrés désormais dans l’histoire. Ceux qui se posaient comme les chefs spirituels de la politique aux premières années de l’indépendance ont laissé un lourd héritage à leurs successeurs qui dans la plupart des cas ne se sont pas démarqués des vieux stéréotypes traditionnels.
Chaque région du pays a conservé les vieilles pratiques léguées par des vétérans dont certains refusent de céder la place en dépit de l’âge. Leurs décisions pèsent dans les affaires de la collectivité où ils influencent toujours certains choix à opérer.
L’ombre des barons du système ancien plane à chaque fois que la politique reprend du service durant des échéances populaires. Chaque système dirigeant se réfère aux vieux dispositifs qu’il place à ses côtés pour faire fonctionner la machine politique.
C’est ainsi que tous les démons ayant participé aux pillages des ressources économiques du pays reviennent au-devant de la scène pour profiter davantage des privilèges que leur offrent leurs rangs au sein de la haute hiérarchie politico-administrative.
Le partage restreint des fonctions et des primes permet à ces éternels laudateurs et flagorneurs de faire main basse sur les richesses du pays au détriment de la majorité des mauritaniens notamment d’une jeune élite qui n’arrive pas à monter par le mérite dans les hautes sphères de l’Etat.
Ceux qui y arrivent sont passés par des chemins du népotisme et du favoritisme. Tous les régimes post-Daddah se sont contentés de réutiliser les recettes tribalo-ethniques héritées de leur prédécesseur.
Taya a réactivité cette fibre sociale pour inonder son système de ce dosage érigé en mode de gouvernement. Une classe d’opportunistes et de parvenus sans foi ni loi s’est installée comme des mouches sur une goutte de miel, se mettant pendant plus de vingt ans à dépecer la République.
De nouveaux riches émergent du néant grâce au pillage des dénier publics. Les affaires de toutes sortes se développent. Les valeurs morales censées soutenir une bonne gouvernance sont travesties. Le respect pour la chose publique ne fait plus recette dans un pays où la course à l’enrichissement illicite était devenue l’unique moyen de profiter des avantages de la politique du ventre.
La politique n’était plus qu’une arme de chasse pour rapporter du butin. Elle retrouve ses marques à la moindre occasion. C’est de cette façon que le pays est géré encore par des arrivistes habillés avec d’autres costumes et excellent dans l’art de recyclage aux produits de chaque système pour mieux exercer leur mission de prédateurs infatigables. Le pire des mensonges c’est de déclarer que la guerre contre les « mouvsidine » est gagnée !
Cheikh Tidiane Dia
Source : Le Rénovateur Quotidien
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