Les Mauritaniens ne retenaient plus leur souffle, ces derniers jours, dans l’attente d’un retour au pays, du président de la République, Mohamed Ould Abdel Aziz. Et bien c’est fait, le rais est rentré hier samedi soir, après un mois d’absence en France !
Certes, cette attente est moins intense, moins chargée, que celle de novembre 2012, quand le président de la République rentrait à Nouakchott après une convalescence de quarante jours passés en France. Ce n’est pas l’état de santé du président qui focalise l’attention des Mauritaniens aujourd’hui, lui-même ayant assuré qu’il se porte bien. Mais déjà, l’on laisse penser que l’une des premières mesures qui seront prises sera le limogeage de certains hauts responsables suite aux derniers évènements vécus dans le pays en l’absence du raïs.
Et même si le discours sur les « limogeages » et les « nominations » revient souvent, avec une probabilité égale, certains observateurs avertis pensent que le président s’apprête, effectivement, à prendre des décisions d’importance alors qu’il amorce le dernier virage de son quinquennat. Il s’agit notamment, selon des fuites venant de son entourage proche, notent certaines sources, de profonds changements dans l’équipe qui gère les affaires du pays.
La classe politique, elle aussi, dans ses deux composantes (majorité et opposition) est dans l’expectative de ce qui pourrait arriver de « notable à cette étape cruciale de l’avenir du pays. La majorité, et plus précisément, l’Union pour la République (UPR), parti au pouvoir en Mauritanie, attendent ce retour pour voir le président de la République procéder à la désignation des futurs « champions » dans la courses des municipales et des législatives. Il y a aussi que certains chefs de file et hommes politiques qui comptent attendent ce retour pour voir comment ils vont se repositionner par rapport à leurs exigences, les rapports aux autres (alliances) et ce qu’on leur demandera de faire.
Quant à la Coordination de l’opposition démocratique (COD), ses leaders n’attendent certainement pas le retour du président pour l’accueillir chaleureusement à l’aéroport mais pour voir la part du « sérieux » qu’il affichera par rapport à l’organisation des élections municipales et législatives. Surtout qu’on est à quelques mois seulement de la date fixée par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et qu’on parle, de plus en plus, d’un énième report (2014) pour pouvoir tenir des élections groupées. Feignant d’ignorer superbement l’intérêt que revêt ce retour d’Ould Abdel Aziz au pays, la COD n’ignore pas cependant que tout est lié à la personne d’Ould Abdel Aziz.
Le citoyen ordinaire, lui, attend le retour du président de la République pour que le Conseil des ministres, qui ne s’est pas tenu depuis un mois, ait lieu. Pour que des mesures ayant une forte incidence sur leur vie, dans un contexte de flambée des prix sans précédent, les pénuries d’eau potable dans certaines localités et la détérioration des services publics dans plus d’une zones du pays.
Peut être bien que les citoyens ne s’attendent pas à ce que des décisions soient prises par le gouvernement pour…réduire la canicule ou accélérer la venue de l’hivernage mais en atténuer l’impact sur leur vécu de tous les jours.
Alors, on attend avec impatience le retour du rais parce qu’il y a une forte présomption qu’il y aura bien des prises de décisions importantes.
Au niveau d’abord de l’initiative du président de l’Assemblée nationale, Messaoud Ould Boulkheir. On continue à penser que c’est la seule proposition capable de débloquer une situation de crise qui pèse lourdement sur les rapports entre un pouvoir et son opposition. Le manque d’estime qu’a le premier pour la seconde ne peut justifier le confinement dans une position qui porte préjudice à la démocratie mauritanienne ou ce qui en tient lieu. Car il faut bien qu’un jour ou l’autre l’on pense à aller aux élections pour renouveler un parlement et des conseils municipaux dont le mandat est arrivé à terme il y a près de deux ans.
Il y a aussi que la volonté du président Aziz de maintenir l’actuel gouvernement, « contre vents et marées », tient d’une nécessité d’écarter deux hypothèses : Ne pas devoir plier face à la volonté de la Coordination de l’opposition démocratique (COD) d’avoir un gouvernement dirigé par un Premier ministre « indépendant » et également d’appliquer un point essentiel de l’initiative de Messaoud ! Cependant, le président Aziz, par les trois réajustements opérés en l’espace de huit mois, a tout de même reconnu la faillite d’un gouvernement dont la plupart des membres font partie de l’équipe formée lors de la « Rectification ». Les réaménagements opérés jusqu’alors ont pour raison évidente de répondre, en partie, à l’appel de la rue, mais aussi de faire appel à des hommes et femmes qui appartiennent aux cercles restreints du pouvoir et notamment à l’Union pour la République (UPR) qui, en réalité, constitue la « seule » majorité du président. Les autres partis autres que l’UDP n’existent que de nom et ne peuvent apporter l’assurance que la majorité (60 formations) peut faire jeu égal avec une opposition qui vient de se renforcer avec l’arrivée d’Adil, du MPR et du Renouveau Démocratique (RD). Autrement dit, ce faisceau de considérations stratégiques et politiques ne peuvent être ignorées par le président Aziz à la veille d’élections municipales et législatives à enjeux multiples.
Mohamed Ould Brahim
Source : Elhourriya le 09/06/2013{jcomments on}
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