M. Ould Abdel Aziz à la Diaspora : des promesses en attendant des actes

Des Mauritaniens manifestent devant le parlement de Strasbourg contre leurs conditions d'enrôlement. Le 21 mai 2013. Crédit photo Binta DiaLa rencontre du 19 mai dernier entre M. Mohamed Ould Abdel Aziz et des Mauritaniens installés en Europe s’est terminée sur des engagements présidentiels sur certains aspects des revendications relatives au recensement. Dès dimanche soir, quelques délégués ayant participé à la rencontre laissaient entendre sur KASSATAYA leur scepticisme quant aux réponses apportées par M. Ould Abdel Aziz.

D’après plusieurs témoins, le président Ould Abdel Aziz s’est évertué à défendre le bien-fondé des choix opérés dans le cadre du recensement des Mauritaniens de France qui se doivent de justifier de la régularité de leur séjour. Sur ce point, M. Ould Abdel Aziz n’a que partiellement accédé à la demande des Mauritaniens : la carte de séjour est toujours exigible mais une tolérance sera accordée aux détenteurs d’un récépissé de dépôt d’un titre de séjour (pièce refusée par les agents recenseurs jusqu’alors).

Autre motif de satisfaction, la délégation a obtenu de M. Ould Abdel Aziz que soit abrogée la note adressée aux préfectures françaises par l’ambassadeur de Mauritanie en vue d’invalider les passeports non biométriques.

Par ailleurs, les Mauritaniens en situation irrégulière peuvent espérer apercevoir une lueur d’espoir : des documents leurs seront délivrés pour leur permettre de régulariser leur situation administrative vis-à-vis de l’administration française.

Le président s’est enfin engagé à donner des étudier la possibilité d’ouvrir d’autres centres pour désengorger celui de l’ambassade de Mauritanie à Paris, jusqu’ici le seul à enrôler tous les ressortissants Mauritaniens établis en Europe.

La question de la bi nationalité est le second sujet à l’ordre du jour. Selon plusieurs témoins qui se sont confiés à KASSATAYA, M. Ould Abdel Aziz n’a pas manqué l’occasion de rappeler qu’il est à l’origine de l’évolution de la situation car, a-t-il précisé, « avant moi, la Mauritanie ne reconnaissait pas la double nationalité. » Il s’est voulu rassurant en invitant les Mauritaniens qui ont acquis une nationalité étrangère à introduire une demande d’autorisation à garder leur nationalité d’origine. Il s’est engagé à ne considérer que l’authenticité de la citoyenneté mauritanienne du demandeur. Visiblement non satisfaits, les délégués lui ont demandé d’amender la loi ou de la rendre plus souple à travers un décret d’application qui fixerait les conditions objectives de la démarche. M. Ould Abdel Aziz s’est dit « ouvert au principe d’une évolution sur ce point. »

Les engagements présidentiels n’ont cependant pas émoussé l’ardeur revendicatrice des Mauritaniens d’Europe. Mercredi, un sit-in a été organisé devant les locaux de l’ambassade de Mauritanie à Paris. Un autre s’est tenu à Strasbourg devant le parlement européen le même jour. L’Organisation des Travailleurs Mauritaniens de France (OTMF), fer de lance de la mobilisation pour l’assouplissement des conditions de l’enrôlement a publié pour sa part un communiqué dans lequel elle dit regretter « que le chef de l’Etat  n’ait pas saisi cette occasion pour trouver avec nous les solutions appropriées aux problèmes et difficultés résultant du recensement et de la double nationalité et instaurant un climat de paix et de sérénité. » Ces actions s’inscrivent dans la volonté de maintenir la pression et de garder mobilisés les militants en attendant que M. Ould Abdel Aziz traduise en actes les promesses faites à Paris.

Laura CARUELLE pour KASSATAYA.COM

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Communiqué de l’OTMF

Rencontre de Paris du 19 Mai 2013 entre le Président de la République et la Délégation de l’Organisation des Travailleurs  Mauritaniens en France (OTMF)
                  

La délégation de l’Organisation des Travailleurs Mauritaniens en France, conduite par son Secrétaire Général, Monsieur SOW  Mamadou, a rencontré le 19 mai 2013 à Paris le Président de la République, Monsieur Mohamed OULD ADEL AZIZ, auquel elle a soumis les principales doléances des mauritaniens de France portant sur le recensement en cours en France et en Europe, sur la double nationalité et sur la fermeture du Consulat Général de Mauritanie à Paris.

Sur le recensement, la délégation a exposé les difficultés que rencontrent les mauritaniens pour se faire recenser, qui découlent principalement de l’exigence de la carte de séjour, du récépissé du recensement de 1998  et  du jugement de décès du ou des parent(s). La délégation a mis en exergue les conséquences qui résultent de ces conditions pour beaucoup de mauritaniens, qui ne peuvent pas se recenser, qui ne pourront pas renouveler leur titre de séjour, ou régulariser leur situation, qui ont perdu leur travail ou le perdront  et qui seront à terme des apatrides. La délégation a demandé en conséquence la levée de ces conditions qui ne sont exigées que des mauritaniens  en Europe.

Le Président a souligné que la carte de séjour a pour  objectif  de lutter contre  la fraude  et de s’assurer que ceux qui sont recensés sont des mauritaniens. La délégation s’étonne que même en matière de carte de séjour, les récépissés délivrés par les  Préfectures  pour la période correspondant à l’impression de la carte de séjour ne sont pas acceptés par le centre de recensement. Après davantage d’explications, le Chef de l’Etat accepte que ces récépissés soient pris en compte pour le recensement.

La délégation a obtenu également  du chef de l’Etat que la circulaire du Ministère de l’intérieur invalidant les anciens passeports ne s’applique pas en France. IL invite en conséquence l’Ambassadeur à prendre les dispositions nécessaires à cet effet.

Pour nos compatriotes en situation illégale, la délégation a obtenu du chef de l’Etat et de l’Ambassadeur la délivrance d’un titre valant passeport pour leur permettre de constituer leurs demandes de régularisation dans le cadre de  la circulaire du Ministre de l’Intérieur français.

La délégation a par ailleurs demandé et obtenu que soit inscrit sur le registre le lieu de naissance des candidats au recensement à la place de la Commune.

La délégation  a enfin souligné l’insuffisance des moyens  affectés au recensement en France et en Europe et a demandé l’accroissement des moyens et des centres de recensement de proximité. Le  chef de l’Etat a reconnu les faits  et pris l’engagement pour y remédier.

Sur la double nationalité, la délégation a rappelé que pour beaucoup de mauritaniens l’acquisition de la nationalité française résulte d’une simple nécessité, qui n’a en rien affecté leur sentiment et comportement d’appartenance à la communauté nationale d’origine. La délégation a apprécié la reconnaissance législative du principe de la double nationalité mais regrette la timidité du législateur sur ce point en renvoyant à un décret présidentiel le pouvoir d’appréciation cas par cas de l’octroi ou du refus de la double nationalité. La délégation propose en conséquence, la modification  de la loi qui renverrait à un décret d’application  la fixation de conditions objectives de l’acquisition de la double nationalité.

Le  chef de l’Etat rappelle que  c’est de sa propre initiative que fut inscrit le principe de la double nationalité sur le projet de loi  voté ensuite par le Parlement, ce qu’aucun autre  chef d’Etat de la Mauritanie n’avait fait. IL assure que le seul motif qui le guidera dans l’examen des demandes de conservation de la nationalité mauritanienne sera de s’assurer que le demandeur est bien mauritanien. IL invite les mauritaniens qui le souhaitent à déposer leur demande et se dit ouvert  à toute évolution législative sur cette question.

Enfin, sur la fermeture du Consulat Général de Mauritanie à Paris, la délégation regrette qu’elle soit faite sans information ni concertation et dans une opacité totale avant de souligner la nécessité d’un Consulat Général en France pour prendre en charge les problèmes quotidiens des mauritaniens.

Le  Chef de l’Etat considère qu’il  n’y a pas d’opacité dans cette opération, qui est guidée par le souci dune gestion rationnelle de la dépense publique et que le maintien d’un consulat et d’une Ambassade dans un même pays  entraine des dépenses importantes et inutiles d’autant qu’avec  l’informatique deux ou trois agents peuvent faire face aux demandes de pièces d’état-civil.

L’Organisation des Travailleurs Mauritaniens en France regrette que le chef de l’Etat  n’ait pas saisi cette occasion pour trouver avec nous les solutions appropriées aux problèmes et difficultés résultant du recensement et de la double nationalité et instaurant un climat de paix et de sérénité.

Paris le 21 Mai 2013

OTMF

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