Elections législatives et municipales : « Dites la vérité, vous préparez des consultations groupées sans le dire ! »

(Electeurs attendant de voter lors de l'élection présidentielle de 2009. Crédit photo :Mohamed Ali  Ghouayel)

Petit à petit, les échéances pour les scrutins législatifs et municipaux en Mauritanie, reculent. Si l’on en croit certaines sources de presse, les scrutins initialement prévus en septembre-octobre 2013 ont été reportés à mai-juin 2014.

Si les lenteurs administratives liées au retard pris par l’enrôlement sont officiellement citées comme cause d’une telle décision, en sourdine, quelques opposants tablent sur un jeu caché du pouvoir, qui s’achemine vers des élections générales en 2014, sans vouloir l’annoncer directement. D’où ce cri de colère d’un mécontent du système qui s’est écrié lorsque son avis a été requis par rapport à ce nouveau rebond : « Dites la vérité vous préparez des consultations groupées sans le dire ! ».

Selon des sources de presse qui ont livré l’information, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) aurait décidé de reporter les élections législatives et municipales, initialement prévues en septembre-octobre 2013. Sans fixer une date exacte, le nouvel échéancier aurait été intercalé entre le mois de mai et celui de juin 2014. Presqu’à la fin du mandat du président Mohamed Ould Abdel Aziz, qui devra normalement remettre son fauteuil en jeu dans cette période. Autant dire, qu’il est presque sûr que les Mauritaniens ne choisiront pas cette fois seulement leurs députés et leurs maires, mais devront également élire en même temps, leur président de la République. Une première dans les annales du pays.

Comme raisons avancées à ce report, les lenteurs administratives liées aux opérations d’enrôlement sur les registres des populations et des titres sécurisés. Si au niveau national, tous les citoyens résidant n’ont pas encore été recensés, à l’étranger, l’enrôlement se fait au compte-goutte et s’accompagne de fortes protestations.

Par ailleurs, le budget colossal réclamé par la CENI, selon les sources de presse, la bagatelle de 10 Milliards d’UM pour financer les opérations, ne sont pas mobilisables sur le plan national. Ce qui devra nécessairement pousser les autorités à se tourner vers les partenaires internationaux. Or, ces derniers sont confrontés à une crise financière mondiale qui ne leur permet pas de financer deux opérations électorales distinctes. D’où l’obligation pour la Mauritanie de regrouper ses prochains scrutins.

Au lieu d’en faire clairement l’annonce, le pouvoir cherche à jouer avec le temps, sans parvenir pourtant à tenir ses engagements devant les coups de massue de la réalité des faits.

Si la nouvelle semble avoir surpris une partie de l’opinion qui semblait se préparer à des échéances législatives et municipales courant 2013, tous ceux qui avaient un minimum de jugeote savaient d’emblée qu’un tel pari était impossible à tenir.

Non seulement sur le plan technique, l’organisation d’élections était une gageure, mais sur le plan politique aussi, les dissensions entre les différents blocs de la scène n’offraient pas un terrain idéal pour le déroulement de scrutins consensuels et sereins.

Par delà l’aspect financier et technique, c’est surtout dans le bouillonnement politique de la scène nationale qu’il faudra chercher les raisons du décalage du calendrier électoral. Le comble, c’est que les acteurs de la majorité comme ceux de l’opposition le savaient. Le dindon de la farce dans cette mascarade politicienne qui se déroule en Mauritanie, c’est le pauvre citoyen lambda, tenu loin des secrets des petits dieux qui se disputent le gâteau national.

Le manque de transparence face au lectorat, dont pourtant le suffrage est au cœur du système électoral, jette ainsi sur ce jeu de yo-yo entre bandes complices, un discrédit que peu de gens appréhendent. Au lieu d’étaler clairement et d’une façon définitive devant l’opinion, la forme que prendra les prochaines consultations, les autorités préfèrent entretenir un suspens de mauvais aloi. Ce mécontent du système qui a préféré garder l’anonymat a ainsi bien raison de s’exclamer :« Dites la vérité mon Général, vous préparez des consultations groupées sans le dire. »

Cheikh Aïdara

Source  :  L’Authentique le 05/05/2013{jcomments on}

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