La colère des marchands ambulants

Crédit photo : Laura Martel / RFI

 

 

 

 

Après l’assaut musclé des éléments du Groupement General de la Sécurité Routière(GGSR) au niveau du marché central, les marchands ambulants continuent de crier leur colère et peinent à avaler cette pilule amère.

 

Les marchands ambulants continuent de ruminer leur colère contre les autorités à la suite de l’opération musclée du GGSR. Chassés des principaux centres de vente de la capitale, les vendeurs à la criée vivent des moments de calvaire sans précédent. Beaucoup de marchands ambulants ont perdu leurs marchandises pendant les descentes musclées des forces de l’ordre. Lesquelles n’hésitent pas à confisquer des étals devant les propriétaires qui, les yeux hagards, n’ont pu que constater les dégâts de manière impuissante, du fait du dispositif de sécurité installé pour parer à toute riposte. Cette intervention a eu lieu dans les artères et aux alentours du marché central dit marché de la capitale.

Sur le trottoir du marché de la capitale, l’ambiance n’est plus comme avant depuis que jeudi dernier, la soldatesque de Mesgharou a entamé son opération de déguerpissement. Les allées sont désengorgées et beaucoup d’espace est dorénavant libre. « Nous ne faisons que gagner notre pain de façon légale, comme nombre de nos compatriotes. Nous avons des familles à nourrir. Au lieu d’aller voler, nous avons choisi de gagner dignement notre vie, alors qu’ils nous foutent pas la paix » peste Alassane Dia, marchand ambulant originaire de Boghé. C’est aussi l’avis de Mohamed Maouloud qui les yeux hagards, peste : « l’Etat se fiche des pauvres. Au lieu de nous construire des places pour que nous puissions vendre tranquillement nos marchandises, il met à nos trousses des policiers sans vergogne qui emballent nos marchandises sans que nous puissions piper un mot ». Et d’ajouter : « en Mauritanie être pauvre, c’est vivre dans l’enfer et la dominance des politiques médiocres …Qu’ils nous laissent pratiquer nos petits commerces parce que c’est avec ça que nous entretenons nos familles ».

« Nos ventes ont chuté depuis cette opération. Nous ne pouvons plus vendre sereinement et nous risquons de ne rien amener à nos familles au Sénégal pour la fête de tabaski » fustige Serigne, vendeur de lunettes et de montres. C’est le même cri de colère pour Moussa NDiaw, éducateur : « C’est injuste de demander aux jeunes de déguerpir sans pour autant leur créer des boulots. Ces jeunes sont souvent des soutiens de famille qui ont choisi de ne pas baisser leurs bras pour aider leurs parents. Ils sont au moins dignes et n’ont pas choisi la facilité comme vendre la drogue, se prostituer, voler ou agresser d’honnêtes citoyens ». Et d’ajouter : « imaginez le calvaire qu’ont les jeunes mauritaniens dans leur pays sans parler ceux qui sont des immigrés à l’extérieur ».

Au sein de l’opinion, les avis sont divers : autant certains jugent l’opération de salubrité publique inopportune, autant d’autres pensent qu’elle est nécessaire. « Les Mauritaniens doivent être fiers de voir Nouakchott ressembler à une capitale moderne à l’image de beaucoup de pays africains. Les Mauritaniens ne peuvent plus continuer à donner l’image de gens désorganisés, sales, bédouins et irrespectueux des bonnes règles de vie commun » souligne un haut cadre qui a gardé l’anonymat et qui se trouvait sur les lieux. L’homme devait estimer en substance qu’il est temps de mettre un peu d’ordre dans ce pays qui se trouve au bord du naufrage, précisant qu’il ne comprenait pas sur quoi se basent les marchands ambulants pour réclamer des droits d’occuper sauvagement l’espace public. « Laisser les marchand ambulants occuper les voies publiques serait une injustice à l’égard des commerçants qui payent légalement des cantines ainsi qu’à tous ces braves citoyens qui payent de leurs impôts la construction des routes et des trottoirs » souligne Ahmed, un propriétaire d’une boutique dans le marché. Son colocataire était lui plus optimiste « des opérations du genre ont toujours été menées contre les vendeurs ambulants, sans lendemain. La dernière en datte avait été organisée il y a juste six mois, elle a duré deux semaines, et puis, flop, les choses sont revenues en l’état. Policiers, gardes, vigiles ont tour à tour étaient mis à contribution. En vain ! Ce ne seront certainement pas les agents du GGSR du général Mesgharou qui viendront définitivement à bout des vendeurs ambulants ».

Cheikh Oumar NDiaye

Source  :  L'Authentique le 11/09/2013{jcomments on}

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