Un  » Coup de tête  » qui dérange Zidane

Le " coup de boule " de Zinédine Zidane à Marco Materazzi, lors de la Coupe du monde 2006, est un sujet de débat inépuisable. Après le geste, Coup de tête, la sculpture qu'en a fait Adel Abdessemed, est désormais motif à controverse.

 

L'histoire débute quand l'un des deux exemplaires en bronze de la sculpture, de 5,40 mètres de haut, est acquis par la Qatar Museums Authority (QMA) de Doha, début 2012. Ce bronze est ensuite présenté devant le Centre Pompidou à Paris, pour l'exposition de l'artiste " Je suis innocent " (du 2 octobre 2012 au 7 janvier 2013). Il rejoint ensuite Doha où il est installé sur la Corniche, le 3 octobre, pour l'exposition " Adel Abdessemed : l'âge d'or " du Mathaf, musée d'art contemporain de la ville. L'emplacement a été choisi au terme de discussions entre l'artiste et QMA.

Le 28 octobre, Adel Abdessemed est informé par Pier Luigi Tazzi, commissaire de l'exposition au Mathaf, que Coup de tête a été enlevé de la Corniche. Le 31, sollicitée par Le Monde, la QMA répond que l'œuvre est déplacée au Mathaf pour y rejoindre l'exposition. Un enlèvement précipité qui endommage la sculpture.

Pourquoi a-t-elle été retirée ? Deux raisons sont évoquées par la presse qatarie et les réseaux sociaux : l'œuvre donnerait un mauvais exemple antisportif, fâcheux dans le pays auquel a été attribuée la Coupe du monde de football 2022 ; elle heurterait les convictions de l'islam, hostile à la représentation humaine.

Selon Adel Abdessemed et Pier Luigi Tazzi, la vraie raison est autre. Dans une note rendue publique le 13 novembre, M. Tazzi écrit : " Nous avons la suspicion légitime, confortée par certains témoignages hautement crédibles, que M. Zidane, en tant que membre du comité organisateur de la Coupe du monde 2022 (…), est intervenu directement ou indirectement sur la décision du QMA de retirer l'œuvre d'Adel Abdessemed. Il aurait par conséquent obtenu à Doha ce qu'il n'avait pas réussi à obtenir à Paris. "

" Sans objet "

Cette phrase se fonde sur un échange de lettres entre Zinédine Zidane et l'artiste durant l'exposition à Beaubourg. Dans un courrier du 5 novembre 2012, le footballeur affirme que " cette exploitation – de son image – est faite en violation de – s – es droits ". " Inutile de vous dire à quel point il est blessant et insupportable de voir ce moment particulièrement douloureux de ma vie devenir un objet d'attraction touristique et un sujet de photo souvenir d'un moment que nous souhaiterions tous oublier, même si je l'assume ! " Il conclut : " Je vous remercie de me confirmer que vous cessez ou faites cesser toute exposition publique de la pièce litigieuse à la fin de cette session au Centre Pompidou. "

M. Abdessemed objecte qu'il s'est saisi de l'image circulant sur Internet " à diffusion mondiale, d'un événement public – probablement l'événement le plus public possible ! " et que son œuvre ne peut affecter en elle-même la réputation du joueur. Cet échange donne à penser à l'artiste et ses proches qu'il y aurait eu intervention de M. Zidane auprès d'un pays peu désireux de lui déplaire ou d'indisposer ses amis de la FIFA. Sollicité par Le Monde, M. Zidane nous a fait répondre que la question de son hypothétique intervention était " sans objet " et n'appelait de sa part aucun " commentaire particulier ".

Philippe Dagen

 

Source : Le Monde

www.kassataya.com

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