Le score des islamistes de Tewassoul aux législatives et municipales de samedi en Mauritanie, seul parti de l’opposition dite “radicale” à y participer, est la grande inconnue de scrutins pour lesquels le pouvoir du président Mohamed Ould Abdel Aziz part favori.
Quelque 1,2 million de Mauritaniens sont appelés à voter pour ces élections législatives et municipales destinées à renouveler l’Assemblée nationale de 147 députés et les conseils municipaux de 218 communes.
Ce sont les premières depuis 2006, deux ans avant le coup d’Etat de Mohamed Ould Abdel Aziz, un ancien général élu président en 2009 dans des conditions contestées par l’opposition.
Soixante-quatorze partis politiques de la majorité présidentielle ou de l’opposition dite “modérée” y participent, mais ces scrutins sont boycottés par dix des onze partis de l’opposition dite “radicale”, rassemblés au sein de la Coordination de l’opposition démocratique (COD) qui dénonce l’absence “de garanties de transparence” .
Le parti islamiste Tewassoul, membre de la COD, a, lui, décidé d’aller à ces élections, car c’est, selon lui, “une forme de lutte contre la dictature” du président Ould Abdel Aziz.
Seul le parti présidentiel, l’Union pour la République (UPR), se présente dans toutes les circonscriptions, ce qui en fait le grand favori.
Il est talonné par Tewassoul qui participe à sa première élection depuis sa légalisation en 2007, et par deux partis de l’opposition “modérée”, l’Alliance populaire progressiste (APP) du président de l’Assemblée nationale, Messaoud Ould Boulkheir, et Al-Wiam, dirigé par des tenors du regime de l’ancien président Maaouiya Ould Taya (1984-2005).
Ces scrutins permettront d’évaluer la capacité de mobilisation de Tewassoul dont le “référentiel islamiste” est dénoncé par le parti au pouvoir comme une tentative de “s’approprier la religion islamique qui est nous appartient à tous”.
“Révélation ou dégringolade” de Tewassoul
L’UPR s’interroge en outre sur “la très grande fortune de ce parti” et sur son origine, en lui demandant de se démarquer des Frères musulmans qui ont “commis beaucoup de dégats dans le monde arabe et musulman”.
Les islamistes, qui se présentent en principaux challengers de l’UPR, n’ont cessé de dénoncer durant la campagne l’usage “illégal par le parti au pouvoir des moyens de l’Etat et de ses attributs”. Le président de Tewassoul, Jemil Ould Mansour, rappelle que “l’islamité” du message de son parti “date de sa création, contrairement à ceux qui veulent se l’attribuer le temps d’une campagne”.
Selon les observateurs, soit Tewassoul sera la principale “révélation” de ce scrutin, soit ce “sera la dégringolade fatale” pour un parti naissant qui s’investit largement dans les actions sociales en faveur des plus pauvres.
Les élections de samedi seront aussi un test pour le reste de la COD et de ses dirigeants qui affirment qu’elles vont “accentuer la crise politique dans le pays” et se tenir “au détriment de sa démocratie”.
Avec leur appel à boycotter ces élections, les dirigeants de la coalition de l’opposition “radicale” tablent sur un taux d’abstention “relativement important” qui sera la preuve, selon eux, de leur capacité de mobilisation contre le pouvoir.
Cependant, Ahmed Ould Daddah, chef de file de l’opposition “radicale”, a averti mardi à Nouadhibou (nord-ouest) que le parti au pouvoir “s’apprête à frauder comme il l’a fait en 2009 lors de la présidentielle”.
Le scrutin est organisé et supervisé par une Commission électorale nationale indépendante (Céni), constituée à parité entre la majorité présidentielle et la Coordination pour une alternance pacifique (CAP, opposition modérée)) qui avait conclu en 2011 des accords avec le pouvoir.
Outre la création de la Céni, ces accords ont aussi permis d’introduire une forte dose de proportionnelle et de donner une place plus importante aux femmes à l’Assemblée nationale où elles disposeront d’au moins 20 des 147 sièges.
La campagne électorale qui, sans incidents majeurs, a viré au duel entre Tewassoul et l’UPR, s’achève jeudi et, dès le lendemain, les quelque 18.000 membres des forces armées et de sécurité iront voter, un jour avant les autres Mauritaniens.
LNT/MAP
Source : La Nouvelle Tribune (Maroc) le 20/11/2013{jcomments on}
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