SOS Esclaves et l’UNICEF : Vers la réinsertion des enfants travailleurs

(Comme Fatima, petite bonne à 12 ans dans une famille, des centaines d'enfants travaillent en Mauritanie en dehors de toute protection et cadre juridique. Crédit photo : archives. Jemal OUmar / Magharebia)

L’organisation nationale SOS Esclaves, en partenariat avec l’UNICEF, a porté au cours de la période 2011 à 2012 (de septembre 2011 à août 2012) un projet intitulé Promotion des droits humains et de lutte contre les pires formes de travail y compris les séquelles de l’esclavage affectant les enfants mauritaniens.

Ce projet devait intervenir dans six communes de Nouakchott, à Nouadhibou et à Aleg. Des zones particulièrement caractérisées par une forte concentration de communautés vivant dans l’extrême pauvreté et l’exclusion socio-économique et culturelle. Le projet avait pour objectif principal de promouvoir les droits humains au sein de la société civile dans les zones de son intervention à travers la prévention, l’identification et la prise en charge des enfants victimes des séquelles de l’esclavage, notamment la déscolarisation, la déperdition, l’abandon, le travail prématuré à travers la mise en œuvre des systèmes de protection de l’enfant contenus dans les différentes dispositions légales de l’ordonnance 2005 /015 portant protection pénale des enfants dans ses articles 60,61 et 62, la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant, le code du travail dans son article 153 et les conventions 182 et 183 de l’Organisation Internationale du Travail. Des lois nationales et internationales (toutes ratifiées par la Mauritanie) qui organisent, définissent et répriment toute activité de nature à priver les enfants de leur enfance, altère leur potentiel ou leur dignité ou porte préjudice à leur santé physique ou psychique. Il va sans dire qu’à travers nombre de conventions, la communauté internationale s’interpose contre tout travail mentalement, psychiquement, socialement ou moralement dangereux et nuisible aux enfants.

Nonobstant tout ce dispositif institutionnel et juridique, le travail des enfants reste un phénomène mondial répandu à travers tous les pays, même ceux qui prétendent être les plus modernes. En Mauritanie, aucune statistique ne permet de mesurer convenablement l’ampleur du phénomène. Cependant, les facteurs qui l’encouragent (la pauvreté, le déficit juridique, l’absence de sensibilisation sur son danger, l’absence d’une tradition de protection des enfants…) permettent de faire croire qu’il devrait engranger une importante population d’enfants. Pour la mise en œuvre du projet, la coordination de SOS Esclaves a travaillé à l’identification des personnes ressources au profit desquelles plusieurs réunions de sensibilisation et d’explication ont été organisées dans les zones d’intervention du projet. Et, en partenariat avec des structures de références comme le Projet d’éradication des séquelles de l’esclavage, le commissariat aux droits de l’homme, la commission nationale des droits de l’homme, les réseaux et institutions de la société civile (AFCF et autres), des réunions de plaidoyers, des processus d’identification et de référence des enfants non scolarisés, exploités ou soumis aux travaux dangereux ont permis l’obtention d’une importante base de données a la lumière de laquelle les activités du projet ont été engagées. Parmi ces activités, la rencontre avec les autorités administratives, les réseaux de la société civile à Nouakchott, à Nouadhibou et à Aleg pour leur faire prendre conscience de la situation des enfants victimes des droits humains, surtout de l’esclavage et de ses séquelles.

Les journées de réflexion avec ces structures publiques et civiles sur les thèmes liés aux droits humains, rencontres et concertation sur les actions à mener afin de combattre efficacement le travail des enfants en partenariat avec les institutions travaillant dans le champ des droits de l’homme en général : PESE, Commissariat des droits de l’homme à l’action humanitaire et aux relations avec la société civile , Commission Nationale des droits de l’homme, réseaux et associations. Le projet de promotion des droits humains et de lutte contre les pires formes de travail y inclus les séquelles de l’esclavage affectant les enfants mauritaniens a durant une année procédé à la formation des SPC (systèmes de protection communaux), des réseaux, des associations de base et des mères d’enfants travailleurs dans les six communes ciblées de Nouakchott, à Nouadhibou et à Aleg. Plusieurs dizaines d’enfants ont été récupérés et réorientés par le projet vers des écoles, mahadras ou centre de formation professionnelle. En contrepartie, les familles de ces anciens enfants travailleurs reçoivent des montants qui leur permettent de mettre sur pied des activités génératrices de revenus qui les aident à accompagner leurs enfants dans leur nouvelle vie. Aussi, le projet met-il en œuvre des mécanismes de suivi et de surveillance de ces enfants et de leurs familles pour s’assurer que leur réinsertion suit normalement son cours. Plusieurs contraintes liées à la pauvreté, à l’environnement sociologique, à l’incompréhension des composantes du projet, au niveau de collaboration des partenaires de la société civile ont influé sur les résultats de cette première expérience. Certainement que si l’organisation de SOS Esclaves et l’UNICEF décident de rééditer le projet, les résultats attendus seraient beaucoup plus exhaustifs pour les centaines de milliers d’enfants travailleurs disséminés à travers les quatre coins de la Mauritanie.

Sneiba El Kory

Source  :  Le Calame le 07/04/2013{jcomments on}

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