Loupe du Jour : Le temps de l’impasse

Depuis la tenue samedi 23 novembre 2013 du premier tour des élections législatives et municipales, le pays vit dans l’impasse.Ni la proclamation par la CENI des résultats partiels, ni les contestations fournies et appuyées des différents acteurs politiques, ni les sorties agressives de la COD n’y ont fait quelque chose, le pays semble mourir de sa propre mort.Presque rien ne s’y passe plus, même si tant bien que mal, la vie essaie de reprendre de sa normalité, si tant est qu’il y a normalité dans ce pays.

 

Deux semaines durant, nous avons eu droit au grabuge, à la musique non stop et à trop peu de discours. Les acteurs politiques, ou ceux qui se présentent comme tels, ont privilégié le folklore et la sonorité. Tous les « ingrédients » d’une fête étaient réunis : jeunes déchaînés, tentes bien ornées, musique non stop, thé sans arrêt sous la tente et d’autres choses encore.

On l’avait prédit, notre campagne qui n’a dérogé à aucune des règles préétablies depuis 1991, aura été creuse et terriblement vide. Le citoyen qui s’était habitué aux mêmes cérémonies folkloriques, au même faste « illicité » dans la rue, n’a vu se rééditer devant ses yeux que la pâle restitution de ce qui se passait avant.
C’est dire que la campagne a été l’occasion de s’adonner à tout, sauf à la politique.

On ne se mettra pas à regretter les acteurs de la COD qui ont décidé de boycotter les échéances, mais d’aucuns sont obligés de constater que les grands débats de société n’ont pas été discutés, disséqués, débattus et expliqués.

Les questions de l’éducation qu’il faut donner à nos enfants, des modes de gestion qu’il faut suivre pour notre pays, les mécanismes de redistribution du pouvoir et des richesses entre les fils de ce peuple, les règles d’équité et d’égalité entre citoyens -qui n’ont jamais été une réalité dans ce pays-, la réhabilitation du service public sont autant de problématiques qu’il fallait débattre , en vain.

S’y ajoutent naturellement les épineuses questions qui font peser d’énormes menaces sur notre cohésion et notre unité nationale, à savoir les questions de l’esclavage et des injustices criantes qui se pratiquent encore à ciel ouvert dans cette Mauritanie. Pays de contradictions par excellence, la Mauritanie ne peut pas se construire sans cette discussion et ce débat que la classe politique n’a pas voulu, ou n’a pas pu engager.

Il faut bien le dire : nos hommes politiques, hypocrites par excellence, sont les alliés objectifs d’un Etat qui ne tolère point la discussion d’où peut jaillir le progrès. Les clichés désuets d’un Etat qui doit rester toujours fort et implacable, sont entretenus par une classe de leaders, avides de pouvoir et de prébendes.

Voilà pourquoi nos hommes politiques n’ont pas débattu durant la dernière campagne électorale, chacun préférant jouer à la politique de l’Autriche en enfouissant sa « tête » dans le sable aux fins d’éviter de soulever des questions qui ne font pas « l’unanimité », comme s’il y avait une seule question sur laquelle tout un peuple pouvait être unanime !

La campagne comme l’après-campagne, n’ont finalement pas profité au pays, loin s’en faut. Ils n’auront servi qu’aux moutons de Panurge que sont les hommes politiques et leurs partis, qui auront fêté près d’un mois durant au carnaval du folklore et de l’opportunisme. N’en n’était-ce pas la saison, ou plutôt, la raison ? !

 

Cheikh Tidiane Dia

 

Source : Le Rénovateur Quotidien

 

Les opinions exprimées dans la rubrique Tribune n'engagent que leurs auteurs. Elles reflètent en aucune manière la position de www.kassataya.com

 

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page