Entre quelques débandades de l'UPR à cause de têtes de listes plus ou moins inconnues, liées aux plus hautes autorités du pays, les incompréhensions grandissent sur une supposée "stratégie azizienne".
Voilà peut-être le premier président mauritanien à avoir saisi l'esprit et la nature de peu de convictions des politiciens du pays.
Trafics d'influence, tribalisme et népotisme sont les ingrédients principaux du cocktail électif dont le premier tour aura lieu le 23 novembre prochain. A l'honneur, proches de généraux, proches de notables de l'UPR, et même du premier ministre Mohamed Ould Laghdaf. Son frère "s'est porté candidat pour le poste du maire de la commune de Bango" par exemple, rapportait dimanche le site électronique Alakhbar. Tandis que la candidature du général Ghazouani était validée pour la commune de Boumdeid. Des élections qui s'annoncent être une véritable affaire de familles.
Et un grand retour en arrière dans la "démocratie mauritanienne". "En fait ce n'est pas un retour en arrière. C'est complètement inédit : même au temps de Taya, il y avait un certain respect des notabilités communales et régionales. Là, avec des têtes de listes illogiques, et triées sur des bases tribales, Aziz fait aux notables et politiciens mauritaniens, un formidable pied de nez" explique un cadre d'APP, le parti de Messaoud.
Les cris d'orfraie se font entendre de "membres" de l'UPR qui quittent le parti, pointant du doigt ces "listes injustes et inéquitables". Manque de clairvoyance tactique? "Aucunement! Aziz ne fait pas une erreur politique. C'est quelqu'un qui ne se projette pas à mon humble avis au-delà de dix ans à la tête du pays. Parallèlement après 20 ans au palais avec Taya, il a vu comment les proches de celui-ci l'ont abandonné, sans état d'âmes, quand sa chute est venue. Ils l'ont lynché médiatiquement. Pourtant que n'a-t-il pas fait pour eux? Quels incroyables privilèges ne leur a-t-il pas accordé? Aziz a vu que l'homo politicus mauritanien est un molosse sans foi, ni convictions, qui aboie beaucoup mais ne mord pas vraiment" analyse le cadre.
Le but de ces têtes de listes balancées tous azimuts dans tout le pays, que les analystes disent ne pas comprendre, rejoindrait l'idée de vouloir briser les politiciens, contrairement à Maouiya par exemple qui les avait posés sur un piédestal. Et renforcer cette oligarchie militaire, qui en réalité dirige le pays.
Oligarchie militaire
Le pouvoir actuel de l'état n'est pas bâti autour d'un président central, qui serait Aziz, même si ce dernier est la figure de proue de ce système. En fait, comme une junte de généraux, c'est un sommet multi-céphal, complètement opaque, avec un corps armé à chacun des principaux et plus proches généraux d'Aziz.
"Ce n'est plus effectivement un pouvoir à sens unique, mais un pouvoir partagé entre plusieurs généraux. Ghazouani peut prendre des décisions qu'Aziz ne peut pas contredire. Avec une telle oligarchie militaire qui tend vers le modèle algérien, où Bouteflika est la façade publique du pouvoir, il n'y a plus besoin de civils forts, donc de chercher à plaire à tout le monde!" argue Reda Dali chercheur français en sciences politiques, et dont la thèse a porté sur le tribalisme et les élections en Mauritanie.
D'ailleurs, l'union européenne principale contributrice financière lors des dernières grandes élections mauritaniennes, ne déboursera pas un kopeck pour celles-ci, considérant que les conditions ne sont pas réunies pour un réel choix de vote, "les principales forces vives de l'opposition étant absentes lors des prochaines élections" assure une source de la représentation européenne à Nouakchott.
MLK
Source : Noor Info le 29/10/2013{jcomments on}
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