Sans surprises, et après une semaine d'attente, la CENI a confirmé ce que les observateurs annonçaient déjà, à savoir la large victoire de l'UPR, tant au niveau des législatives, qu'au niveau des municipales.
L'UPR remporte ainsi, dès le premier tour, 56 des 121 sièges de l'Assemblée nationale et 81 communes sur les 280 que compte notre pays.
Si l'on ajoute à ces chiffres les 34 sièges remportés par des partis de la Majorité, c'est bien de la majorité absolue dont bénéficie la majorité présidentielle.
La grande inconnue de ces élections était le poids des islamistes de Tawassoul. Ce sont 12 députés apparentés « islamistes modérés » qui font leur entrée au Parlement. Le parti de Jemil ould Mansour remporte, dès le premier tour, 3 communes.
Tawassoul devient donc, grâce au boycott de la COD, le premier parti d'opposition.
Au vu du nombre de recours déposés, aussi bien par des partis d'opposition que par des partis de la mouvance présidentielle, la CENI a annoncé un report de 15 jours du second tour, datant celui-ci au 21 Décembre.
Il reste donc 2 semaines à la majorité présidentielle pour « fignoler » sa victoire, sachant pouvoir compter sur les reports de voix.
Et 2 semaines à Tawassoul pour s'ancrer à Nouakchott.
Par delà ces élections il reste une question en suspens : la légitimité du scrutin dès lors qu'une partie de la classe politique a appellé au boycott. Ouvrant ainsi un boulevard aux anciens alliés que sont les islamistes.
On ne saura jamais ce que l'opposition dite « traditionnelle » aurait pesé dans ces élections, en particulier, le poids du RFD.
Mais une chose est sure : Ahmed ould Daddah a perdu, de facto, son rôle de « leader de l'opposition », son parti ne possédant plus de députés.
Ce passage de témoin préfigure les crispations et les tensions de demain sur une scène politique mauritanienne déjà paralysée par le bras de fer engagé par la COD avec Mohamed ould Abdel Aziz depuis les Accords de Dakar.
Nous savions les islamistes en embuscade. Ils ont prouvé leur force de mobilisation et de rassemblement, bénéficiant du patient travail de terrain effectué depuis des années au sein de populations touchées de plein fouet par la crise économique ( nonobstant les « bons » chiffres de notre croissance économique) et déboussolées par une présupposée « pertes de valeurs » et d'identité de notre société.
Aziz ne pouvait rêver mieux : une majorité présidentielle victorieuse, une COD en rade au bord du chemin, des islamistes dits modérés sur qui il pourra compter pour lutter contre l'extrêmisme religieux, une opposition dialoguiste qui n'obtient que 19 sièges, des présidentielles qui s'annoncent sous de bons auspices pour la majorité, une masse d'électeurs, en particulier à l'intérieur du pays, étant « canalisée » et un Parlement qui votera sans broncher et sans états d'âmes.
Et, en toile de fond, les agitations et les cris d'une opposition qui aura râté un rendez-vous : celui du jeu démocratique et, ainsi, qui aura « servi » le pouvoir actuel, lui offrant sur un plateau majorité absolue et pouvoir renforcé, se liant les mains et condamnée aux protestations tout en ne pesant sur rien.
Alors, oui ces élections perdent une partie de leur crédibilité du fait de l'absence de la COD; oui leur légitimité peut être discutée indéfiniment.
Et, oui , l'opposition a perdu l'occasion d'être un vrai contre pouvoir, de peser sur l'avenir du pays.
L'avenir nous dira si de cette stratégie de la chaise vide sortira du neuf.
Espérons au moins que ces « vacances » permettront, à défaut d'autre chose, de laisser émerger de nouveaux leaders, de renouveller les hommes, de repenser l'opposition, d'offrir à tous ceux qui ne se reconnaissent pas dans la majorité présidentielle une alternative crédible.
Le constat est amer : échec et mat pour le pouvoir, sur toute la ligne…
Mariem mint DERWICH{jcomments on}
le 04/12/2013
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