Vendredi, 22 novembre. Gare routière à Nouakchott. « Alors ça va, qu’est-ce que tu fais ici ? Tu voyages
? Oui, je vais voter et je reviens dimanche pour reprendre le boulot. »
« Allo, tu es ou ? Je suis au village, je vais voter et je reviens demain inchallah. »
La transparence, la liberté, le libre choix, la démocratie, le consensus…les partis ayant appelé à boycotter les élections du 23 novembre en Mauritanie mettent en avant les principes démocratiques. Ils en appellent à l’organisation d’élections libres démocratiques, transparente et crédibles. Mais en fait, quel est le poids de la demande démocratique dans le choix des citoyens. L’acte de voter, en Mauritanie, a encore une dimension ethnique, tribale, familiale, raciale très marquée. On vote pour donner un coup de main au cousin ou au frère, a la tribu, à la famille…
Quand ton cousin, ton frère, ton oncle, quelqu’un de ton village ou de ta région est candidat, si tu boycottes, c’est parce que « tu ne lui veux pas du bien. » Ka hassidi.
Si l’électeur n’a pas de cousin ou frère candidat, on peut l’attirer avec l’agent. C’est l’achat de consciences.
Ajouter à toutes ces motivations, les pressions du pouvoir en place, il ne reste presque rien pour les préoccupations démocratiques.
En 2007, à l’assemblée nationale, l’UFP était la deuxième formation politique de l’opposition. Contre toute attente, son candidat à la présidentielle, Mohamed Ould Maouloud, s’est classé septième avec 04, 08%. Sur les raison de ce faible score, il avait déclaré : « « Je considère que mon pourcentage est très important car il rassemble des mauritaniens convaincus d’idées vitales pour l’avenir de la démocratie et de la souveraineté de la Mauritanie. Je suis sur que leur nombre grandira.» Et, quand on lui a demandé ce qui a le plus déterminé le choix des électeurs, il a répondu « « L’influence du pouvoir qui a favorisé certains candidats, le sentiment identitaire, d’appartenance tribale, régional ethnique, et les moyens. Par rapport à ces trois facteurs, nous sommes limités.»
Le nombre d’électeurs soucieux de plus de démocratie, de transparence, de liberté…n’a visiblement pas grandi. Peut être même qu’il a diminué avec un taux de participation de plus de 75% aux élections municipales du 23 novembre. Ceux qui rêvent d’un électorat libéré des lourdeurs familiales, ethniques, tribales, régionales, raciale, féodales, vénales…sont encore minoritaires en Mauritanie. Ceux qui ont appelé au boycott n’y avaient peut être pas pensé. Mais, il y a espoir car, « au début, on est souvent minoritaire.»
Khalilou Diagana
Source : Le Quotidien de nouakchott
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