Absent de la scène politique depuis son retrait volontaire de la direction du RND, Ahmed Ouyahia a surgi de là où on ne l’attendait pas. En Mauritanie, où il a présidé la délégation des observateurs de l’UA. Prélude à un come-back sur la scène nationale ?
Il est apparu là où on l’attendait le moins. L’ancien Chef de gouvernement, Ahmed Ouyahia, est apparu à Nouakchott en Mauritanie, à l’occasion de la tenue des élections législatives et locales du 23 novembre. À la tête de la délégation des observateurs de l’Union africaine qui lui a été proposée et qu’il avait acceptée, selon nos informations, Ouyahia marque son retour sur la scène politique après une éclipse et un silence assez long, depuis sa démission du secrétariat général de son parti, le RND, et sa mise à l’écart du gouvernement, en septembre 2012.
Sur proposition pour conduire la délégation de l’UA, Ahmed Ouyahia a accepté la mission même si elle se présentait sous un jour difficile étant donné la scène politique compliquée du pays. À travers notamment une opposition islamiste radicale sans concession et le parti au pouvoir, l’UPR et la foule de petits partis qui gravitent autour de lui. Avec les boycotteurs, une dizaine de partis radicaux, la scène politique mauritanienne est composée de quelque 70 partis de différentes envergures pour une population qui dépasse à peine les 3 millions d’habitants. Ce n’est pas étonnant qu’une petite ville de l’intérieur, vers le Sud, s’appelle Siyassa (politique). Des partis qui se permettent tous les coups.
Sur le terrain, Ahmed Ouyahia est considéré comme un Premier ministre en exercice, perçu comme tel et est reçu même dans les rues avec les honneurs. Pour l’anecdote, un policier affecté à la sécurité devant le QG de la mission d’observation, surpris par la présence d’Ahmed Ouyahia, a vite réagi en appelant ses confrères à présenter les armes comme dans une parade de visite officielle.
Évidemment, la Mauritanie s’honore d’accueillir la délégation de l’UA conduite par un ex-Chef de gouvernement et un ambassadeur, tous les deux algériens. La presse étrangère, présente en force pour cet événement, participera à la course à l’Ouyahia, notamment aux abords du quartier général de la mission situé à côté du stade de Nouakchott. Il était sollicité de partout alors que son agenda était trop “serré”.
L’hôtel où est hébergé la majorité de la mission — ils sont 34 observateurs de 17 nationalités africaines alors que la délégation des observateurs algériens est composée de 10 membres — s’est vite transformée au départ en point de chute des observateurs avant de devenir une ruche avec le va-et-vient incessant et donc impossible d’accrocher Ouyahia sollicité de toutes parts. À peine si les journalistes ont pu lui arracher des réponses furtives étant donné que l’homme était trop pris.
Dans sa tenue de circonstance, gilet et pantalon flanqués du logo de l’UA ou en costume, Ouyahia paraissait évoluer dans “son milieu naturel” sans un signe d’affection “politique” en Algérie. Bien au contraire, c’est un Ouyahia décontracté, souriant et saluant tout le monde. Mais c’est un homme pressé. Les observateurs étaient disséminés à travers toutes les régions du pays et rendent compte au fur et à mesure du déroulement du scrutin.
Laborieuse mission pour tous les observateurs : UA, UE, Algérie, OCI…
Au lendemain du scrutin, dont certains partis de l’opposition avaient dénoncé des irrégularités, les observateurs ont commencé à rentrer.
Le matin, regroupement des observateurs africains sous la présidence d’Ouyahia alors que les médias mauritaniens avaient déjà entamé l’annonce des résultats partiels.
Discussions et débats prennent une partie de la journée autour du rapport alors qu’Ouyahia avait prévu une conférence de presse à l’issue des travaux. Et Ouyahia est devenu presque invisible, absorbé par l’élaboration du rapport final.
Mardi, dans sa conférence de presse, il a déclaré que “le scrutin s'est déroulé dans une atmosphère apaisante et permettant la contribution des acteurs du processus électoral et de la société civile”, selon l’agence mauritanienne, AMI. Malgré quelques insuffisances relevées, Ouyahia a estimé que “les conditions réunies pour le déroulement du scrutin constituent des avancées considérables réalisées (…) sur la voie de la consolidation de la transparence électorale”. La mission de l’UA a salué la retenue des boycotteurs et a appelé le gouvernement et l’opposition à la concertation.
Pour sa première sortie sans casquette, Ahmed Ouyahia semble se remettre en scène par le biais continental.
Source : Liberté Algérie
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