‘’Ce n’est pas avec la rumeur, l’intoxication et la désinformation de toutes sortes que l’opposition gagnera contre le pouvoir’’

(Crédit photo : Dalay Lam / Le Calame)

M. Yarba Ould Sghair, Secrétaire exécutif chargé de la Promotion sociale et des Droits de l’homme du parti UPR.

Le Calame : Vous venez de participer, au nom de l’UPR, à la réunion constitutive du conseil des partis politiques africains à Khartoum, au Soudan. Au cours de cette rencontre, la Mauritanie a été élue vice-président du bureau exécutif. Avant de nous de décliner à nos lecteurs ce qu’apportera cette institution à la démocratie dans le continent, dites-nous ce que représente pour vous cette élection ?

Yarba Ould Sghair : Je dois préciser, d’abord, que la Mauritanie a été élue membre du Comité exécutif du Conseil des Partis Politiques Africains, au terme d’une série de concertations qui se sont déroulées à un niveau informel, puis au niveau du Groupe Afrique du Nord qui comprend les cinq pays du Maghreb arabe et l’Egypte. Ce siège réservé à la Mauritanie en tant que pays, c’est l’Union Pour la République (UPR) en tant que parti politique qui l’a gagné, face à Tawassoul qui était le seul parti national représenté avec lui au Congrès constitutif de cette nouvelle instance politique africaine.

Votre parti a organisé, il y a quelques jours, un colloque sur les droits de l’homme, la lutte contre la pauvreté et la lutte contre l’esclavage. Quels ont été les objectifs et les actes forts d’un tel colloque ?

-L’UPR organise régulièrement, depuis sa création, des activités et manifestations politiques dans le cadre de la mise en oeuvre de ses programmes et plans d’action adoptés chaque année par ses instances dirigeantes.

C’est un parti de masse qui croit aux vertus de l’échange, de la concertation et de la vulgarisation des idées et messages qu’il juge opportun ou pertinent de partager avec ses militants, mais aussi à mettre à la disposition de l’opinion publique dans son ensemble.

Il ne se passe presque pas de semaine sans qu’une activité importante ne soit organisée, à un ou plusieurs niveaux des instances du parti et à travers un ou plusieurs canaux. C’est ainsi que nous organisons annuellement des dizaines de meetings, de colloques, de conférences, de rencontres avec la presse etc.

Le dernier colloque avait pour thème : Les droits de l’Homme en Mauritanie, acquis et perspectives.

L’objectif était de discuter d’un certain nombre de problématiques relatives aux droits de l’homme en Mauritanie, à travers un diagnostic succinct et objectif qui, seul, permet d’envisager avec sérénité les solutions appropriées, loin des slogans creux, de la phraséologie, de la surenchère et de toute forme d’extrémisme ou d’exploitation abusive des tares de notre société à des fins égoïstes ou sectaires.

Le colloque a été l’occasion d’exprimer le point de vue de l’UPR sur des questions aussi diverses que les séquelles de l’esclavage (diagnostic, mécanismes d’éradication et point de vue de l’Islam), le dossier du passif humanitaire (leçons et enseignements), le bilan de l’action gouvernementale en matière de droits humains…

Mais il a permis aussi d’écouter et de discuter l’analyse des universitaires et de représentants de la société civile, grâce à une approche participative que le parti privilégie dans sa démarche consistant à impliquer le plus grand nombre de Mauritaniens dans la recherche des solutions à nos problèmes.

Ce colloque est intervenu quelques jours après la création par le gouvernement de l’agence Tadamoun. Pour un certain nombre d’observateurs, cette agence dont le directeur a effectué sa première tournée à l’intérieur du pays est un « instrument à visée électoraliste ». Que répondez-vous à cette critique ?

-Cette critique est absurde, parce qu’elle ignore un a priori évident : dans un système démocratique, il n’y a jamais d’action que ne précèdent et suivent nécessairement des élections. Car, la démocratie est un processus électoral qui peut avoir un début, mais qui n’a pas de fin.

Ensuite, la création de cette agence est une décision historique, courageuse et sage qui est de nature à renforcer la justice sociale et l’équité, à préserver la cohésion sociale et à assurer le développement harmonieux de la société mauritanienne. Toutes ces dimensions lui donnent un caractère atemporel, voire … sacré !

Et, quoi qu’il en soit, beaucoup de Mauritaniens pensent que la création de l’Agence Tadamoune pour la Lutte contre les Séquelles de l’esclavage, l’Insertion et la lutte contre la Pauvreté fait partie de ces grandes œuvres qui, parfois, comptent plus que les… élections.

Enfin, la création de l’Agence Tadamoune est politiquement « correcte », pour ainsi dire. Elle a fait l’objet d’un décret pris en conseil des ministres dont les réunions se tiennent sous la présidence du Président de la République, élu pour un quinquennat dont il reste plus d’une année.

La COD vient de répondre positivement à l’initiative du président Messaoud dont le but est la recherche d’un consensus politique pour l’organisation d’élections inclusives et consensuelles. La majorité présidentielle traîne encore les pieds. Que vous inspire cette démarche?

-La majorité a pris le temps d’étudier tous les points contenus dans le document qui lui a été remis. Le Bureau de la Coalition des Partis de la Majorité (CPM) s’est réuni en milieu de semaine et vient de remettre sa réponse au président Messaoud. La CPM salue les efforts du président de l’APP et de l’Assemblée Nationale et constate une identité de vues sur plusieurs points de son Initiative.

Ne trouvez-vous pas légitime que l’opposition dans son ensemble demande des garanties de transparence pour aller aux prochaines élections ?

-Il est tout à fait normal et légitime de demander des garanties de transparence, de liberté et d’honnêteté des élections. Il est vrai aussi que ce qui compte dans des élections démocratiques, ce sont les résultats. Et pour que les résultats soient convaincants, les étapes antérieures sont déterminantes, à savoir : la préparation et le déroulement des opérations de vote.

Mais le but ultime s’arrête pour certains à la proclamation des résultats du scrutin. Or, les élections sont organisées pour que la classe politique se positionne pendant une durée déterminée : celle d’un mandat.

Ceux qui se placent dans l’immédiat-après-scrutin ne jouent pas franc-jeu et nuisent réellement à la démocratie. Le respect de la volonté du peuple exige des politiques qu’ils agissent et se comportent conformément au statut que le peuple leur a donné. La majorité gouverne, l’opposition constitue le contrepoids, démocratiquement.

Mais le scénario le plus répandu consiste à remettre en cause les résultats des élections ou à les reconnaître, mais en cherchant à gouverner avec, ou, pire, sans la majorité.

La concertation est donc nécessaire pour que tous les acteurs s’entendent au départ sur les conditions de la préparation et du déroulement des opérations de vote et pour que la contestation des résultats, de facto ou de jure, soit exclue d’avance.

Evidemment, la sincérité et la transparence du scrutin excluent toute forme de fraude ou de manipulation réelle ou supposée des résultats.

La COD vient de mettre sur place une commission d’investigation sur les présumés « scandales financiers » et le « Ghanagate » dans lesquels serait empêtré le pouvoir. Quel commentaire vous inspire cette décision ?

L’opposition a le droit, et même le devoir de critiquer la politique du gouvernement, de proposer, de contrôler. Plus elle prend conscience de son rôle et franchit un pas dans ce sens, plus elle sera normale et méritera respect et estime de la part, non pas des citoyens, mais aussi des partenaires politiques, la majorité et l’UPR en tête.

Mais ce n’est pas avec la rumeur, l’intoxication et la désinformation de toutes sortes que l’opposition gagnera contre le pouvoir.

Elle doit s’en rendre compte et dépasser cette démarche tout aussi infructueuse que celle du « Dégage » à laquelle la COD a cru pour des raisons subjectives, déloyales et exogènes.

Malheureusement, ce sont là les seules armes que l’opposition extrémiste et radicale semble être capable de manier.

Ce qu’il y a comme scandale financier, c’est le témoignage éloquent du Fonds monétaire international (FMI), c’est le taux de croissance de 7%, c’est des réserves de devises suffisantes pour couvrir sept mois d’importation !

Quant à ce que vous appelez, vous, le Ghanagate, c’est à vous, journalistes, de nous l’expliquer. Votre question me semble paradoxale. Vous parlez d’investigation chez l’opposition, mais c’est de presse d’investigation dont nous avons besoin. Avez-vous des informations et non des ragots ? Quelles sont vos sources ? Ou bien c’est votre proximité avec une certaine opposition qui vous a suggéré ce nom de Ghanagate ?

Le « watergate » auquel vous faites référence a été établi et rendu public grâce à un travail inlassable, sérieux et objectif de vraie investigation.

Là aussi, je vous rappelle les mensonges « sabbatiques », autrement dit les rumeurs folles d’un certain samedi, relatives à la santé du président de la République et au pouvoir en général. De quoi s’agissait-il ?

Le vrai menteur, dit-on, finit souvent, par croire, lui-même, à ses mensonges. Mais cette histoire « d’enregistrements » cache mal un degré inouï de malhonnêteté et/ ou d’ignorance, car, qui peut avoir la naïveté de croire à des enregistrements dont la source serait une bande de malfaiteurs ?

Qui peut, dans le monde actuel, dominé par progrès des techniques de l’information et de la communication, juger et condamner, de bonne foi, sur la base d’enregistrements sonores? Les actes de jurisprudence et les procès perdus d’avance sont légion dans ce domaine.

Qui ose croire à cette opposition qui reconnaît faire confiance aux bandes criminelles quand il s’agit de ternir l’image d’un Président de la République dont le seul tort est d’avoir gagné les élections auxquelles cette même opposition a participé et dont les résultats ont été reconnus par la plupart de ses leaders ?

Mohamed Ould Abdel Aziz, qu’il s’agisse de l’homme ou du Président, a toujours donné les preuves de son sens très élevé de la morale et du patriotisme. Sa lutte contre la gabegie, commencée dès son accession au pouvoir, continue avec la même fermeté et le même engagement. Cela n’a pas fait que des émules. Mais personne ne pourra ternir une image (pas un son) tissée par les actes… avant les paroles. C’est du vrai, du concret ; c’est du roc.

Ne pensez-vous pas que les Mauritaniens méritent des explications de la part de leurs gouvernants sur ces présumés scandales?

-Encore une fois, les Mauritaniens ont déjà eu toutes les explications utiles et nécessaires. Ils savent tous que la Mauritanie a réalisé des performances remarquables dans les domaines de l’économie, des finances, de la monnaie et du développement sociopolitique.

La minorité dont l’opinion subit les manipulations d’une certaine opposition semble se rendre à l’évidence : la réalité est têtue, comme les chiffres. C’est pourquoi, vous constatez que depuis une année presque, les rares manifestations de la COD n’attirent plus que les leaders des formations qui la composent et quelques membres de leurs familles ou proches. Sinon, comment expliquer les échecs répétés des meetings, sit-in et autres marches organisés à l’appel de ces partis ?


-L’UPR est-elle prête pour les élections annoncées par la CENI?

L’UPR a toujours dit et répété sa position à propos des prochaines élections. Nous sommes prêts. C’est notre fin mot.

Propos recueillis par Dalay Lam

Source  :  Le Calame le 16/05/2013{jcomments on}

 

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