Enrôlement d’étrangers : La Mauritanité » en question

(Crédit photo : l'Authentique)

Le mois présent mois de mars sera sans nul doute le mois où les hommes politiques auront le plus débattu de la question de l’enrôlement ou plus précisément de celle de la « naturalisation » illicite d’étrangers à travers l’enrôlement en cours, de Sahraouis et d’Azawadis.

D’aucuns considèrent qu’il s’agit là d’une volonté de fausser les équilibres actuels dans l’évolution démographique de la population mauritanienne.

La question à l’ordre du jour ces derniers temps en Mauritanie est sans nul doute celle de la naturalisation d’étrangers. Mais parler de ce dossier, de manière superficielle, sans un retour aux considérations historiques, et aux relations sociales entre les peuples de la sous région, pousse certains à ouvrir d’autres dossiers, qui ont provoqué une grande polémique, quand une personnalité comme Ahmed Al Wafi a douté dans une émission diffusée par la chaine satellitaire AL Jazeera, il y a quelques années, de la « mauritanité » de certains mauritaniens. Ce qui avait poussé les Mauritaniens à demander, de manière quasi unanime, à ne pas rouvrir ce dossier sur les origines. Le président fondateur de l’Etat mauritanien, Moctar Ould Daddah, avait comme ambition de jeter les bases de l’Etat-nation, allant du Grand Sahara au Niger, en passant par l’Azawad, mais très vite il a dû se rendre compte que cela ne dépendait pas que de lui. Des arrangements passés entre l’Etat colonial et le Mali ont fait que les frontières héritées de la France ne correspondent pas au découpage socioculturel qui crée aujourd’hui tant de débats sur l’imbrication de populations entre le Sénégal et la Mauritanie et entre celle-ci et l’ancien Soudan français qui comprend l’Azawad. Mais ceux qui revendiquent une sorte de « Mauritanité pure », on ne sait au nom de quel argument, pensent que feu Moctar Ould Daddah, malgré ses désirs de l’Etat-Nation, était ouvert plus qu’il n’en fallait sur l’autre. Ce qui a fait que le pays a connu, en son temps, la plus grande opération de naturalisation de l’histoire, au motif que l’Etat avait besoin de cadres pour les besoins de l’administration naissante. Ould Daddah regardait alors la question sous un seul angle. Les partisans de l’arabité à outrance de la Mauritanie pense que le Père de la Nation avait pris alors la direction du sud alors que le nord nous a précédé dans l’urbanisation de plusieurs années, notamment s’agissant du royaume du Maroc. Certainement aussi qu’il répondait à un appel de l’intérieur qui le poussait à ne pas trop chercher de complication avec le royaume qui refusait à l’époque de reconnaitre la souveraineté de la Mauritanie. Son regard portait sur le Grand Sahara dans les limites historiques de la Grande Mauritanie.

Après cela, chaque pays a pris sur lui de respecter ses frontières « créés » mais la portée historique s’impose à l’apparition de toute crise entre deux pays de la sous région. Ainsi, les évènements de 89 entre la Mauritanie et le Sénégal a fait découvrir aux Arabes de Mauritanie, subitement, que le fleuve Sénégal est en fait le fleuve « Sanhaja » et que la frontière de la Mauritanie s’arrêterait non pas à Rosso mais à Saint-Louis d’où les colonisateurs français administraient les affaires de leurs colonies en Afrique de l’ouest. Et avant cette période, une guerre sans raison a été déclenchée entre les frères mauritaniens et sahraouis avec comme objectifs de mettre un terme aux ambitions des nationalistes des deux côtés, surtout que du côté sahraoui, par exemple, au niveau de ses dirigeants les plus en vue, comme El Wali Moustapha Seyid, on faisait montre d’un très grand mécontentement face à la volonté de tuer le rêve d’intégration entre les fils d’une même communauté. Tout comme bon nombre des dirigeants de l’armée avaient des positions similaires. On peut citer parmi ceux-ci Ahmed Ould Bouceif, Mohamed Ould Abdel Kader et Ahmed Salem Ould Sidi. En reconnaissant l’Etat sahraoui, le président Mohamed Khouna Ould Haidalla ne s’éloignait pas beaucoup de la position du père fondateur de la nation mauritanienne.

Concernant, la question de l’Azawad, il est clair qu’elle revêt aujourd’hui un caractère géostratégique certain. Ceux qui parlent d’une naturalisation à outrance des réfugiés du camp de « Mberra », près de Bassiknou, inscrivent cette logique dans celle des équilibres sociocommunautaires qui auraient déjà conduit à des actions pareilles au Tiris Zemmour. Les réactions du côté de TPMN (Touche pas à ma nationalité) et de certains partis politiques ne s’est pas faite attendre pour dénoncer une opération qui auraient des objectifs et des enjeux électoraux inavoués. Comment comprendre, en effet, que des Mauritaniens soient soumis à tous les contrôles d’identité, en Europe ou dans les milieux négro-africains de l’intérieur, au moment où des nationalités arabes et touarègues se voient ouvrir si facilement la porte de l’enrôlement, comme le laisse croire certains milieux ? On fera difficilement croire à ceux qui dénoncent cette politique de deux poids deux mesures qu’il s’agit, tout simplement, de Mauritaniens ayant vécus longtemps au Maroc, en Algérie et au Mali et qui ont décidé, à la lumière de cet enrôlement, de revenir au bercail ! Car la question vaut aussi pour les autres. Ceux venant du Sénégal ou vivant en France, en Allemagne, en Suède ou aux USA. Toute cette polémique repose donc la question de l’appartenance et de la détermination des critères – uniques – pour la déterminer. Sans cela, on créera les conditions d’une crise beaucoup plus pernicieuse que celle qui secoue le pays depuis plusieurs années. Ce ne seront plus des considérations politiques de légalités ou de légitimités d’institutions démocratiques (à changer par voie d’élections) mais un retour sur la détermination d’une « mauritanité » qui ne peut être à géométrie variable.

MOMS

Source  :  L’Authentique le 01/04/2013{jcomments on}

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