Mauritanie : le Quai d’Orsay pointé par l’UFP

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La Mauritanie et la France entretiennent aujourd’hui des relations fondées sur la duperie et l’injustice. Cette accusation du député Ould Bedre Dine de l’UFP, un des principaux partis de l’opposition mauritanienne lors de la séance cette semaine à l’assemblée nationale relance le débat sur la politique africaine de l’Elysée depuis l’arrivée au pouvoir de François Hollande en 2012.


Des propos qui interviennent au lendemain de l’audience du président mauritanien à l’ambassadeur français au palais de Nouakchott.

Pour les observateurs c’est le Quai d’Orsay qui est pointé du doigt depuis l’arrivée au pouvoir des socialistes. Le président Hollande a mis en avant les droits de l’homme et la non ingérence dans les affaires intérieures d’un état comme symboles de choix d’une ligne clairement différente de son prédécesseur Sarkozy. Ne connaissant pas suffisamment le continent africain le nouveau chef d’Etat français avance comme un caméléon.

En accusant les relations entre Paris et Nouakchott de relations biaisées Ould Bedre Dine officialise ainsi un secret de Polichinelle. Le député de l’UFP est en phase avec la Coordination de l’opposition mauritanienne qui n’a toujours pas digéré les accords de Dakar qui ont permis l’élection du putschiste Ould Aziz en 2009.Le nouveau contexte politique sous régionale avec la crise malienne remet la France en position de force. Paris renforce ainsi sa présence militaire en Mauritanie mais ne parvient pas à convaincre Nouakchott à prêter main forte aux maliens. Cette influence grandissante de la France sur le régime de Ould Aziz n’a pas échappé à l’opposition qui avait notamment critiqué le rôle de Paris qui intervient à tous les niveaux de la gestion des affaires en Mauritanie lors du dernier sommet Afrique-France en juin dernier à Nice .Pour Hollande qui vient de prendre les commandes Ould Aziz a choisi le camp du MNLA en acceptant d’héberger ses cerveaux et de ménager ainsi les barbus d’Al Qaïda. C’est l’opération Serval en janvier dernier qui remettra les pendules à l’heure. En libérant les villes du Nord du Mali de l’occupation des terroristes djihadistes d’Al Qaïda du Maghreb Islamique Paris marque des points et contraint ainsi Nouakchott à accepter d’envoyer des troupes pour le maintien de la paix au Mali. L’on comprend aujourd’hui pourquoi Hollande a déplacé le curseur de la Françafrique et préféré parler d’abord avec les fidèles alliés en visitant le Sénégal le 12 octobre dernier et le Mali après sa conquête en février dernier. Le député de la coordination qui emploie pour la première fois les termes « duperie et injustice » pour qualifier l’axe Nouakchott-Paris ne sait pas totalement tromper. Il touche à la fois le centre de gravité de la politique africaine de l’Elysée. Autrement dit les intérêts d’abord et l’amitié après. Et également la place de la France en Afrique et au Maghreb. Une place aujourd’hui fortement concurrencée par la Chine et les pays émergents comme l’Inde et le Brésil.C’est vrai que la Mauritanie mérite plus de considération compte tenu de ses énormes potentialités économiques ( le fer, le cuivre, le pétrole, le poisson). Des richesses de son sous sol qui devraient en faire un partenaire privilégié de l’Hexagone mais aujourd’hui les défaillances plus ou moins graves d’un chef d’Etat « malade » et accusé de multiples scandales financiers placent le pays au rang des moins crédibles politiquement. Au lendemain de l’audience du président mauritanien à l’ambassadeur français à Nouakchott cela s’annonce comme un retour à la normale sans doute mais L’Elysée est parfaitement informé de ces défaillances politiques et que Hollande a besoin certainement du temps pour un nouveau souffle dans les relations « Françoifrique ».

Bakala Kane{jcomments on}

(Reçu à Kassataya le 14/06/2013)

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