Pour « sédentariser » les centaines de marchands ambulants du marché capitale de Nouakchott, les autorités mauritanienne ont décidé de leur construire un hangar aux abords de ce marché.
Dans un communiqué rendu public samedi, la communauté urbaine de Nouakchott (CUN) déclare qu’elle n’est ni « associée » ni « impliquée » dans ce projet dont elle dénonce du reste le peu de pertinence.
Pour bénéficier d’une place dans ce nouveau hangar, les petits commerçant se sont « naturellement » adressés a la CUN. N’étant pas « associée » a ce projet, elle a rendu public un communiqué dans lequel, il est précisé : « La Communauté Urbaine de Nouakchott informe le public, qu’elle n’est associée et ni impliquée, ni de près, ni de loin, à ce projet de construction d’un hangar en centre – ville par l’Etat. Elle n’est pas partie prenante au projet. Elle ne peut se prononcer sur les conditions d’affectation d’emplacements ou de répartition de ceux – ci. Elle ne peut renseigner quiconque sur les démarchés et formalités d’occupations et d’affectations d’emplacements. »
Projet de reconstruction
Dans le même communiqué, la CUN rappelle « qu’elle s’est toujours souciée de l’installation des marchands ambulants, qu’elle a toujours souhaité décentraliser les marchés pour permettre de faire occuper les 3500 boutiques inoccupées dans les communes de Nouakchott et le marché de la commune de RIADH financé par des partenaires et jamais occupé à ce jour. » Mais « ces efforts de la Communauté Urbaine de Nouakchott sont restés encore vain. »
Dans le communiqué, il est rappelé les avantages de la solution proposée par la CUN. Il s’agit, entre autres, « de donner vie aux communes, d’y créer des activités, de désengorger le centre – ville, de contribuer à la mobilité urbaine et de limiter les coûts de transports pour les plus démunis notamment. »
Hangar peu fiable
La CUN trouve aussi le projet de construction de hangar aux abords du marché capitale, peu fiable. Dans le communiqué, il est écrit : « la réalisation de ce hangar et d’échoppes, ne contribue pas à satisfaire toute la demande d’emplacements pour les marchands ambulants, renforce la désorganisation du marché, encourage la promotion du commerce ambulant, et l’occupation illégale des places publiques par des marchands ambulants visant ainsi à être recasés dans ce nouveau hangar. Ce hangar ne s’intégrera pas dans le schéma d’aménagement global du centre ville qui s’oriente vers la construction d’immeubles modernes par la SNIM et la BCM et affectera négativement la cohérence de celui – ci. »
La CUN revient aussi sur l’empiétement de l’Administration sur ses prérogatives en ces termes :
« Si la loi, n° 2001-51 du 19/07/2001, prévoit que les marchés et les abattoirs relèvent de la compétence de la Communauté Urbaine de Nouakchott, il est aisé de constater qu’elle ne gère aucun marché et aucun abattoir à Nouakchott. L’Etat a confié la gestion des marchés aux communes qui en perçoivent les taxes. Le marché aux poissons est rattaché au Ministère des Pêches. Les abattoirs situés notamment à Toujounine et El mina relèvent de la Société des Abattoirs de Nouakchott rattachée au Ministère du Développement Rural. La Commune de Tevragh Zeina gère le marché Capitale, qui est communautaire, et perçoit à ce titre les taxes sur les usagers. »
La CUN attire aussi l’attention sur les menaces qui pèsent sur le marché capitale qu’il envisage de reconstruire. Le constat fait par la CUN : « Il n’échappe à personne que cet ancien marché est en état de dégradation critique. Il menace de s’effondrer à tout moment et constitue ainsi un risque majeur pour les populations. Son état de surpopulation, ses aménagements internes inadéquats, les occupations anarchiques des allées et des espaces libres, la promiscuité des étals constituent des motifs d’inquiétudes pour toute autorité responsable. » la solution devant un tel « péril » : « démolition du marché central et la reconstruction d’un nouvel équipement plus moderne avec une capacité d’accueil suffisante est la plus partagée. » Pour ce faire « une étude de préfaisabilité institutionnelle et financière, financée à hauteur de 122.000 euros par l’Agence Française de Développement (AFD) par le biais du MAED et pour le compte de la CUN, engagée en mai 2012 vient de s’achever.»
Cette étude « a mis en évidence la situation patrimoniale du marché ainsi que l’ensemble des financements des bâtiments de celui – ci et permis de clarifier le statut foncier des terrains et bâtiments concernés par le projet de reconstruction d’un marché capitale moderne. L’étude recommande la démolition du marché capitale central et son remplacement par un nouveau grand marché central à vocation communautaire sur le site du terrain SUD inoccupé et l’extension du nouveau marché sur le site de l’ancien marché à démolir. »
La CUN n’a pas de terrains
Dans le communiqué, il est précisé que « le projet devrait être exécuté sous maîtrise d’ouvrage de la Communauté Urbaine de Nouakchott, L’attribution des boutiques se fera par concession des boutiques au pas de porte. » Obstacle : « Dans le contexte de décentralisation actuelle, la Communauté Urbaine de Nouakchott, tout comme les communes, ne gère pas et ne dispose pas de terrains. L’Etat est seul à pouvoir attribuer des terrains. Depuis trois ans maintenant elle demande, sans succès, des terrains pour ses projets. L’attribution des terrains ne relevant que de l’Etat, la Communauté Urbaine de Nouakchott n’a pas encore obtenu l’autorisation de rénover le marché sur le site indiqué et de réaliser ainsi cet important projet tant attendu qui bénéficie déjà de l’appui des bailleurs de fonds et des partenaires au développement local. »
Pour la CUN «la situation des marchands ambulants ne peut être isolée de celle de l’organisation générale des marchés et de l’aménagement du Centre – ville. » et « l’affectation du terrain Sud à la construction d’un hangar et d’échoppes limitées, malgré les demandes répétées de la CUN, risque d’éloigner les perspectives de réalisation d’un grand marché central communautaire moderne alors que le financement du projet est pratiquement acquis et les contours de sa rentabilité globalement cernés. »
En conclusion la communauté Urbaine de Nouakchott dégage toute responsabilité quant aux risques et sinistres pouvant résulter de l’effondrement du marché capitale et se désolidarise avec la plus grande énergie de l’état d’anarchie, désorganisation, d’insalubrité et d’incivilités entretenues dans la ville et qui ne contribuent pas à donner d’elle une image moderne digne, par ailleurs du génie et de l’intelligence de ses habitants. »
KD
Source : Le Quotidien de Nouakchott le 12/05/2013{jcomments on}
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