Nouvelles d’ailleurs : La politique rimienne à l’usage des ânes…..

(MMD. Crédit photo : Nathalie Duvarry)Il y a des jours comme ça : des jours où je n'ai envie d'écrire sur rien, de ne parler de rien, de rester à la surface des choses, petites futilités ou grandes vanités.

Ces jours « sans » sont, peut être, une grande respiration, une bouffée de liberté, cet espace temps où je peux déclarer (merci à mon amie Fanfan pour l'inspiration!) : « Unilatéralement, je suis déterminée à… » : à ne pas parler des choses fort sérieuses que Vous Z'Autres, joyeux membres des Nous Z'AUtres, semblez apprécier par dessus tout : la Politique.

La politique me barbe depuis quelques temps. J'ai relu mes chroniques depuis l'âge de pierre de la liberté d'expression rimienne, à savoir la création du Calame dans ces temps géologiques lointains, et rien ne change. On a toujours les mêmes noms, sauf, peut être, pour ceux qui sont morts ou ceux qui sont dans un exil doré quelque part là bas chez nos « cousins » de la péninsule arabique.

Je peux prendre ce problème de noms par tous les bouts, c'est toujours les mêmes.

A croire que nous sommes le seul pays au monde où la politique ne connait pas le renouvellement.

De plus, mon grand âge n'aidant pas, je commence sérieusement à m'embrouiller le cerveau, à m'emmêler les pinceaux, à mettre le fil rouge sur le fil bleu (là c'est censé faire boum! Tous les artificiers du monde vous le confirmeront) dès lors qu'il s'agit de refaire le parcours politique de nos politiques : il y a eu l'opposition canal historique, l'anti Taya, il y a eu l'opposition semi canal historique, celle de la fin de règne du même Taya; il y a eu l'opposition new âge, celle qui a vogué le long des courants d'air dans le pouvoir; il y a eu ceux qui furent ministres; ceux qui ne le furent pas; ceux qui dirigèrent des agences gouvernementales; ceux qui ne dirigèrent que leurs ouailles; il y a eu ceux qui « putschèrent » à différents moments et ceux qui ne putschèrent pas mais qui ont dénoncé les putschs avant de faire allégeance; il y a ceux qui sont partis, puis qui sont revenus avec, parfois, de petits séjours citoyens en prison; il y a ceux qui « rectifièrent », chacun à sa façon : les « rectificateurs » de 1978 et les actuels. Il y a eu ceux qui furent militaires, ceux qui ne le furent pas; il y a eu ceux qui, jeunesse aidant furent des « communistes », affiliés au très secret MND, ceux qui ne furent pas communistes; il y a eu ceux qui furent nasséristes, puis baathistes, puis de nouveau nasséristes, puis rien et ceux qui furent pas grand chose.

Il y a eu ceux qui ont dansé PRDS, grand applaudisseurs et derviches tourneurs émérites et ceux qui le furent mais ne le sont plus.

Il y a eu ceux qui furent RFD et qui le sont encore et ceux qui le furent et qui ne le sont plus.

Il y a ceux qui furent « opposants » sauce Accords de Dakar et ceux qui ne le sont plus, passés dans la majorité actuelle.

Il y a eu ceux qui furent élus à l'Assemblée sous une étiquette et qui, après une sieste, se sont réveillés avec la mine de ceux qui ont reçu l'illumination, membres actifs d'un tout autre parti.

Il y a eu ceux qui, pendant un moment, se sont glorifiés d'être des « Indépendants » et qui « n'indépendancèrent » pas longtemps, devenant accros et dépendants.

Il y a eu ceux qui firent de l'art du nomadisme en milieu hostile et désertique un chef d'œuvre de géographie et de cartographie à l'usage des nuls.

Il y a eu ceux qui furent défenseurs des Droits de l'Homme et qui, aujourd'hui, ne défendent plus grand chose.

Il y a eu ceux qui furent maîtres de la trahison et d'autres qui furent fidèles.

Il y a eu ceux qui tuèrent le Père et la Mère, et la Grand mère dans le même temps.

Sans oublier la cousine.

Il y a eu ceux qui ont fait la guerre, d'autres qui n'ont connu que les tranchées des salons de Nouakchott.

Il y a eu ceux qui sont devenus chroniqueurs du temps qui passe, spécialistes de tout et, surtout, de rien.

Il y a eu ceux qui ont fait leurs classes à l'étranger et ceux qui ont usé leurs fonds de séroual sur les bancs de notre vénérable ENA, usine à fonctionnaires modèles et modélisants.

Il y a eu ceux qui insultaient et avaient des ennemis féroces, ennemis avec lesquels ils pactisent aujourd'hui.

Il y a eu ceux qui apprirent l'art difficile et délicat de la musique, se transformant en griots assermentés et officiels et ceux qui refusèrent ce rôle.

Il y a eu ceux qui ont enlevé l'uniforme mais qui, tous les matins, se saluent martialement dans la glace.

Il y a eu ceux qui ont du sang sur les mains et ceux qui n'en ont pas. Il y a ceux qui furent complices, par leurs silences, des horreurs des années de braise.

Il y a eu ceux qui ont été champions inter sidéraux toutes catégories de poids confondues, du détournement de biens publics et privés, grands experts de la gabegie, du vol, de la tricherie, de la duperie.

Il y a eu ceux qui sont là depuis tellement longtemps en politique que je suis sûre qu'ils ont joué aux cartes avec Ramsès II, pour ne pas dire qu'ils ont été témoins de la disparition des dinosaures.

Etc etc….. Je vous laisse libres de continuer la liste. Moi je n'en peux plus, j'abandonne.

Je suis persuadée que vu notre sphère politique passée et actuelle, à 90 ans (si Dieu me prête vie jusque là) on aura les mêmes noms, encore et toujours. Ok, ils seront des momies mais qui a dit qu'une momie n'a plus rien à dire?

Alors, aujourd'hui, unilatéralement je suis décidée à ne pas parler, à ne pas écrire, à ne pas râler.

Unilatéralement…

Ca vous fait une belle jambe et, quand même, une chronique à lire.

Bref : aujourd'hui je vais m'occuper de moi, pas de vous.

Et m… à mon patron qui va encore dire qu'il me paie à rien foutre! (Patron, c'est de l'humour, alors souple sur les pattes arrières!)

Salut

Mariem mint DERWICH

Source  :  Le Calame le 15/05/2013{jcomments on}

Les opinions exprimées dans la rubrique Tribune n'engagent que leurs auteurs. Elles reflètent en aucune manière la position de www.kassataya.com 

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source : www.kassataya.com

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page