Kaédi : SOKIMET entre les mains des juges

Crédit photo : anonyme

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Jadis, manifestation claire des ressortissants de Kaédi de se situer dans la dynamique de l’entreprenariat économique et social, par la mutualisation de leurs efforts et de leur intelligence, la SOKIMET, fondée en 1965 et dont les compétences et services dépassaient le cadre strict du Gorgol, a connu des moments de gloire, par la multiplicité de ses investissements englobant tous les secteurs ; 

principalement, celui de l’immobilier. Creuset d’une entente entre les différentes composantes du Gorgol, elle scellait, par sa seule existence, l’indéfectible relation entretenue par les groupes sociaux d’alors qui avaient bien compris que la cohabitation est, également, la mise en commun des efforts. Dirigée initialement par feu Hadya Kaou, avant que celui-ci ne passe le flambeau, dans les années 80, à feu Moussa Wagué, décédé en 2002, la société SOKIMET a longtemps été épargnée de problèmes majeurs, du moins aussi perceptibles qu’aujourd’hui, entre les actionnaires.

 

La justice tranche et flanche

Après la disparition de feu Moussa Wagué, l’esprit qui prévalait à l’origine s’est effrité au fil du temps, comme si les démons de la discorde s’étaient concertés pour porter un coup d’estoc à l’union sacrée préservée jusque là, jusqu’à évoquer la liquidation et la dissolution de l’entreprise. L’affaire est alors portée devant la justice, près le tribunal de Kaédi. Plaignants, les héritiers de feu Moussa Wagué prônent la dissolution de la société, contre la volonté d’un autre groupe d’actionnaires qui demandent un état des lieux avant toute action. Dès les premières audiences, l’instance judiciaire rend son verdict, en se prononçant sur la dissolution de la société et sa mise en liquidation, par arrêté n°10 du 10 octobre 2005, sur la base duquel la procédure de partage des biens immobiliers est notifié, par procès-verbal daté du 15 août 2006, entre les différents groupes, après la vente du principal immeuble de la société, sis au marché de la capitale. Ainsi, le titre foncier n°981, cercle du Trarza, est remis au groupe d’actionnaires n°1, représenté par les héritiers de feu Moussa Wagué ; le titre foncier n°1834, cercle du Gorgol, à un groupe d’actionnaires moins porteurs depuis 2006, alors que le titre foncier n°12, cercle de Gorgol – il s’agit des ex-locaux de la Compagnie Française de l’Afrique de l’Ouest (CFAO) – affecté aux ayant-droits, était arbitrairement spolié par le liquidateur et associés, malgré de multiples tentatives de ceux-là qui n’ont pu en disposer que sept ans après le jugement, soit le 4 avril 2013, des mains du greffier en charge de la liquidation, contre un récépissé en bonne et due forme.

Mais voilà : après réception du sésame, le 30 avril 2013 précisément, le groupe est sommé, par le procureur du Tribunal de Kaédi, de lui remettre, purement et simplement, le titre foncier n°12, sans aucune base juridique, pour procéder à sa vente. Face au refus d’obtempérer à cette sommation que le groupe juge arbitraire, pour n’avoir pas été généralisée à toutes les parties prenantes, le procureur en charge de l’affaire a dû s’adjoindre les services de son homologue de Nouakchott, pour convoquer le groupe au cabinet des avocats associés du palais de justice, en chargeant la police de faire respecter sa décision. Face à l’intransigeance du groupe qui clame, haut et fort, son droit à disposer entièrement de son bien, l’acharnement du procureur a atteint son comble, lorsqu’à la surprise générale, apparaît, dans les colonnes du journal « Horizons » n° 6015 du 28/05/2013, par les soins de maître Youssouf Ould Ely Ould Brahim, l’avis de vente dudit lot.

 

Vers une autre escalade…

Cette situation incongrue risque de faire jurisprudence et soulève beaucoup d’interrogations, loin des classiques couleurs juridiques et judiciaires qui jugent, par essence, dans la globalité des situations et non de façon parcellaire, voire partisane. En effet, c’est bien le bon sens qui se demande pourquoi la procédure choisie par le procureur ne concerne pas tous les protagonistes et c’est à bon droit qu’on soupçonne une instrumentalisation de la justice, pour s’accaparer d’un lot situé en plein cœur du marché central de Kaédi. Le système mafieux, aux ramifications insoupçonnées, qui nourrit tant d’appétits inassouvis, n’est-il pas en train de mettre à sa botte la sacralité des jugements rendus, mettant à nu la versalité des tenants de l’institution judicaire, incapables de rendre la justice à travers le seul et unique langage qui vaille : le Droit ? En tout cas, tout porte à croire que la mise en branle d’une justice à deux vitesses écrasera les fondamentaux de sa propre existence, suscitant un climat de frustration et un fort sentiment d’injustice. Aux dernières nouvelles, l’affaire, qui alimente toutes les conversations de la ville, a poussé les jeunes à manifester, le 22 juin. Pour marquer leur désapprobation face aux harcèlements du procureur, ils ont apposé, au fronton du lot litigieux, la pancarte « interdiction de vente, danger ! », avec la ferme détermination à ne pas céder, et demandent l’annulation pure et simple de l’avis de vente et la cessation des intimidations.

Il faut noter que les ayant-droits du lot n°12 sont Tidiane Kaou Diagana, Ousmane Tandia, Kya N’Diaye, Younouss Ibrahima Diagana, les héritiers de Hadya Kaou Diagana, de Moctar Touré, de Mohamed Banna Séméga, de Fodié Koïta, d’Ousmane N’Diadé, de Youssouf Diagana et, enfin, ceux d’El Haj Bakary Semga.

Biry Diagana CP au Gorgol

Source  :  Le Calame le 26/06/2013{jcomments on}

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