Photos saisissantes : une armée face à une centaine de misérables dockers

(Crédit photo : Vlane A.O.S.A)

Tous les symboles de l’impuissance face à la loi du plus fort sont ici représentés : si les mineurs n’étaient pas des h’ratines cela n’aurait pas la même puissance car chez eux, il y a en mémoire jusqu’à la résignation face à des siècles d’injustice.

Une centaine de h’ratines sur une route qui mène à la ville, le tout au milieu du désert, en face comme sortant de nulle part, une armada et un mur d’hommes en tenue prêt à frapper et à embarquer mais la disproportion est telle qu’on semble voir toute une armée face à quelques misérables désarmés.

L’autre symbole fort c’est la route coupée au milieu de ce désert comme une frontière entre les nantis et les misérables auxquels on coupe la route avant même que ne soit visible la destination. Il faut parcourir cette route à la nuit tombée pour comprendre : la lumière s’arrête à l’hôpital national ensuite c’est le royaume du noir. Le pire c’est que les hommes en tenue sont majoritairement noirs, h’ratines comme dans l’armée et c’est eux qu’on envoie tenir en respect des misérables certainement pas mieux lotis qu’eux.

On pense alors à Maricana en Afrique du sud, c’est la même image juste avant les détonations…

Ce qui frappe aussi c’est la posture de la centaine d’hommes, dispersés en petits groupes face à ce mur qui rappelle clairement qu’il vaut mieux rentrer dans le rang sinon ce sera les coups, symboliquement les mêmes coups qui ont tenu en laisse cette communauté pendant l’esclavage jusqu’à la domination par la misère et l’exploitation.

Que réclament-ils ? On n’a pas trop compris mais on nous a fait comprendre que si on devait répondre positivement à leurs doléances, ce serait ensuite le panier de la ménagère qui allait en payer le prix. Bien sûr !

Ces dockers vont retourner au travail d’abord parce qu’ils sont honnêtes et musulmans sinon ils n’iraient pas faire ce métier qui chez nous vaut celui des mules en efforts et en salaire. Leur misère et leur résignation sont le symbole du sort des gens biens et pacifiques dans ce pays car si le sort de ces gens-là comme de leur communauté ne s’est amélioré en rien depuis l’esclavage physique ou si peu ce n’est pas faute au temps qu’il faille laisser au temps pour que les mesures gouvernementales fassent leurs effets , c’est surtout qu’ils sont les premiers à payer le prix du pillage des ressources du pays, du braquage de l’état, de la corruption et de l’impunité.

C’est à eux qu’on jette du poisson yaye-boy avant les meetings de l’opposition : quel mépris !

Pourtant leur sort ne s’améliora jamais et personne n’ira leur mettre dans l’esprit que leur communauté la plus pauvre est la plus nombreuse et que rassemblés, plus rien ne tient dans ce pays car tout le monde craint ces misérables : le pouvoir et l’opposition, les riches et la classe moyenne pourtant ces misérables sont l’unique solution pour renverser la table s’il advenait que le système se transforme définitivement en un royaume de petits types qui ne peuvent promouvoir que la canaille, les serpillières à quelques exceptions près pour noyer l’infâme procédé.

Ces gens savent-t-ils qu’on parle d’eux sur le net ? Savent-ils que leurs moindre gestes sont épiés et qu’il leur suffirait d’être jusqueboutistes pour voir le pays entier à leurs pieds pour les calmer à moins qu’ils ne subissent probablement le sort des mineurs de Maricana car on ne plaisante pas avec l’ordre surtout l’ordre des choses qui arrange quelque part tous les lettrés, tous les commerçants, tous les heureux planqués sur le dos de la misère qu’ils dénoncent !

Vlane A.O.S.A.

Source  :  Chez Vlane le 24/04/2013{jcomments on}

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